Progrès technique et inégalités de revenu

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Les gains liés au progrès technique ne sont pas répartis de ­manière égalitaire. Le progrès technique peut ainsi renforcer les ­inégalités de revenu. Dans un contexte de concurrence exacerbé, il ­bénéficie davantage à certains secteurs.

I. Progrès technique et inégalités dans la répartition des revenus

1)  Le progrès technique favorise les revenus du capital au détriment de ceux du travail

Le progrès technique est à l’origine de gains de productivité qui permettent d’augmenter la valeur ajoutée. Celle-ci est répartie sous forme de revenus entre les travailleurs et les apporteurs de capitaux (propriétaires de l’entreprise et créanciers). Cette répartition peut être ­inégalitaire et favoriser le versement de dividendes au détriment des revenus du travail.

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Il existe différents types de revenus. On distingue les revenus du travail (salaires) des revenus du capital (intérêts versés aux banques, dividendes versés aux actionnaires).

Certaines innovations permettent de substituer du ­capital au travail. Elles augmentent l’intensité ­capitalistique de la production : la part du travail utilisé pour produire diminue au profit de celle du capital.

Ainsi, le progrès technique se traduit par une destruction d’emplois. Il permet l’automatisation des tâches simples et répétitives qui vont être effectuées par des machines. La part des salaires dans la valeur ajoutée diminue alors au profit de la rémunération du capital : les inégalités de revenu augmentent.

2)  Le progrès technique augmente les inégalités salariales

Le progrès technique contribue à l’accroissement des inégalités salariales car les nouvelles technologies (informatique, logiciels perfectionnés…) favorisent les travailleurs qualifiés. Ceux qui utilisent ces nouvelles technologies (comptables, traders...) voient leur productivité et donc leur rémunération augmenter alors que les travailleurs moins qualifiés (aides-soignants, cuisiniers…), qui ne les utilisent pas, ne bénéficient pas de cette hausse de la productivité du travail.

L’utilisation de l’outil informatique s’étend à tous les secteurs et nécessite un niveau élevé de qualification. Ainsi la demande de travail peu qualifié diminue alors que la demande de travail qualifié augmente. Du fait de la loi de l’offre et de la demande, les salaires des travailleurs peu qualifiés ont tendance à stagner ou à baisser tandis que ceux des plus qualifiés augmentent : les écarts se creusent.

II. Le rôle de la mondialisation et de la concurrence

1 ) La mondialisation renforce les effets du progrès technique sur les inégalités

La mondialisation incite les entreprises à innover car elle exacerbe la concurrence entre les entreprises : pour être plus compétitives et rentables, celles-ci cherchent à améliorer leurs techniques de production.

Cet effort d’innovation contribue à l’augmentation de la demande de travail qualifié et contribue à augmenter les inégalités de revenu.

2)  Le progrès technique accroît les inégalités entre secteurs ­d’activité

L’exacerbation de la concurrence pousse les entreprises à vouloir se démarquer en innovant : les inégalités se creusent entre les secteurs innovants qui génèrent des profits importants et ceux qui sont en perte de vitesse, devenant ainsi de moins en moins profitables.

À court terme, seules les entreprises innovantes bénéficient du progrès technique et des revenus qu’il génère. Les entrepreneurs prennent le risque d’innover pour augmenter leur profit et bénéficier d’une rente liée à la protection que leur confèrent les brevets. Les revenus de l’innovation contribuent de manière importante à l’augmentation des inégalités de revenu entre secteurs d’activité.

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Pour J. A. Schumpeter, l’entrepreneur est un acteur majeur de l’économie. C’est un aventurier qui prend le risque d’innover. Le profit est alors la rémunération du risque pris par l’entrepreneur.