Introduction
Chaque jour, des millions de biens et de services sont créés : une voiture sort d’une usine, un repas est servi dans un restaurant, un cours est donné dans un lycée, une opération est réalisée dans un hôpital. Ces activités, très différentes, ont pourtant un point commun : elles produisent de la richesse, c’est-à-dire quelque chose qui a de la valeur et qui répond à un besoin humain.
Mais tous les producteurs ne fonctionnent pas de la même manière. Certains, comme les entreprises, cherchent à réaliser un profit. D’autres, comme les administrations publiques, produisent des services pour l’intérêt collectif. D’autres encore, comme les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), produisent pour aider les personnes et renforcer la solidarité plutôt que pour gagner de l’argent. Comprendre cette diversité, c’est comprendre comment fonctionne notre économie et comment elle répond à nos besoins quotidiens.
Produire des richesses : que signifie vraiment « produire » ?
Produire, c’est transformer des ressources (comme la matière première, le travail ou les machines) pour créer des biens — objets matériels comme une table, une voiture ou un ordinateur — et des services — activités immatérielles comme un transport, une coupe de cheveux ou un soin médical. Cette activité crée de la valeur, et donc de la richesse, souvent mesurée en monnaie.
Les économistes distinguent deux grands types de production. La production marchande est vendue sur un marché à un prix couvrant au moins les coûts de production. C’est le cas, par exemple, d’un smartphone ou d’un vêtement. La production non marchande, elle, est fournie gratuitement ou à un prix très inférieur à son coût réel, comme un cours dans un lycée public ou une consultation à l’hôpital.
En France, environ 85 % de la production totale est marchande, assurée principalement par les entreprises, tandis qu’environ 15 % est non marchande, produite par les administrations publiques et les organisations de l’économie sociale et solidaire. Ces deux formes de production coexistent et se complètent : l’une fait fonctionner le marché, l’autre assure la cohésion sociale.
À retenir
Produire, c’est créer des biens et des services utiles. La production peut être marchande (vendue sur un marché) ou non marchande (gratuite ou presque). Ensemble, elles forment la richesse créée chaque année dans le pays.
Les entreprises : produire pour le marché et le profit
Les entreprises sont les principaux producteurs de richesses dans l’économie. Leur objectif est de fabriquer des biens ou des services pour les vendre et réaliser un bénéfice, c’est-à-dire un gain lorsque les ventes rapportent plus que les dépenses engagées.
Pour produire, une entreprise combine deux éléments essentiels appelés facteurs de production : le travail, fourni par les salariés, et le capital, c’est-à-dire les biens durables utilisés pour produire, comme les machines, les bâtiments ou les technologies. En associant ces facteurs, l’entreprise crée une valeur ajoutée, c’est-à-dire la différence entre la valeur de la production et la valeur des consommations intermédiaires (les biens et services achetés à d’autres entreprises pour produire, comme l’électricité, les matières premières ou les composants).
Prenons un exemple simple : une entreprise fabrique des vélos qu’elle vend 1 000 € pièce. Pour cela, elle achète 600 € de pièces détachées (roues, cadre, freins). La valeur ajoutée est donc de 400 € (1 000 – 600). Cette somme représente la richesse réellement créée par l’entreprise : elle sert à payer les salaires, les impôts, les intérêts et le bénéfice éventuel.
Les entreprises peuvent être de tailles variées. Certaines sont de très petites structures, comme un artisan ou un commerçant local, tandis que d’autres, comme Airbus ou L’Oréal, sont des grandes entreprises multinationales présentes dans plusieurs pays. Quelle que soit leur taille, elles participent à la création d’emplois, à l’innovation et au financement de la société grâce aux impôts qu’elles paient à l’État.
Les impôts sont des prélèvements obligatoires versés par les entreprises et les ménages pour financer les services publics. Ils permettent, par exemple, de construire des écoles, de payer les enseignants ou de maintenir les infrastructures de transport.
Ainsi, les entreprises ne se contentent pas de produire pour elles-mêmes : elles contribuent à la croissance économique, à l’emploi et au développement global du pays. En France, le secteur privé représente environ 75 % de l’emploi total, ce qui montre son poids majeur dans la production nationale.
À retenir
Les entreprises produisent pour le marché afin de réaliser un bénéfice. Elles créent de la valeur ajoutée, c’est-à-dire la richesse réellement produite, et participent à la croissance, à l’emploi et au financement des services publics.
Les administrations publiques : produire pour l’intérêt général
À côté des entreprises, les administrations publiques jouent un rôle essentiel dans la production de richesses, même si elles ne recherchent pas le profit. Leur but est de répondre à des besoins collectifs, c’est-à-dire des besoins qui concernent tout le monde : se soigner, apprendre, se déplacer, vivre en sécurité.
Elles regroupent principalement trois types d’institutions. D’abord, l’État, qui assure les grands services publics nationaux comme l’éducation, la justice, la défense ou la police. Ensuite, les collectivités territoriales, c’est-à-dire les régions, les départements et les communes, qui s’occupent de services de proximité comme les transports, les collèges ou les bibliothèques municipales. Enfin, la Sécurité sociale, créée en 1945, protège les citoyens contre les risques de la vie : maladie, vieillesse, chômage ou maternité. Elle est financée par les cotisations sociales, c’est-à-dire les sommes prélevées sur les salaires pour financer les prestations sociales (remboursement des soins, retraites, allocations familiales, etc.).
Les administrations publiques produisent des services non marchands, souvent gratuits ou à faible coût. Un cours donné dans un lycée public ou une opération à l’hôpital ne sont pas facturés à leur véritable prix : c’est la collectivité, grâce aux impôts et aux cotisations sociales, qui prend en charge le financement.
En France, les administrations publiques représentent environ 20 % de l’emploi total et assurent près de 15 % du produit intérieur brut (PIB). Le PIB, ou produit intérieur brut, est la somme de toutes les valeurs ajoutées créées dans le pays pendant une année. Il mesure donc la production totale, c’est-à-dire la richesse nationale produite par l’ensemble des acteurs économiques : entreprises, administrations et économie sociale et solidaire.
Ce système garantit la solidarité nationale et l’égalité d’accès aux services essentiels. En période de crise, les administrations publiques jouent aussi un rôle de soutien à l’économie, en investissant et en aidant les ménages ou les entreprises.
À retenir
Les administrations publiques produisent des services d’intérêt général financés par les impôts et les cotisations sociales. Elles assurent environ un emploi sur cinq et représentent une part essentielle de la richesse nationale.
L’économie sociale et solidaire : produire autrement
Entre les entreprises privées et les administrations publiques, il existe une troisième forme de production : l’économie sociale et solidaire, abrégée en ESS. L’ESS regroupe des organisations qui produisent des biens et des services selon des principes de solidarité, de coopération et de démocratie.
Contrairement aux entreprises classiques, les structures de l’ESS ne cherchent pas à maximiser le profit. Leur objectif est avant tout l’utilité sociale. Elles visent à répondre à des besoins que ni le marché ni l’État ne couvrent complètement, comme la lutte contre l’exclusion, la protection de l’environnement ou l’insertion professionnelle.
Les associations (comme la Croix-Rouge ou les Restos du Cœur) agissent dans les domaines humanitaire, social ou culturel. Les coopératives sont des entreprises où les salariés, les producteurs ou les clients participent aux décisions et partagent équitablement les résultats. Les mutuelles proposent des services d’assurance santé à leurs adhérents sans but lucratif. Certaines entreprises sociales d’insertion emploient des personnes en difficulté pour leur redonner une place dans la société.
Les organisations de l’ESS peuvent dégager un excédent, c’est-à-dire un gain financier, mais celui-ci est réinvesti dans le projet social (pour améliorer le service ou créer de nouveaux emplois) et non distribué aux propriétaires ou actionnaires comme dans les entreprises classiques. L’objectif reste donc collectif et non individuel.
Aujourd’hui, l’économie sociale et solidaire représente environ 10 % de l’emploi total en France. Elle prouve qu’il est possible de produire autrement, en conciliant efficacité économique, responsabilité sociale et solidarité.
À retenir
L’économie sociale et solidaire (ESS) produit des biens et des services selon des valeurs de solidarité et de démocratie. Elle peut réaliser un excédent, mais celui-ci est réinvesti dans le projet collectif, et non distribué comme un profit.
Une complémentarité entre tous les producteurs
Les entreprises, les administrations publiques et les organisations de l’économie sociale et solidaire ne s’opposent pas : elles se complètent. Chacune joue un rôle indispensable dans la création de richesses et le bon fonctionnement de la société.
Prenons l’exemple de la santé. Les hôpitaux publics, financés par les impôts et la Sécurité sociale, garantissent l’accès aux soins pour tous. Les cliniques privées offrent des services marchands en complément. Enfin, des associations et des mutuelles de l’économie sociale et solidaire participent à la prévention, à l’aide à domicile ou au financement des traitements. Toutes ces formes de production contribuent ensemble à un même objectif : le bien-être de la population.
Cette complémentarité se retrouve dans d’autres domaines : l’éducation, les transports, la culture ou l’environnement. La richesse d’une économie moderne repose sur cet équilibre entre efficacité, solidarité et intérêt général.
À retenir
Les trois grands producteurs de richesses se complètent : les entreprises produisent pour le marché, les administrations publiques pour l’intérêt collectif, et l’économie sociale et solidaire pour la cohésion sociale.
Conclusion
La création de richesses dans une société repose sur la diversité de ses producteurs. Les entreprises stimulent la croissance et l’innovation, les administrations publiques garantissent les services essentiels et la solidarité, et l’économie sociale et solidaire (ESS) développe une production fondée sur la coopération et l’utilité sociale.
Le PIB, ou produit intérieur brut, additionne toutes les valeurs ajoutées créées par ces différents acteurs : il représente la production totale d’un pays, autrement dit la richesse nationale. Comprendre cette diversité, c’est comprendre comment une société moderne peut concilier performance économique, justice sociale et solidarité, afin de produire des richesses au service de tous.
