Spécificités et défauts de coordination des politiques économiques de l'UE

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Les spécificités de la politique économique au sein de l’Union européenne nécessitent une coordination des politiques conjonc­turelles. Cette coordination est difficile à mettre en œuvre malgré le Pacte de stabilité et de croissance.

I) Les caractéristiques de la politique économique de l’UE

1)  Une politique monétaire européenne unique mais…

Pour les 19 pays ayant adopté l’euro comme monnaie unique, la politique monétaire est unique et elle est mise en œuvre par la Banque centrale européenne (BCE). Les Banques centrales nationales mettent en application les décisions de la BCE.

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La Banque centrale européenne est indépendante du pouvoir politique car aucun gouvernement ne peut lui imposer ses décisions.

Les statuts de la BCE stipulent que son objectif prin­cipal est la stabilité des prix, c’est-à-dire un niveau ­d’inflation avoisinant les 2 %. Pour atteindre cet objectif, la BCE fixe les taux d’intérêt directeurs auxquels les banques se refinancent auprès de la BCE. Ces taux ­d’intérêt s’appliquent à tous les pays de la zone euro quelle que soit la situation de leur conjoncture économique.

2)  … des politiques budgétaires nationales et un faible budget européen

La politique budgétaire reste sous la responsabilité de chaque État de l’UE. Pour coordonner les politiques budgétaires nationales et éviter l’apparition de déficits excessifs, les pays de la zone euro ont adopté, en 1997, un Pacte de stabilité et de croissance (PSC).

Le PSC oblige les pays de la zone euro à avoir un déficit public inférieur à 3 % du PIB et un taux d’endettement public inférieur à 60 % du PIB. Si un pays dépasse les limites imposées par le PSC, la Commission européenne doit, en ­principe, engager une procédure pour déficit excessif.

La faiblesse du budget européen empêche toute politique de relance économique en cas de nécessité. En effet, son budget ne représente que 1 % du PIB des pays de l’Union européenne. Il est principalement utilisé pour la Politique ­agricole commune (PAC) et la Politique de cohésion.

II) Les difficultés de la politique économique de l’UE

1)  Une politique monétaire aux impacts différents

Une politique monétaire commune peut avoir des conséquences différentes sur la croissance économique selon les pays de la zone euro. Si le taux d’inflation moyen au sein de la zone euro est trop élevé, la BCE peut augmenter ses taux d’intérêt, provoquant ainsi un ralentissement de la croissance dans les pays où elle est déjà faible.

Ainsi, dans les années 2000, l’Espagne avait un taux de croissance et une inflation élevés alors que l’Allemagne et la France avaient une croissance faible. Des taux d’intérêt trop hauts freinaient la croissance des pays les moins dynamiques ; trop bas, ils favorisaient l’inflation déjà élevée des pays à croissance forte.

2 ) Le défaut de coordination des politiques conjoncturelles

Malgré le PSC, les pays de l’UEM sont impactés différemment par les chocs asymétriques. La crise des subprimes, par exemple, a touché inégalement les pays de l’UE : forte augmentation du taux de chômage dans certains pays (plus 15 points en Grèce et en Espagne), baisse de ce taux en Allemagne (moins 3 points environ).

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Un choc asymétrique est un choc économique qui ne touche qu’un seul pays ou dont l’effet diffère selon les pays : taux d’inflation ou de chômage plus élevés par exemple.

L’absence de solidarité et de coordination des politiques conjoncturelles ne permet pas de relancer l’activité économique d’un pays européen frappé par une crise. Les pays de la zone euro ont contraint la Grèce dans les années 2010 à une politique de baisse drastique des dépenses publiques en contradiction avec la politique monétaire menée par la BCE, accentuant ainsi le chômage et la pauvreté.

Afin d’éviter que les politiques de rigueur ne remettent en cause l’Union économique et monétaire, la création d’un fonds de solidarité financière (le ­Mécanisme européen de stabilité, MES) constitue une avancée dans la solidarité.

Zoom

L’évolution du taux directeur de la BCE depuis 2008

Une politique monétaire accommodante (conventionnelle) consiste à augmenter la masse monétaire et à fixer des taux d’inté­rêt faibles afin d’augmenter le crédit pour relancer la consommation et l’investis­sement.

Lors de la crise financière de 2008, l’absence de coordination des politiques ­budgétaires au sein de la zone euro a incité la BCE à baisser le taux directeur.

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Source : Global-rates.com