Introduction
Dans les usines d’aujourd’hui, des robots assemblent des voitures avec une précision incroyable. Dans les hôpitaux, des logiciels d’intelligence artificielle aident les médecins à diagnostiquer plus vite certaines maladies. Ces exemples montrent à quel point le progrès technique est devenu essentiel dans la production moderne.
Le progrès technique désigne l’ensemble des innovations — scientifiques, technologiques ou organisationnelles — qui transforment la manière de produire. En permettant d’augmenter la productivité, c’est-à-dire de produire plus avec les mêmes ressources, il joue un rôle central dans la création de richesses et dans la croissance économique des pays développés.
Qu’est-ce que le progrès technique ?
Le progrès technique regroupe toutes les innovations qui améliorent la production, la qualité des produits ou l’organisation du travail. Ces innovations peuvent concerner aussi bien les machines que les procédés ou les services proposés aux consommateurs.
L’innovation de produit consiste à introduire un bien ou un service nouveau qui n’existait pas auparavant ou qui apporte une amélioration majeure. Par exemple, le smartphone a transformé notre quotidien en combinant téléphone, appareil photo, GPS et accès à internet dans un seul objet. De la même manière, la voiture électrique bouleverse l’industrie automobile en proposant une alternative moins polluante aux véhicules thermiques, tout en stimulant la recherche sur les batteries et les énergies renouvelables. Ces innovations de produit modifient les habitudes de consommation, créent de nouveaux marchés et dynamisent la concurrence.
L’innovation de procédé, quant à elle, transforme la manière de produire. L’exemple de l’imprimante 3D est particulièrement parlant : elle permet de fabriquer un objet couche par couche à partir d’un fichier numérique, sans moule ni chaîne d’assemblage. Ce procédé réduit le gaspillage de matière, accélère la production et rend possible la fabrication de pièces sur mesure, comme des prothèses médicales ou des éléments d’avion. L’imprimante 3D incarne ainsi une révolution dans la production : elle associe efficacité économique et innovation technologique, tout en ouvrant la voie à une production plus locale et personnalisée.
Ces transformations reposent sur des investissements massifs en capital et en recherche et développement (R&D). En économie, le capital désigne l’ensemble des biens durables utilisés pour produire : les bâtiments, les machines, les véhicules, les ordinateurs, les outils et les logiciels. Lorsqu’une entreprise investit dans de nouvelles machines, elle augmente son capital et peut remplacer une partie du travail humain par du capital technique, c’est-à-dire des équipements automatisés.
Ce phénomène, appelé substitution capital/travail, se produit lorsque l’utilisation de machines coûte moins cher que la main-d’œuvre. Par exemple, dans l’industrie automobile, un robot peut peindre une carrosserie en deux minutes au lieu de dix pour un ouvrier. Ces choix modifient la répartition des emplois : en France, l’industrie représentait environ 20 % de l’emploi en 1980, contre environ 10 % aujourd’hui, une baisse largement liée à la robotisation et à la délocalisation.
À retenir
Le progrès technique regroupe toutes les innovations — de produit ou de procédé — qui transforment la production. Il s’appuie sur le capital technique et la recherche pour accroître la productivité et réduire les coûts.
La productivité : mesurer l’efficacité de la production
La productivité mesure l’efficacité de la production : elle indique combien une entreprise ou une économie peut produire avec une quantité donnée de travail ou de capital.
La productivité du travail se calcule simplement : productivité du travail = production / quantité de travail utilisée. Par exemple, si une entreprise fabrique 1 000 pièces avec 10 salariés, puis 1 300 avec le même effectif, la productivité du travail a augmenté de 30 %. Ce gain de productivité résulte souvent du progrès technique : de meilleures machines, une organisation plus efficace ou une formation accrue des salariés permettent de produire plus sans augmenter les coûts.
Cependant, le progrès technique n’améliore pas seulement la productivité d’un facteur isolé : il augmente l’efficacité globale de la production. C’est pourquoi les économistes utilisent la productivité globale des facteurs (PGF), qui mesure l’efficacité combinée du travail et du capital, indépendamment de leur quantité. Autrement dit, la PGF évalue les effets du progrès technique, de la formation ou de l’innovation sur la croissance économique. C’est l’un des indicateurs les plus utilisés pour mesurer la contribution du progrès technique à la création de richesses.
Selon l’OCDE, la productivité du travail en France a augmenté en moyenne de 1 % par an depuis 2015, contre 0,8 % en Allemagne. Ces différences s’expliquent en partie par les investissements dans le numérique et la robotisation.
À retenir
La productivité du travail mesure l’efficacité du facteur humain, tandis que la productivité globale des facteurs (PGF) évalue l’efficacité combinée du travail et du capital. Elle permet de mesurer concrètement l’impact du progrès technique sur la croissance.
Comment le progrès technique améliore la productivité
Le progrès technique agit comme un accélérateur de productivité : il permet de produire plus, plus vite et à moindre coût, avec les mêmes ressources.
L’automatisation des tâches répétitives est l’un de ses effets les plus visibles. Dans les usines modernes, des robots effectuent en quelques secondes des gestes précis qui prenaient plusieurs minutes à un ouvrier. Par exemple, une machine peut produire 30 % plus vite qu’un modèle plus ancien, tout en consommant moins d’énergie.
Le progrès technique améliore aussi la qualité et réduit les erreurs. Les logiciels de contrôle numérique garantissent une précision constante et limitent le gaspillage. Dans le secteur agricole, les tracteurs connectés permettent de semer avec une précision millimétrique, réduisant la consommation d’eau et d’engrais.
Enfin, le progrès technique réduit les coûts de production. Une entreprise peut produire davantage sans embaucher de nouveaux salariés ou acheter plus de matières premières. Lorsque le coût du travail augmente, les entreprises peuvent opter pour la substitution du travail par le capital : les caisses automatiques dans la grande distribution ou les chaînes robotisées dans l’automobile illustrent cette tendance.
Ces gains de productivité ont des conséquences économiques importantes : ils peuvent être répartis entre plusieurs acteurs. Les salariés en bénéficient à travers des salaires plus élevés ou de meilleures conditions de travail ; les entreprises en profitent grâce à une hausse de leurs bénéfices et de leurs investissements ; et l’État perçoit davantage d’impôts, ce qui lui permet de financer les services publics. Cette répartition des gains de productivité est un enjeu majeur des politiques économiques, car elle influence les inégalités de revenus et le niveau de vie général.
À retenir
Le progrès technique accroît la productivité en automatisant les tâches, en améliorant la qualité et en réduisant les coûts. Les gains de productivité peuvent ensuite être répartis entre les salariés, les entreprises et l’État.
Le progrès technique transforme la manière de produire
Le progrès technique ne se limite pas à accroître la productivité : il modifie profondément la structure de la production et de l’emploi.
Dans les pays développés comme la France, l’Allemagne, le Japon ou les États-Unis, la robotisation et la numérisation ont entraîné une désindustrialisation relative. L’emploi industriel a fortement diminué, tandis que les secteurs des services, de la logistique et de la recherche ont pris une place grandissante.
Cette évolution résulte d’un phénomène appelé progrès technique biaisé en faveur du travail qualifié : les innovations technologiques profitent davantage aux travailleurs maîtrisant les outils numériques ou scientifiques, tandis que les emplois peu qualifiés sont remplacés par des machines.
Cela crée une polarisation des emplois : les postes très qualifiés (chercheurs, ingénieurs, cadres) et peu qualifiés (emplois de service, entretien, logistique) augmentent, tandis que les emplois intermédiaires, souvent routiniers, déclinent. En conséquence, les inégalités de revenus tendent à se creuser entre les travailleurs qualifiés et les moins qualifiés.
Le progrès technique a aussi des effets environnementaux. D’un côté, il rend la production plus propre et plus économe grâce à des technologies vertes (voitures électriques, énergies renouvelables, recyclage). De l’autre, il peut provoquer une surconsommation de ressources si la production croît plus vite que l’efficacité énergétique, un phénomène appelé effet rebond.
À retenir
Le progrès technique transforme la structure de la production et des emplois. Il favorise les emplois qualifiés, peut accroître les inégalités et soulève des défis environnementaux.
Progrès technique et croissance économique
En améliorant la productivité, le progrès technique devient le moteur principal de la croissance économique. Lorsqu’une économie produit plus avec les mêmes ressources, elle crée davantage de richesses, augmente les revenus et améliore le niveau de vie.
Depuis la révolution industrielle, chaque grande vague d’innovation — la machine à vapeur, l’électricité, l’informatique, le numérique — a permis une croissance soutenue. Entre 1950 et 2020, les pays développés ont vu leur PIB multiplié par plus de dix, principalement grâce à l’innovation technologique et à la hausse de la productivité.
Aujourd’hui, les nouvelles technologies — intelligence artificielle, robotique, biotechnologies et transition énergétique — constituent les moteurs de croissance du XXIe siècle. Mais pour que cette croissance soit durable, elle doit être accompagnée de politiques favorisant la formation, la reconversion et la diffusion équitable du progrès technique.
À retenir
Le progrès technique stimule la croissance en augmentant la productivité et la production. Pour qu’il soit bénéfique à tous, il doit être accompagné de politiques sociales et écologiques adaptées.
Conclusion
Le progrès technique est le moteur de la production moderne. En introduisant de nouvelles technologies, en améliorant les procédés et en repensant l’organisation du travail, il permet d’augmenter la productivité et de créer davantage de richesses.
Mais il transforme aussi la société : il modifie la répartition du travail et du capital, influence les inégalités et pose des défis écologiques majeurs. Pour qu’il reste un facteur de progrès collectif, le progrès technique doit être orienté vers une croissance durable et équitable, où les gains de productivité bénéficient à tous — salariés, entreprises et société dans son ensemble.
