Le drame du XVIIIᵉ au XXIᵉ siècle

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment le drame va évoluer du XVIIIᵉ au XXIᵉ siècle pour représenter toute la complexité de la vie humaine. Tu vas comprendre comment il mêle émotions, conflits sociaux, introspection et histoire, depuis le drame bourgeois de Diderot jusqu’aux œuvres contemporaines de Mouawad ou Pommerat. Tu seras bientôt capable d’identifier les différentes formes de drame et ce qu’elles révèlent de leur époque. Mots-clés : drame, théâtre, drame bourgeois, drame romantique, théâtre de l’absurde, drame contemporain

Introduction

Entre le XVIIIᵉ et le XXIᵉ siècle, une nouvelle forme théâtrale s’impose entre la comédie et la tragédie. Ce genre intermédiaire, appelé drame, cherche à représenter la vie humaine dans toute sa complexité. Il mêle le rire et les larmes, le quotidien et l’exceptionnel, l’individu et la société. Le drame s’affranchit des règles strictes du classicisme et ouvre la voie à un théâtre plus libre, proche de la réalité et attentif aux émotions humaines. Comment ce genre s’est-il développé et transformé depuis le siècle des Lumières jusqu’au théâtre contemporain ?

Le drame bourgeois du XVIIIᵉ siècle : la morale et le quotidien

Au XVIIIᵉ siècle, les théoriciens et dramaturges veulent un théâtre plus proche de la réalité sociale. Le drame bourgeois, défendu par Diderot, s’oppose à la séparation classique entre comédie et tragédie. Il met en scène des personnages issus de la bourgeoisie, confrontés à des conflits familiaux, moraux ou sociaux. L’objectif est de toucher le spectateur en montrant des situations familières et crédibles, sans héroïsme exagéré. Dans Le Fils naturel ou Le Père de famille, Diderot explore les dilemmes intimes, la responsabilité parentale, les injustices et les vertus domestiques. Le rire et les larmes se mêlent pour susciter une émotion morale. Le drame devient un théâtre de la sensibilité et de la vertu, annonçant les évolutions du siècle suivant.

À retenir

Le drame bourgeois cherche à représenter la vie ordinaire et les conflits familiaux. Il combine émotion, morale et sensibilité.

Le drame romantique du XIXᵉ siècle : liberté et passion

Au XIXᵉ siècle, les dramaturges romantiques transforment profondément le drame. Dans la préface de Cromwell, Victor Hugo défend un théâtre qui refuse les règles classiques. Le drame romantique mélange le sublime et le grotesque, les registres nobles et familiers, les scènes violentes et les moments de tendresse. Hernani, Ruy Blas ou Lucrèce Borgia illustrent ce mélange des tons. Les personnages sont emportés par des passions intenses et confrontés à des forces politiques ou historiques qui les dépassent. Le décor s’ouvre à des espaces variés et spectaculaires. Le drame romantique devient un théâtre de la liberté formelle. Le mélange des registres permet de mieux représenter la complexité humaine.

À retenir

Le drame romantique mêle grandeur et trivialité et libère la forme théâtrale pour représenter des passions intenses.

Le drame réaliste et symboliste du tournant du XXᵉ siècle

À la fin du XIXᵉ siècle, certains dramaturges souhaitent représenter la société avec davantage de précision et de vérité. Le drame réaliste explore les inégalités sociales, les conflits familiaux, les crises psychologiques. Ibsen, avec Une maison de poupée, montre comment les normes sociales étouffent les individus. Tchekhov, dans La Mouette ou Oncle Vania, dépeint l’ennui, les rêves brisés, les tensions silencieuses. Ces drames reposent sur des situations quotidiennes où les conflits intimes prennent une dimension universelle. Parallèlement, le drame symboliste, avec Maeterlinck ou Claudel, cherche une expression plus poétique et intérieure. Les personnages y sont souvent en quête d’identité, de foi ou de sens.

À retenir

Le drame réaliste montre les tensions sociales et intimes. Le drame symboliste explore les zones plus mystérieuses de l’existence.

Le drame au XXᵉ siècle : engagement, absurdité et crise du sens

Le XXᵉ siècle marque une rupture. Les guerres mondiales, les violences politiques et les bouleversements sociaux font émerger de nouvelles formes de drame. Chez Brecht, le drame devient un outil de critique sociale. Les effets de distanciation, les chansons et les narrations brisent l’illusion théâtrale pour inviter le spectateur à réfléchir. Dans un autre registre, le théâtre de l’absurde montre des personnages perdus dans un monde dépourvu de sens. Beckett, dans En attendant Godot, explore l’attente, la solitude et l’échec des mots. Ionesco, dans Rhinocéros, transforme la métamorphose en drame politique. Le tragique et le comique se mêlent pour exprimer l’angoisse de l’époque. Le drame moderne devient un espace où se jouent les crises de l’identité et du langage.

À retenir

Le drame du XXᵉ siècle interroge le sens de l’existence. Il se fait critique, politique ou absurde selon les auteurs.

Le drame contemporain : mémoire, identité et société

Depuis la fin du XXᵉ siècle, le drame se renouvelle encore. De nombreux dramaturges racontent des histoires marquées par la mémoire, la violence politique, l’exil ou les fractures familiales. Dans Incendies, Wajdi Mouawad explore la transmission traumatique et les secrets enfouis. Dans La Réunification des deux Corées, Joël Pommerat interroge les liens humains à travers des scènes brèves et sensibles. Le drame contemporain accorde une place importante à la voix intime, au rapport au réel et à la construction de soi. La mise en scène joue souvent sur la lumière, les silences, les projections ou les espaces fragmentés. Le drame devient un théâtre de l’émotion où l’histoire personnelle rencontre l’histoire collective.

À retenir

Le drame contemporain explore les identités, les mémoires blessées et la complexité du monde moderne.

Conclusion

Du XVIIIᵉ au XXIᵉ siècle, le drame n’a cessé de se transformer pour mieux représenter l’être humain dans sa diversité. Bourgeois chez Diderot, romantique chez Hugo, réaliste chez Ibsen, symboliste chez Maeterlinck, engagé chez Brecht ou intime chez Mouawad, il accompagne les évolutions de la société et du regard que l’on porte sur soi. En mêlant émotion, réflexion et complexité, le drame demeure un espace théâtral privilégié pour interroger la vie humaine dans toutes ses contradictions.