Athènes au temps de Périclès : démocratie et empire maritime

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Dans cette leçon, tu découvriras comment Athènes, sous Périclès, devient à la fois une démocratie exemplaire, une puissance impériale et un centre culturel rayonnant. Tu comprendras aussi comment son modèle politique et son hégémonie maritime provoquent la guerre du Péloponnèse face à Sparte. Mots-clés : Athènes, Périclès, démocratie athénienne, guerre du Péloponnèse, empire maritime, Ligue de Délos.

Introduction

En 431 av. J.-C., commence la guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes à Sparte et à leurs alliés. Ce conflit, qui durera près de trente ans, révèle l’affrontement entre deux modèles : Athènes, cité démocratique et maritime, et Sparte, cité oligarchique et militaire.

Au moment où la guerre éclate, Athènes vit son apogée sous la conduite de Périclès, stratège réélu de nombreuses fois et symbole de la cité démocratique. Athènes incarne alors une expérience originale de démocratie directe, tout en dirigeant un empire maritime qui domine la Méditerranée orientale. Mais cet éclat repose sur des contradictions qui nourrissent les rivalités.

La démocratie athénienne sous Périclès

Les réformes de Clisthène (508 av. J.-C.) posent les bases de la démocratie. En créant des dèmes et dix nouvelles tribus mêlant ville, côte et campagne, il brise le pouvoir des grandes familles aristocratiques et établit l’isonomie, l’égalité devant la loi. La création de la Boulè (Conseil des 500) permet de préparer les lois et de partager le pouvoir entre les citoyens.

Mais l’accès à la citoyenneté est progressivement restreint. La loi de 451/450 av. J.-C., attribuée à Périclès, stipule que seuls les hommes libres nés de père et de mère citoyens peuvent l’être. Ce durcissement réduit le nombre de citoyens, estimés à environ 40 000, soit seulement 10 à 15 % de la population totale. La majorité des habitants sont exclus : les femmes, les métèques (étrangers résidant à Athènes, actifs dans le commerce et l’artisanat) et surtout les esclaves, qui représentent près d’un tiers de la population et travaillent dans l’agriculture, l’artisanat, les mines du Laurion et sur les trières, contribuant directement à la puissance économique et militaire d’Athènes.

La démocratie athénienne repose sur la participation directe. L’Ecclésia, assemblée du peuple, se réunit environ quarante fois par an pour voter les lois, décider de la guerre et de la paix, élire certaines magistratures et contrôler les responsables. La plupart des magistratures (archontes, bouleutes) sont désignées par tirage au sort, mais les stratèges, qui dirigent l’armée et la politique extérieure, sont élus. Cela permet à des figures de premier plan, comme Périclès, de s’imposer durablement.

Pour garantir la participation de tous, Périclès met en place le misthos, indemnité versée aux citoyens siégeant dans les institutions et aux jurés de l’Héliée, tribunaux populaires où 6 000 citoyens rendent la justice. Enfin, un outil politique original reste en vigueur : l’ostracisme, vote par lequel l’assemblée peut bannir pour dix ans un citoyen jugé dangereux pour la cité, même s’il n’a commis aucun crime.

À retenir

La démocratie athénienne combine tirage au sort, élections et contrôle populaire. L’Ecclésia se réunit très fréquemment et l’ostracisme reste un instrument politique. Mais seuls les citoyens, minorité d’hommes libres, participent, soutenus par le travail des métèques et des esclaves.

L’empire maritime et la puissance athénienne

Athènes fonde en 478 av. J.-C. la Ligue de Délos, alliance militaire censée protéger la Grèce contre la Perse. Les alliés versent un phoros, contribution financière ou navale, qui se transforme peu à peu en véritable impôt. En 454 av. J.-C., le trésor est transféré à Athènes, ce qui symbolise la mainmise de la cité sur l’alliance.

Grâce à ces ressources, Athènes entretient une flotte d’environ 200 trières, affirmant sa domination en mer Égée. Les cités qui tentent de s’opposer à cette domination sont réprimées brutalement : Naxos et Thasos sont contraintes de rester dans la Ligue, et en 416 av. J.-C., Mélos est assiégée, ses hommes massacrés, ses femmes et enfants réduits en esclavage. Ce passage de l’alliance à une véritable hégémonie impériale – c’est-à-dire une domination imposée par la force – nourrit la rancune des cités grecques.

Les causes de la guerre du Péloponnèse tiennent autant à cette peur de l’expansion athénienne qu’à des rivalités économiques et coloniales : Athènes cherche à contrôler les routes commerciales et les ports stratégiques, ce qui heurte les intérêts de Corinthe, alliée de Sparte. Le décret imposant le blocus économique de Mégare, interdite d’accès aux marchés de l’empire, illustre cette guerre commerciale. La puissance impériale athénienne apparaît ainsi comme une menace directe aux yeux de Sparte et de ses alliés.

À retenir

La Ligue de Délos devient un empire dominé par Athènes. Le phoros se transforme en impôt et la répression de cités comme Mélos illustre l’hégémonie impériale. Rivalités économiques, coloniales et politiques expliquent la rupture avec Sparte et l’éclatement de la guerre du Péloponnèse.

Le rayonnement culturel d’Athènes au Ve siècle

L’empire finance un programme culturel et artistique sans précédent. Périclès lance la reconstruction de l’Acropole : le Parthénon, décoré par le sculpteur Phidias, célèbre Athéna, protectrice de la cité. Les monuments ont une fonction religieuse, mais aussi une fonction civique et politique : ils servent de propagande démocratique et impériale, affirmant la grandeur de la cité.

La vie civique et culturelle se concentre aussi sur l’Agora, lieu de rassemblement au cœur de la cité, où les citoyens discutent, commercent et débattent. Le théâtre joue un rôle central : les Grandes Dionysies, fêtes religieuses en l’honneur de Dionysos, rassemblent la communauté civique autour de tragédies et de comédies. Ces spectacles sont à la fois religieux, artistiques et politiques : ils interrogent la justice, la guerre, le pouvoir et renforcent la cohésion citoyenne.

La cité attire également les penseurs et écrivains : Hérodote et Thucydide inventent l’histoire critique, les philosophes comme Socrate et les sophistes animent le débat intellectuel. Athènes devient ainsi « l’école de la Grèce », centre de la pensée, des arts et de la vie civique.

À retenir

Monuments, Agora, fêtes religieuses et théâtre témoignent du lien entre culture, religion et démocratie. Grâce aux richesses de l’empire, Athènes se présente comme un modèle civique et culturel admiré dans tout le monde grec.

Conclusion

Sous Périclès, Athènes est à la fois démocratie directe, puissance impériale et foyer culturel. La participation des citoyens est intense, même si elle repose sur l’exclusion de la majorité de la population et sur le travail servile. L’empire maritime enrichit la cité mais suscite la peur et la rivalité de Sparte, attisées par des conflits économiques comme le blocus de Mégare.

Enfin, le rayonnement artistique, de l’Agora au Parthénon, montre la force d’une culture qui sert à la fois la foi religieuse et la propagande démocratique. L’Athènes de Périclès incarne une grandeur fragile : son apogée annonce déjà les tensions qui mèneront à son déclin.