Le roman et le récit du Moyen Âge au XVIIIᵉ siècle

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Dans cette leçon, tu découvres l’évolution du roman depuis le Moyen Âge jusqu’au XVIIIᵉ siècle. Des chansons de geste aux romans courtois, de La Princesse de Clèves à Rousseau et Laclos, tu verras comment le roman est passé de l’épopée héroïque à l’analyse psychologique et sociale. Mots-clés : histoire du roman, Moyen Âge, XVIIᵉ siècle, XVIIIᵉ siècle, La Princesse de Clèves, Rousseau, Laclos.

Introduction

Le roman et le récit n’ont pas toujours eu la place centrale qu’on leur accorde aujourd’hui. Leur histoire est longue : depuis les épopées antiques (Homère avec L’Iliade et L’Odyssée, Virgile avec L’Énéide) jusqu’aux récits médiévaux, en passant par les grandes innovations du XVIIᵉ et du XVIIIᵉ siècle. Ces formes narratives ont peu à peu évolué : d’abord épiques et collectives, elles deviennent plus psychologiques, critiques et sociales, jusqu’à préparer au XIXᵉ siècle l’émergence du roman comme genre dominant.

Le Moyen Âge : chansons de geste, romans courtois et chevaleresques

Au Moyen Âge, la culture littéraire reste largement orale. Les récits sont transmis et chantés par des jongleurs et trouvères, qui les récitent devant un public, bien avant que l’imprimerie ne diffuse les textes.

Les chansons de geste exaltent les exploits guerriers et les valeurs chevaleresques. La Chanson de Roland (vers 1100) célèbre la fidélité au roi et la bravoure, dans une tonalité épique et héroïque.

À côté de ces récits guerriers, apparaissent les romans courtois, centrés sur l’amour idéalisé et les aventures raffinées. Chrétien de Troyes, dans Lancelot ou le Chevalier de la charrette ou Yvain ou le Chevalier au lion, fonde le cycle arthurien, où la quête amoureuse et l’idéal courtois s’allient à la prouesse chevaleresque.

Plus largement, on parle de romans chevaleresques pour désigner les récits d’aventures de chevaliers, qui ne sont pas toujours centrés sur l’amour, mais mettent en avant la bravoure, la loyauté et l’honneur.

À retenir

Le Moyen Âge voit se développer une littérature orale et collective : chansons de geste, romans courtois et chevaleresques construisent un imaginaire héroïque et amoureux, transmis par les jongleurs et trouvères.

Le XVIIᵉ siècle : vers le roman psychologique

Le XVIIᵉ siècle transforme profondément le roman. Avant La Princesse de Clèves, on trouve les grands romans précieux (par exemple Clélie de Madeleine de Scudéry), qui proposent des intrigues sentimentales et idéalisées. Mais c’est Madame de La Fayette qui, en 1678, propose une forme nouvelle.

La Princesse de Clèves est souvent considérée comme le premier roman psychologique français. Elle y dépeint les dilemmes intérieurs d’une héroïne partagée entre passion et devoir, dans un cadre historique réaliste, celui de la cour d’Henri II. Si d’autres romans modernes existaient déjà, comme Don Quichotte de Cervantès (1605-1615), l’originalité de La Fayette est d’avoir fondé en France une écriture intime et vraisemblable, centrée sur la vie intérieure.

À retenir

Au XVIIᵉ siècle, le roman passe de l’idéalisation précieuse à l’analyse psychologique. La Princesse de Clèves illustre cette évolution, en inaugurant un modèle français centré sur l’intime et le vraisemblable.

Le XVIIIᵉ siècle : un roman social, sensible et critique

Le siècle des Lumières élargit encore le champ du roman, qui devient un instrument de réflexion sociale et philosophique.

Prévost, dans Manon Lescaut (1731), raconte une passion tragique et met en évidence les tensions entre désir, morale et société.

Rousseau, avec La Nouvelle Héloïse (1761), fait du roman un succès immense : l’ouvrage popularise l’idéologie de la sensibilité, valorisant les émotions, la nature et la vertu. Le succès populaire de ce livre montre combien le roman devient un vecteur de transformation culturelle et sociale.

Laclos, dans Les Liaisons dangereuses (1782), à travers le roman épistolaire, dévoile l’hypocrisie et les intrigues d’une aristocratie décadente.

Mais le siècle voit aussi émerger un roman d’analyse réaliste et de mœurs : Marivaux, dans La Vie de Marianne, observe finement les comportements sociaux, tandis que Diderot, dans Jacques le Fataliste, interroge la liberté et le déterminisme avec une ironie critique.

Ainsi, le roman du XVIIIᵉ siècle est à la fois philosophique, social et sensible. Il reflète les débats des Lumières tout en touchant un large public.

À retenir

Au XVIIIᵉ siècle, le roman se diversifie : roman sensible (Rousseau), roman épistolaire et critique (Laclos), roman réaliste et de mœurs (Marivaux, Diderot). Il devient un miroir de la société et un outil de réflexion philosophique.

Conclusion

Du Moyen Âge au XVIIIᵉ siècle, le roman s’est transformé : récit oral collectif au service de l’héroïsme et de l’amour courtois, il devient au XVIIᵉ siècle une analyse psychologique, puis au XVIIIᵉ un laboratoire critique et social. Ces évolutions préparent le XIXᵉ siècle, où le roman s’imposera définitivement comme le genre central de la littérature, en se diversifiant encore davantage et en devenant le miroir privilégié des sociétés modernes.