Introduction
Chaque jour, tu participes à des échanges économiques sans forcément t’en rendre compte : acheter une baguette à la boulangerie, un billet de train ou un vêtement en ligne, c’est entrer sur un marché. Ces échanges ne concernent pas seulement les produits du quotidien : il existe aussi des marchés du travail, de la monnaie, de l’énergie ou du logement.
Mais que se passe-t-il lorsqu’un vendeur et un acheteur se rencontrent ? Comment se fixe le prix d’un bien ou d’un service ? Pour répondre à ces questions, il faut comprendre ce qu’est le marché, un mécanisme essentiel au fonctionnement de toute économie.
Qu’est-ce qu’un marché ?
En économie, un marché n’est pas seulement un lieu physique, comme un supermarché ou une place de village. C’est avant tout un mécanisme de rencontre entre l’offre et la demande.
L’offre désigne la quantité de biens (objets matériels destinés à être consommés, comme des vêtements, des ordinateurs ou des voitures) et de services que les producteurs — entreprises ou vendeurs — souhaitent vendre à un certain prix. En général, plus le prix augmente, plus les producteurs sont incités à produire, car la vente devient rentable.
La demande, au contraire, désigne la quantité de biens et de services que les consommateurs souhaitent acheter. Plus le prix est élevé, moins ils sont nombreux à vouloir acheter, ce qui fait baisser la demande.
Le marché permet donc la confrontation de ces deux forces opposées. Lorsqu’elles s’équilibrent, un prix d’équilibre se fixe : c’est le prix pour lequel la quantité offerte correspond à la quantité demandée.
Exemple : si un téléphone est vendu 1 000 €, peu de consommateurs sont prêts à l’acheter ; si son prix descend à 400 €, la demande augmente, mais les fabricants réduisent la production car la marge devient plus faible. Le prix d’équilibre se trouve entre les deux.
Ce mécanisme illustre la loi de l’offre et de la demande, une modélisation simplifiée du marché fondée sur l’hypothèse de concurrence pure et parfaite. Celle-ci repose sur cinq conditions :
Une atomicité du marché (de nombreux acheteurs et vendeurs, aucun ne pouvant influencer seul le prix).
Une homogénéité des produits (tous identiques).
Une transparence de l’information (tous connaissent les prix et la qualité).
Une libre entrée et sortie des entreprises.
Une mobilité des facteurs de production (travail et capital peuvent se déplacer librement).
Dans la réalité, ces conditions sont rarement réunies, mais ce modèle aide les économistes à comprendre comment se forment les prix dans un marché concurrentiel.
À retenir
Le marché est un mécanisme où se rencontrent l’offre des producteurs et la demande des consommateurs. Leur interaction détermine un prix d’équilibre selon la loi de l’offre et de la demande, dans un cadre idéal de concurrence pure et parfaite.
Les différents types de marchés
L’économie moderne fonctionne grâce à une multitude de marchés, selon ce qui s’échange et la manière dont les échanges s’effectuent.
Le marché des biens et services est le plus courant : il regroupe tous les échanges de produits matériels (comme les voitures, les vêtements, les aliments) et de services (comme un abonnement téléphonique, un soin médical ou un cours particulier).
Le marché du travail met en relation les employeurs (qui offrent des emplois) et les travailleurs (qui offrent leur force de travail). Le prix de ce marché, c’est le salaire. Par exemple, en 2024, le salaire minimum (SMIC) en France s’élève à environ 1 766 € brut par mois.
Le marché du capital (ou marché financier) permet de financer les entreprises et les États : les ménages y placent leur épargne en achetant des actions ou en prêtant de l’argent. Le prix sur ce marché est le taux d’intérêt, c’est-à-dire la rémunération du capital prêté.
Enfin, il existe des marchés numériques (comme Amazon, Leboncoin, Vinted, Airbnb) où les échanges se font en ligne. Les prix y varient en temps réel grâce à des algorithmes qui ajustent automatiquement les tarifs selon la demande — par exemple, le prix d’un billet d’avion qui augmente quand le vol se remplit.
Mais toutes les productions ne passent pas par un marché. Il existe aussi une sphère non marchande, qui regroupe les services publics comme l’éducation, la santé ou la sécurité. Ces services sont dits non marchands car ils sont fournis gratuitement ou à un prix très faible, financés par les impôts et non par les ventes. L’école publique, par exemple, n’est pas un marché mais une production collective assurée par l’État.
À retenir
L’économie comporte des marchés variés : biens et services, travail, capitaux et marchés numériques. Mais certaines productions, comme l’éducation ou la santé, relèvent de la sphère non marchande, financée par la collectivité.
Le rôle du marché dans l’économie
Le marché joue un rôle central dans la coordination des décisions économiques. Il permet aux producteurs et aux consommateurs d’ajuster leurs comportements sans qu’une autorité centrale ne décide de tout.
Lorsqu’un produit devient rare ou très demandé, son prix augmente, ce qui incite les entreprises à en produire davantage. À l’inverse, lorsqu’il y a trop de production, les prix baissent, ce qui décourage les producteurs. Ce mécanisme d’ajustement, la loi de l’offre et de la demande, assure une forme d’équilibre entre production et consommation.
Exemple : la forte demande de voitures électriques pousse les constructeurs à investir dans cette technologie, tandis que la baisse du prix du pétrole peut freiner leur développement.
Cependant, ce mécanisme ne s’applique pas à tous les biens. Certains, comme la défense nationale ou l’éclairage public, sont des biens publics. Ces biens sont dits non rivaux (leur consommation par une personne ne réduit pas celle des autres) et non exclusifs (on ne peut pas empêcher quelqu’un d’en bénéficier). Le marché ne peut pas les produire efficacement, car aucune entreprise n’aurait intérêt à les vendre : ils sont donc financés par l’État.
À retenir
Le marché permet de coordonner les décisions économiques, mais il ne peut pas produire efficacement certains biens publics, qui relèvent de l’action de l’État.
Les défaillances du marché et le rôle de l’État
Le marché, bien qu’efficace pour organiser les échanges, connaît des défaillances, c’est-à-dire des situations où il ne conduit pas à une allocation optimale des ressources. Les économistes en identifient trois principales :
Les biens publics, que le marché ne peut pas produire seul, comme l’armée ou la justice.
Les externalités, c’est-à-dire les effets positifs ou négatifs d’une activité économique sur des tiers. Par exemple, une usine polluante crée une externalité négative en dégradant la santé des habitants, tandis qu’un chercheur qui publie ses découvertes génère une externalité positive.
L’asymétrie d’information, lorsque l’un des acteurs de l’échange détient plus d’informations que l’autre. Par exemple, un vendeur connaît mieux la qualité d’une voiture d’occasion que son acheteur, ce qui peut fausser le prix.
Face à ces défaillances, l’État intervient pour réguler le marché et corriger les déséquilibres. Il peut, par exemple, fixer un prix plancher sur le lait pour garantir un revenu minimal aux agriculteurs, ou mettre en place une taxe carbone pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il peut aussi accorder des aides publiques pour encourager la transition écologique ou soutenir les entreprises en difficulté.
En 2023, la taxe carbone en France s’élevait à environ 45 € par tonne de CO₂ émise, afin d’inciter les entreprises à réduire leur pollution. Ce type d’intervention montre que la régulation publique vise à concilier efficacité économique et intérêt collectif.
À retenir
Le marché connaît trois grandes défaillances : les biens publics, les externalités et l’asymétrie d’information. L’État intervient alors par des politiques de régulation pour corriger ces déséquilibres et garantir l’intérêt général.
Conclusion
Le marché est au cœur de la vie économique : il met en relation les offreurs et les demandeurs, fixe les prix et oriente la production. Grâce à la loi de l’offre et de la demande, il permet d’ajuster les quantités échangées et d’allouer les ressources de manière efficace.
Mais ce mécanisme repose sur des hypothèses idéales rarement réalisées, comme la concurrence pure et parfaite. Dans la réalité, le marché peut connaître des défaillances — biens publics, externalités, asymétries d’information — qui justifient l’intervention de l’État.
C’est donc l’équilibre entre liberté du marché et régulation publique qui permet d’assurer un développement économique à la fois efficace, équitable et durable.
