Introduction
Les activités humaines transforment profondément les écosystèmes naturels : urbanisation, agriculture intensive, déforestation, pollutions et changement climatique exercent des pressions croissantes sur la biodiversité. Or, cette biodiversité est essentielle non seulement à l’équilibre écologique, mais aussi à la santé humaine, animale et environnementale — une approche désormais reconnue sous le nom de « Une seule santé », qui considère ces trois dimensions comme interdépendantes.
Cette leçon explore les liens entre pressions anthropiques, santé globale et gestion durable de la biodiversité, et montre pourquoi préserver le vivant est devenu un enjeu sanitaire, écologique et économique majeur à l’échelle mondiale.
Les effets des activités humaines sur les écosystèmes
Les principales pressions humaines sur la biodiversité sont les suivantes :
destruction et fragmentation des habitats : par la déforestation, l’urbanisation ou les infrastructures.
surexploitation des espèces : surpêche, braconnage, prélèvements excessifs.
pollutions : agricoles (engrais, pesticides), industrielles (plastiques, métaux lourds), atmosphériques (ozone, particules fines).
espèces exotiques envahissantes : introduites par l’homme, elles concurrencent les espèces locales et modifient les équilibres écologiques.
changement climatique : il modifie les régimes de température, les cycles de l’eau et les aires de répartition des espèces.
Ces perturbations entraînent :
une réduction du nombre d’individus et de la diversité génétique.
une accélération des extinctions d’espèces (en cours de 6ᵉ extinction de masse).
une altération des services écosystémiques, comme la pollinisation, la régulation du climat, la fertilité des sols ou la filtration de l’eau.
À retenir
Les activités humaines fragilisent les milieux naturels et les interactions écologiques.
Elles menacent les équilibres indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes.
Cette dégradation compromet aussi des fonctions essentielles à la vie humaine.
Biodiversité et santé globale : des liens interdépendants
La santé globale (ou Une seule santé) repose sur le principe que la santé des humains, des animaux et des écosystèmes est étroitement liée. Cette approche est soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) (nouveau nom de l’OIE depuis 2022), et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La biodiversité soutient la santé humaine de plusieurs façons :
ressources alimentaires : diversité des cultures, équilibre des chaînes alimentaires, rôle des sols ;
ressources médicinales : une grande part des médicaments proviennent d’organismes vivants (plantes, champignons, bactéries) ;
qualité de l’environnement : les écosystèmes filtrent l’eau, purifient l’air, dégradent certains polluants ;
bien-être psychologique : le contact avec des milieux naturels réduit le stress, améliore la santé mentale et encourage l’activité physique.
Mais la dégradation de la biodiversité accroît certains risques sanitaires :
les zoonoses (maladies infectieuses transmises de l’animal à l’homme) se multiplient avec la déforestation, l’agriculture industrielle, les marchés d’animaux vivants ou les élevages à forte densité.
les milieux perturbés favorisent la prolifération de vecteurs, c’est-à-dire des organismes transmettant des agents pathogènes, comme les moustiques (paludisme, dengue) ou les rongeurs (leptospirose, hantavirus).
la perte de diversité peut réduire l’effet de dilution : plus la diversité des hôtes est élevée, plus la probabilité qu’un agent infectieux rencontre un hôte sensible est faible. À l’inverse, si seuls quelques hôtes sensibles (comme certaines souris) dominent un écosystème, le risque de transmission augmente. On parle alors d’espèce tampon lorsqu’un hôte peu sensible ou non réservoir réduit la diffusion d’un pathogène.
À retenir
La biodiversité soutient directement la santé humaine, mais protège aussi indirectement contre les maladies.
Sa dégradation favorise l’émergence de zoonoses et la prolifération de vecteurs pathogènes.
Une approche globale de la santé suppose de préserver les écosystèmes.
Gérer durablement la biodiversité
Préserver
protéger les milieux naturels (forêts, zones humides, récifs coralliens) à travers la création d’aires protégées et de corridors écologiques.
protéger les espèces menacées par des lois, des plans d’action et la lutte contre le commerce illégal.
réguler les prélèvements (pêche, chasse, exploitation forestière) pour éviter la surexploitation.
Restaurer
réhabiliter les écosystèmes dégradés : reboisement, retour à un sol naturel après artificialisation, restauration de zones humides.
réintroduire certaines espèces dans des milieux adaptés, si les conditions écologiques le permettent.
Gérer de manière intégrée
favoriser des systèmes durables conciliant enjeux écologiques, sociaux et économiques (agroécologie, tourisme responsable, circuits courts) ;
intégrer la biodiversité dans les politiques publiques, notamment en urbanisme, agriculture, transport, énergie.
La biodiversité a aussi une valeur économique : les services écosystémiques qu’elle rend (pollinisation, purification de l’eau, fertilisation des sols) ont été estimés à plusieurs milliers de milliards de dollars par an à l’échelle mondiale. Préserver ces services est donc aussi un investissement pour l’avenir.
À retenir
Préserver, restaurer et gérer durablement la biodiversité est essentiel à long terme.
Cela suppose des politiques cohérentes, une coopération locale et mondiale, et une reconnaissance de la valeur écologique et économique du vivant.
La conservation concerne tous les secteurs : aménagement, alimentation, santé, économie.
Un enjeu planétaire
Plusieurs accords internationaux encadrent les politiques de biodiversité :
la Convention sur la diversité biologique (CDB) (Rio, 1992) et ses suites (COP15, Kunming-Montréal, 2022) ;
les objectifs mondiaux pour 2030, comme la protection de 30 % des terres et des mers, la réduction de moitié des pollutions, et l’évitement des extinctions évitables ;
les objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, notamment l’ODD 15 (« Vie terrestre ») ;
l’Accord de Paris (2015), qui souligne les interactions entre climat et biodiversité.
Ces démarches s’inscrivent dans une approche unifiée de la santé, dite « Une seule santé », soutenue par l’OMS, l’OMSA et la FAO.
À retenir
La biodiversité est protégée dans des cadres internationaux ambitieux.
Ces engagements doivent être mis en œuvre à l’échelle nationale et locale.
La biodiversité est un pilier transversal : écologique, climatique, sanitaire et économique.
Conclusion
La biodiversité est aujourd’hui au cœur des grands enjeux du XXIᵉ siècle. Sa préservation est essentielle non seulement pour maintenir les équilibres écologiques, mais aussi pour protéger la santé humaine, assurer la sécurité alimentaire, lutter contre les maladies émergentes et soutenir les économies durables.
Cela exige de repenser nos modèles de production, nos usages des ressources et notre lien à la nature, dans une logique de sobriété, d’équité et de coopération. La biodiversité n’est pas une contrainte : elle est une assurance vie collective, que nous avons la responsabilité de transmettre aux générations futures.
