Introduction
Chaque individu possède un patrimoine génétique unique, fruit d’une histoire biologique complexe. Comprendre l’origine et la transmission de ce génotype permet de saisir comment se forme la diversité des êtres vivants et comment elle est transmise d’une génération à l’autre. Ce sujet aborde à la fois les mécanismes qui garantissent la stabilité génétique et ceux qui introduisent de la variabilité. Il éclaire aussi les pratiques médicales et agricoles, tout en développant des compétences telles que l’analyse de résultats génétiques, la modélisation de croisements ou la mobilisation du raisonnement scientifique.
Dans cette leçon, nous verrons comment les génomes se conservent ou évoluent au fil du temps, comment la reproduction sexuée crée de nouvelles combinaisons génétiques, et comment certaines anomalies peuvent modifier l’information génétique transmise. Cela nous aidera à comprendre les fondements de la génétique, les causes de certaines maladies héréditaires ou les principes qui sous-tendent l’amélioration des espèces cultivées.
La stabilité génétique et l’évolution clonale
Le génotype d’un individu peut se conserver à travers des divisions cellulaires, notamment par la mitose. Cette stabilité génétique est à la base de la reproduction asexuée et de la formation de clones. Un clone est un ensemble de cellules issues d’une même cellule initiale, toutes génétiquement identiques sauf en cas de mutation. Chez les eucaryotes, des remaniements épigénétiques (modifications réversibles de l’expression des gènes) peuvent cependant produire des différences de phénotype sans modification de l’ADN.
Le phénotype désigne l’ensemble des caractères observables d’un individu, qu’ils soient morphologiques, biochimiques ou comportementaux. Il résulte de l’interaction entre le génotype et l’environnement.
Chez les organismes pluricellulaires, la multiplication cellulaire produit des clones de cellules différenciées (tissus, organes). Chez certaines bactéries ou levures, c’est l’ensemble de l’organisme qui est un clone.
Cependant, la stabilité n’est jamais absolue. Des erreurs peuvent survenir à chaque division cellulaire, générant des mutations. Si celles-ci ne sont pas réparées, elles s’accumulent dans certaines lignées cellulaires, formant des sous-groupes génétiquement distincts appelés sous-clones. C’est ce qu’on observe, par exemple, dans les cellules cancéreuses ou dans certaines maladies génétiques acquises. Une mutation survenue dans une cellule peut ainsi être transmise à toutes les cellules qui en dérivent. Seules les mutations survenant dans les cellules germinales (à l’origine des gamètes) sont transmises à la descendance. Les mutations des cellules somatiques ne concernent que l’individu porteur.
À retenir
La mitose assure la stabilité du génotype d’une cellule à sa descendance.
Des mutations peuvent s’accumuler dans certaines lignées cellulaires, formant des sous-clones.
Seules les mutations germinales sont transmises aux générations suivantes.
La reproduction sexuée : source de diversité génétique
La reproduction sexuée implique la fusion de deux gamètes haploïdes (à n chromosomes) pour former une cellule-œuf diploïde (à 2n chromosomes). Chaque parent apporte un lot d’allèles, créant une combinaison génétique unique chez la descendance.
Ce brassage génétique a lieu à deux niveaux lors de la méiose :
Brassage interchromosomique : lors de la séparation aléatoire des chromosomes homologues au cours de la première division de méiose.
Brassage intrachromosomique : par échanges de portions de chromatides entre chromosomes homologues (enjambements) lors de la prophase I.
La fécondation ajoute une autre couche de diversité, en combinant deux gamètes génétiquement différents.
Exemple : dans une fratrie, les enfants issus des mêmes parents peuvent être très différents génétiquement, car les gamètes qui les ont formés ne portaient pas les mêmes combinaisons d’allèles.
À retenir
La reproduction sexuée produit de nouvelles combinaisons d’allèles à chaque génération.
Les brassages inter- et intrachromosomiques génèrent des gamètes tous différents.
La fécondation réunit des génomes d’origines distinctes, accentuant la diversité.
L’analyse de la transmission des caractères héréditaires
Les lois de la génétique classique, issues des travaux de Mendel, reposent sur l’étude de croisements. En croisant des individus de lignées pures (homozygotes), puis leurs descendants, on observe des proportions caractéristiques de phénotypes, ce qui permet d’en déduire les règles de transmission des allèles.
Un allèle est dit dominant s’il s’exprime même en présence d’un autre allèle (récessif), ce qui se traduit dans le phénotype de l’individu hétérozygote.
Dans l’espèce humaine, l’étude de l’hérédité se base souvent sur l’analyse de pedigrees (arbres généalogiques) et la comparaison des génotypes obtenus par séquençage. Des bases de données permettent aujourd’hui de relier certaines mutations à des phénotypes particuliers, facilitant les diagnostics génétiques.
À retenir
L’analyse des croisements permet de prévoir la transmission de caractères héréditaires.
L’hérédité humaine est étudiée à travers les pedigrees et l’analyse directe des génomes.
Les mutations génétiques sont à l’origine de nombreuses maladies héréditaires.
Les anomalies de la méiose : erreurs et diversification génétique
La méiose est un processus complexe et parfois imparfait. Des erreurs peuvent survenir :
Des enjambements inégaux peuvent produire des duplications ou des pertes de gènes.
Des non-disjonctions (absence de séparation de chromosomes homologues ou de chromatides sœurs) peuvent entraîner des anomalies du caryotype, comme la trisomie 21. Cette mauvaise répartition des chromosomes au cours de la méiose aboutit à des gamètes contenant un nombre anormal de chromosomes.
Ces anomalies sont le plus souvent délétères, voire létales chez l’être humain. Dans d'autres espèces, certaines anomalies chromosomiques peuvent être mieux tolérées. Toutefois, dans certains cas rares, elles peuvent participer à la diversification génétique en introduisant de nouveaux arrangements dans l’information génétique d’un chromosome. Ces réarrangements peuvent prendre plusieurs formes :
Une duplication consiste en la répétition d’un segment de chromosome, ce qui augmente le nombre de copies d’un ou plusieurs gènes.
Une translocation correspond à un échange de fragments entre deux chromosomes non homologues.
Une insertion est l’ajout d’un segment d’ADN à un endroit inhabituel du chromosome.
Bien que ces événements soient souvent neutres ou défavorables, ils peuvent, dans de rares cas, être à l’origine de nouvelles fonctions génétiques exploitées par la sélection naturelle.
À retenir
La non-disjonction est une erreur de méiose qui entraîne une répartition anormale des chromosomes.
Les anomalies méiosiques sont rarement avantageuses chez l’humain, mais peuvent parfois contribuer à l’évolution.
Les duplications, translocations et insertions modifient l’information génétique d’un chromosome, ce qui peut créer de nouveaux arrangements génétiques.
Conclusion
Le génotype d’un individu résulte d’un équilibre entre conservation (par la mitose) et diversification (par la méiose et la fécondation). Les mutations, les accidents méiosiques et les recombinaisons d’allèles participent à la richesse du vivant. Ces mécanismes permettent de comprendre l’origine des maladies génétiques, les principes de la génétique médicale, ou encore les fondements de la biodiversité et de l’évolution.
