La frontière est une ligne, juridiquement construite, qui sépare deux États souverains. En 2016, on compte environ 252 000 kilomètres de frontières internationales terrestres. Elles sont le fruit d’un processus historique de délimitation et de démarcation.
I. Des frontières récentes et plus nombreuses
1) Des marges frontalières aux frontières linéaires
Mot clé
Au Moyen Âge, une marche est un fief créé dans une zone frontalière, après une conquête par exemple, auquel le souverain attribue une fonction de défense contre les territoires voisins.
La frontière linéaire ne s’est imposée que progressivement au détriment de régions frontalières mouvantes et imprécises. Malgré quelques exemples connus de délimitation (mur d’Hadrien en Angleterre, muraille de Chine), jusqu’au XVIIe siècle, la plupart des puissances politiques et territoriales étaient séparées par de vastes zones ou marches frontières.
La frontière linéaire est étroitement liée à l’État moderne. Elle marque la limite entre deux territoires souverains, deux systèmes politiques, juridiques, monétaires, fiscaux, et deux identités nationales.
2) Sur terre, sur mer et dans les airs
Les frontières continuent de se multiplier. Sur terre, 27 000 kilomètres de frontières nouvelles ont été institués depuis 1991, pour l’essentiel en Europe et en Asie, notamment suite au démantèlement du bloc soviétique.
Les frontières s’étendent aussi sur mer. L’appropriation des espaces maritimes a débouché sur la création de zones économiques exclusives (ZEE). On estime que 40 % environ des espaces marins ont été ainsi appropriés, les 60 % restants correspondant à la haute mer, internationale.
L’espace aérien, enfin, est la projection verticale des frontières nationales d’un pays. Ainsi l’article premier de la convention de Chicago (1944) reconnaît la souveraineté exclusive des États sur leurs espaces aériens respectifs.
INFO + Les chiffres clés
◗ 252 000 kilomètres de frontières terrestres
◗ 323 frontières terrestres séparant 193 États
◗ Plus de 70 murs sur environ 41 000 kilomètres
II. La fabrique des frontières
1) Tracer les frontières
À première vue, il peut sembler exister des frontières « naturelles », c’est-à-dire s’appuyant sur des éléments de géographie physique. Ainsi la Manche paraît naturellement séparer la France du Royaume-Uni.
Pourtant l’emplacement des frontières relève toujours d’un choix ou d’un rapport de force politique. Par exemple, la frontière entre la France et l’Espagne résulte du traité des Pyrénées de 1659.
Mot clé
La cartographie consiste à concevoir et réaliser des cartes à partir de relevés effectués sur le terrain.
La cartographie des frontières est alors nécessaire, et c’est souvent sur les cartes que se négocient les tracés définitifs.
2) Démarquer les frontières
Une fois les frontières fixées, il faut les matérialiser dans l’espace : poser des bornes, créer des postes de douane sur les axes de circulation, etc. Pour les faire respecter, des forces de police sont également créées.
Parfois on assiste à la création de véritables murs, comme celui érigé de 1993 à 2013 entre l’Inde et le Bangladesh sur 3 200 kilomètres.
ZoomLe tracé des frontières dans le monde
Le tracé des frontières est un processus assez récent qui s’est accéléré avec la colonisation au XIXe siècle, le règlement des conflits des deux guerres mondiales et la disparition de l’Union soviétique en 1991.