Les mutations de la société d'ordres

icône de pdf
Signaler

La société d’ordres n’est pas figée : elle connaît de lentes mutations. Dans les villes les plus dynamiques, de nouvelles hiérarchies émergent et, dans un monde où le pouvoir est masculin, des femmes exercent une influence politique ou intellectuelle.

I Un monde urbain en mouvement

1 Des villes dynamiques et influentes

Les grandes villes du royaume sont attractives : elles offrent davantage de possibilités d’ascension sociale que les campagnes. C’est pourquoi leur population s’accroît avec une immigration continue venue des espaces ruraux.

Repère
Mot clé

Une généralité est une circonscription administrative dirigée par un intendant.

Les villes sont d’abord des carrefours commerciaux (halles, foires).

Ce sont aussi des centres administratifs (sièges d’une généralité) et judiciaires (présence d’un parlement).

Ce sont enfin de hauts lieux de la vie religieuse (centre d’un évêché) et culturelle (académie, théâtres, salons). Ainsi, Paris et Rouen, Bordeaux ou Toulouse concentrent des fonctions diversifiées.

2 Des sociétés urbaines diversifiées

Les hiérarchies sociales traditionnelles subsistent. Ainsi, la noblesse de robe, formée notamment des membres des parlements, domine la société urbaine.

Cependant, de nouvelles élites, fondées sur la richesse, s’affirment comme la haute bourgeoisie : à Nantes et à Bordeaux, les armateurs tiennent le haut du pavé. Ils tirent leurs profits de l’économie de plantation développée dans les Antilles grâce à la traite négrière.

La masse de la population urbaine est constituée d’artisans, de boutiquiers et de domestiques. On compte aussi de nombreuses catégories intermédiaires (officiers, notaires, médecins). Riches et pauvres habitent souvent les mêmes quartiers et se côtoient dans les lieux publics, comme à Paris.

II L’affirmation des femmes dans la société

1 De sérieux obstacles

De nombreux actes royaux réforment les droits coutumiers pour renforcer la subordination de la femme à son mari. De plus, l’État les écarte des responsabilités spirituelles dès le début du XVIIe siècle.

Une mentalité misogyne domine les esprits. Elle est particulièrement virulente lors des périodes de régence de Catherine de Médicis (1560-1563 puis 1574), veuve d’Henri II, marquée par le début des guerres de religion. La reine de France est présentée par ses détracteurs comme une manipulatrice. Au XVIIIe siècle, c’est la reine Marie-Antoinette qui est la cible des critiques pour son influence grandissante sur Louis XVI.

2 L’émergence de femmes d’influence

Dans le monde politique, le pouvoir reste une affaire d’hommes. Cependant, dans des circonstances particulières (régence, affaiblissement de l’autorité royale), des femmes d’exception jouent un rôle important : en 1525-1526, Louise de Savoie, mère du roi François Ier, assure la régence et maintient l’unité du royaume ; sous le règne de Louis XV, la marquise de Pompadour, maîtresse du roi, use de son influence pour soutenir la publication de l’Encyclopédie (1751-1772).

Dans le domaine littéraire, les femmes sont tenues à l’écart de l’Académie française. Cependant, elles jouent un rôle central dans la vie des salons. Ceux-ci connaissent une première vogue dans la première moitié du XVIIe siècle, à Paris et dans les grandes villes de province, avant d’être supplantés par la cour de Versailles. C’est au siècle des Lumières qu’ils connaissent leur apogée autour de femmes cultivées comme Madame de Tencin ou Madame Geoffrin.