Introduction
Pourquoi certains pays s’enrichissent-ils plus vite que d’autres ? Comment expliquer qu’en quelques décennies, des nations autrefois pauvres, comme la Corée du Sud, soient devenues des puissances économiques ? Ces questions renvoient à la notion de croissance économique, un phénomène central dans l’histoire moderne.
La croissance économique désigne l’augmentation durable de la production de biens et de services dans un pays. Elle se mesure grâce à la variation du Produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire la valeur de tout ce qui est produit sur un territoire pendant une année. Comprendre la croissance, c’est donc comprendre comment la richesse d’un pays évolue dans le temps, ce qui la fait progresser, mais aussi ce que ses limites révèlent sur la société et le bien-être.
Qu’est-ce que la croissance économique ?
La croissance économique correspond à l’augmentation de la production de richesses sur une longue période. Elle se mesure grâce à l’évolution du Produit intérieur brut (PIB), qui représente la somme de toutes les valeurs ajoutées créées par les producteurs d’un pays. Le PIB permet donc d’évaluer la richesse produite sur un territoire au cours d’une année donnée.
Pour connaître le taux de croissance économique, on compare le PIB d’une année à celui de l’année précédente. Par exemple, si le PIB de la France passe de 2 800 milliards d’euros en 2023 à 2 856 milliards en 2024, cela correspond à une croissance de 2 %.
Cependant, les économistes corrigent cette évolution de l’inflation (la hausse générale des prix) pour calculer la croissance réelle, qui reflète uniquement l’augmentation de la production et non celle des prix.
La croissance peut être positive (la production augmente) ou négative (la production diminue). Une baisse prolongée du PIB correspond à une récession, et une récession longue est appelée dépression économique.
À retenir
La croissance économique est l’augmentation durable de la production de richesses d’un pays. Elle se mesure par le taux de variation du PIB réel, c’est-à-dire la somme des valeurs ajoutées produites, corrigée de l’inflation.
Les moteurs de la croissance économique
La croissance repose sur plusieurs facteurs, que les économistes appellent les moteurs de la croissance.
Elle dépend d’abord de l’accumulation des facteurs de production, c’est-à-dire du travail (la main-d’œuvre disponible) et du capital (machines, bâtiments, outils, infrastructures). Plus un pays investit dans ces éléments, plus il peut produire.
Mais l’un des moteurs les plus essentiels est la productivité, c’est-à-dire la quantité produite par unité de facteur de production. Si une entreprise parvient à produire davantage avec les mêmes ressources, sa productivité augmente. Par exemple, si une usine produisait 1 000 voitures avec 100 ouvriers, et qu’elle en produit désormais 1 200 avec le même effectif, la productivité du travail a augmenté de 20 %. Cette amélioration peut venir de la formation, de l’innovation technologique ou d’une meilleure organisation du travail.
Le progrès technique joue ici un rôle déterminant. L’invention de la machine à vapeur, de l’électricité, de l’informatique ou de l’intelligence artificielle a permis d’augmenter la productivité dans tous les secteurs de l’économie.
Enfin, la croissance dépend aussi des institutions, c’est-à-dire des règles, des organisations et des politiques publiques qui encadrent la vie économique. Une éducation de qualité, une justice fiable, des infrastructures publiques solides ou des lois stables favorisent la confiance, l’investissement et l’innovation. Par exemple, après 1945, les pays d’Europe de l’Ouest ont bénéficié d’une croissance rapide grâce au Plan Marshall, qui a soutenu leur reconstruction économique et le développement d’institutions solides.
À retenir
La croissance économique repose sur l’accumulation du travail et du capital, sur la productivité liée au progrès technique, et sur des institutions stables qui encouragent la confiance et l’investissement.
L’évolution du PIB dans le temps : les grandes phases de la croissance mondiale
Pendant des siècles, la croissance a été quasi inexistante. Les sociétés vivaient surtout de l’agriculture, les techniques évoluaient peu et les crises (famines, guerres, épidémies) freinaient la production.
À partir du XVIIIᵉ siècle, la révolution industrielle transforme profondément les économies européennes. Au Royaume-Uni d’abord, puis en France, en Allemagne et aux États-Unis, l’usage du charbon, de la machine à vapeur et des usines permet une explosion de la production. Entre 1820 et 1913, le PIB mondial est multiplié par plus de 6, selon l’historien Angus Maddison.
Le XXe siècle marque une accélération spectaculaire. Après les deux guerres mondiales, la période de reconstruction (1945-1975), appelée les Trente Glorieuses, connaît une croissance soutenue : en France, le PIB augmente d’environ 5 % par an, aux États-Unis de 4 %, et au Japon de 9 %. C’est l’époque du plein emploi, de la hausse du pouvoir d’achat et de la société de consommation.
Le pouvoir d’achat désigne la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acquérir. Il dépend donc à la fois du revenu et des prix. Quand les prix augmentent plus vite que les salaires, le pouvoir d’achat diminue ; quand les revenus progressent plus vite que les prix, il augmente.
Après 1975, la croissance ralentit dans les pays développés — comme la France, l’Allemagne, les États-Unis, le Japon ou le Royaume-Uni — où le rythme tombe à environ 2 % par an. Ce ralentissement s’explique par plusieurs facteurs : la hausse du prix du pétrole, la concurrence internationale, le vieillissement de la population et le ralentissement des gains de productivité.
En revanche, la croissance s’accélère dans les pays émergents. En Asie, la Chine affiche une croissance moyenne de 9 % par an entre 1980 et 2015, tandis que l’Inde enregistre environ 6 %. En Afrique, des pays comme l’Éthiopie ou le Ghana ont connu des taux supérieurs à 7 % au cours des années 2010. En Amérique latine, le Chili a longtemps maintenu une croissance stable autour de 4 %.
Aujourd’hui, selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance mondiale tourne autour de 3 % par an, mais elle reste inégale : environ 1,5 % dans les pays développés et plus de 5 % dans les pays en développement.
À retenir
Depuis la révolution industrielle, le PIB mondial n’a cessé d’augmenter. Après 1975, les pays développés connaissent une croissance modérée (environ 2 %), tandis que les pays émergents progressent plus rapidement.
Les limites du PIB pour mesurer la croissance
Le PIB mesure la richesse produite, mais il ne rend pas compte de la qualité de vie ou du bien-être des habitants. Le bien-être désigne la satisfaction des besoins matériels et immatériels : santé, éducation, logement, loisirs, environnement sain, sécurité, etc.
D’abord, le PIB ne montre pas les inégalités. Les inégalités sont des différences de revenus ou de conditions de vie entre individus ou groupes sociaux. Deux pays peuvent avoir le même PIB par habitant, mais une répartition très différente de la richesse. Par exemple, les États-Unis ont un PIB par habitant élevé, mais les écarts de revenus y sont plus importants qu’en France ou en Suède.
Le PIB ignore aussi l’économie informelle, c’est-à-dire l’ensemble des activités économiques non déclarées : travail à domicile, petits commerces de rue, troc, travail non rémunéré. Dans certains pays africains, comme le Nigeria, cette économie informelle représenterait environ 50 % de la richesse réelle selon la Banque mondiale.
Enfin, le PIB ne prend pas en compte les externalités, c’est-à-dire les effets indirects d’une activité économique sur d’autres acteurs. Par exemple, une usine qui pollue les rivières augmente le PIB en produisant des biens, mais détruit des ressources naturelles et nuit à la santé des habitants. Si on dépense ensuite de l’argent pour dépolluer, le PIB augmente encore, même si le bien-être collectif a diminué.
À retenir
Le PIB mesure la production économique, mais pas le bien-être, les inégalités ni l’économie informelle. Il ignore aussi les externalités, positives ou négatives, qui influencent la qualité de vie.
Les enjeux de la croissance aujourd’hui
La croissance économique reste essentielle pour financer les services publics, créer des emplois et réduire la pauvreté. Mais elle doit désormais être durable et inclusive, c’est-à-dire bénéficier à tous sans compromettre les ressources de la planète.
Depuis la crise financière de 2008, la croissance mondiale ralentit. La baisse de la productivité, le vieillissement démographique et les tensions commerciales pèsent sur le dynamisme économique.
L’Organisation des Nations unies (ONU) a fixé les Objectifs de développement durable (ODD), qui visent à concilier croissance économique, justice sociale et protection de l’environnement. L’enjeu n’est plus seulement de produire davantage, mais de produire mieux, en limitant le gaspillage, en réduisant les inégalités et en préservant les ressources naturelles.
Cette approche correspond à l’idée de croissance qualitative : une croissance qui mise sur l’éducation, l’innovation et la durabilité plutôt que sur la simple augmentation des volumes produits.
À retenir
Le défi du XXIe siècle est de construire une croissance durable et inclusive, fondée sur la qualité de la production, la justice sociale et la préservation de l’environnement.
Conclusion
La croissance économique désigne l’augmentation durable de la production de richesses, mesurée par la variation du PIB, c’est-à-dire la somme des valeurs ajoutées créées sur un territoire.
Depuis la révolution industrielle, le monde a connu une croissance spectaculaire qui a transformé les conditions de vie et favorisé le développement. Mais cette croissance est inégale et incomplète : elle ne rend pas compte du bien-être, ignore l’économie informelle et néglige parfois les inégalités.
Le grand défi du XXIe siècle est de repenser la croissance pour qu’elle soit à la fois productive, socialement équitable et écologiquement responsable. La véritable réussite d’une économie ne se mesure pas seulement à son PIB, mais à sa capacité à améliorer durablement la vie de ses habitants et à protéger la planète.
