Le degré de concurrence selon les marchés

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Dans cette leçon, tu comprendras comment le degré de concurrence influence les prix, l’innovation et le pouvoir des consommateurs. Tu verras les différences entre marché concurrentiel, monopole, oligopole et concurrence monopolistique, ainsi que les enjeux de régulation face aux grandes entreprises dominantes. Mots-clés : concurrence, monopole, oligopole, prix, innovation, marché.

Introduction

Dans une économie de marché, les entreprises rivalisent pour attirer les consommateurs, vendre leurs produits et dégager des profits. Mais tous les marchés ne se ressemblent pas : certains sont très ouverts à la concurrence, tandis que d’autres sont dominés par un petit nombre d’acteurs ou même par un seul producteur. Le degré de concurrence dépend du nombre d’entreprises présentes, de la liberté d’entrée sur le marché, de la différenciation des produits et du comportement stratégique des firmes. Comprendre ces différences permet d’expliquer la formation des prix, la diversité de l’offre et le pouvoir des consommateurs face aux producteurs.

Le fonctionnement du marché concurrentiel : l’équilibre entre l’offre et la demande

Un marché est le lieu réel ou virtuel où se rencontrent les offres (vendeurs) et les demandes (acheteurs) d’un bien ou d’un service. Le prix se fixe par la confrontation entre ces deux forces.

L’offre représente les quantités qu’une entreprise est disposée à vendre à un certain prix.

La demande désigne les quantités qu’un consommateur souhaite acheter à ce prix.

Sur un marché concurrentiel, le prix d’équilibre se situe au point où la quantité offerte est égale à la quantité demandée. Si le prix est trop élevé, l’offre excède la demande, entraînant une baisse des prix. S’il est trop bas, la demande dépasse l’offre, ce qui pousse les prix à la hausse. Le marché tend donc naturellement vers un équilibre où aucun agent n’a intérêt à modifier son comportement.

Exemple : sur le marché des fruits, une bonne récolte augmente l’offre de pommes, ce qui fait baisser le prix. À l’inverse, une mauvaise récolte réduit l’offre et fait monter les prix, jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre s’installe.

Dans cette situation de concurrence pure et parfaite, le prix reflète le coût marginal, c’est-à-dire le coût de production d’une unité supplémentaire. Le producteur vend donc son bien au prix le plus bas possible sans perdre d’argent, et le consommateur bénéficie d’un prix avantageux.

À retenir

Sur un marché concurrentiel, les prix se forment librement par la rencontre de l’offre et de la demande. L’équilibre atteint correspond au prix le plus efficient pour les consommateurs comme pour les producteurs.

Les situations de concurrence imparfaite : monopole, oligopole et ententes

La concurrence parfaite est une situation théorique rarement observée dans la réalité. Dans la plupart des cas, les marchés présentent des formes imparfaites de concurrence où certaines entreprises disposent d’un pouvoir de marché, c’est-à-dire la capacité d’influencer les prix ou les quantités produites.

Le monopole

Un monopole existe lorsqu’une seule entreprise domine entièrement le marché. Elle est la seule à offrir un bien ou un service, sans produit substituable. Elle fixe alors librement ses prix, souvent supérieurs à ceux qui prévaudraient en situation concurrentielle.

Exemple : jusqu’à la fin des années 1990, La Poste et France Télécom détenaient un monopole public sur la distribution du courrier et les télécommunications en France. La libéralisation progressive de ces secteurs a introduit la concurrence pour réduire les prix et améliorer la qualité de service.

Dans un monopole privé, le risque est que le producteur cherche à maximiser son profit en restreignant la production et en augmentant les prix, au détriment du consommateur. L’État peut alors intervenir pour réguler les prix ou ouvrir le marché à la concurrence.

L’oligopole

Un oligopole désigne un marché dominé par un petit nombre d’entreprises. Chacune doit tenir compte des décisions de ses concurrentes.

Exemple : le marché français de la téléphonie mobile est dominé par quatre grands opérateurs — Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free — qui pratiquent une forte concurrence par les prix, les forfaits et les innovations technologiques.

Dans un oligopole, les entreprises peuvent être tentées de s’entendre pour limiter la concurrence (former un cartel). Elles fixent alors ensemble les prix ou se partagent le marché, ce qui fausse la concurrence. Ces pratiques sont interdites par le droit européen et surveillées par l’Autorité de la concurrence. En 2024, celle-ci a d’ailleurs sanctionné plusieurs grands groupes de l’agroalimentaire dans l’affaire du cartel des yaourts et des desserts lactés, pour s’être concertés sur les prix et la répartition des clients, causant un préjudice direct aux consommateurs.

La concurrence monopolistique

Entre ces deux extrêmes se trouve la concurrence monopolistique, situation dans laquelle de nombreuses entreprises vendent des produits différenciés mais proches. Chacune dispose d’un petit pouvoir de marché grâce à la marque, à la qualité ou au service proposé.

Exemple : dans le secteur de l’alimentation, deux enseignes peuvent vendre du yaourt, mais l’une mise sur le bio et l’autre sur le prix bas. Ces différences influencent les choix des consommateurs sans supprimer totalement la concurrence.

À retenir

Dans les marchés imparfaitement concurrentiels, les entreprises disposent d’un pouvoir de marché plus ou moins fort. Le monopole, l’oligopole et la concurrence monopolistique illustrent différentes formes de concurrence imparfaite.

Les déterminants du degré de concurrence

Le degré de concurrence d’un marché dépend de plusieurs facteurs qui influencent la facilité d’entrée ou de sortie des entreprises et la capacité des consommateurs à changer de fournisseur.

Les barrières à l’entrée

Les barrières à l’entrée empêchent ou découragent l’arrivée de nouveaux concurrents sur un marché. Elles peuvent être :

  • financières (investissement initial très élevé, comme dans l’aéronautique ou l’énergie)

  • technologiques (brevets, savoir-faire exclusif)

  • réglementaires (licences, quotas, normes strictes)

  • ou commerciales (forte notoriété d’une marque, fidélité des clients).

Exemple : dans le secteur ferroviaire, les coûts d’infrastructure et la réglementation rendent difficile l’entrée de nouveaux acteurs, ce qui limite la concurrence.

Les produits substituables et complémentaires

La présence de produits substituables (qui peuvent se remplacer) renforce la concurrence. Si le prix du beurre augmente, les consommateurs peuvent se tourner vers la margarine : la demande de beurre baisse. C’est ce qu’on appelle l’élasticité croisée.

À l’inverse, les produits complémentaires (qui s’utilisent ensemble) créent une dépendance : la hausse du prix de l’essence peut réduire la demande de voitures.

L’indice de concentration

Les économistes mesurent le degré de concurrence à l’aide de l’indice de concentration, qui indique la part du marché détenue par les plus grandes entreprises. Un marché concentré (forte part détenue par peu d’acteurs) traduit une faible concurrence.

Exemple : dans la grande distribution, les cinq principaux groupes — E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U et Auchan — contrôlent ensemble plus de 75 % du marché alimentaire français, ce qui leur donne un pouvoir important sur les prix et sur les fournisseurs.

À retenir

Le degré de concurrence dépend du nombre d’entreprises, des barrières à l’entrée, de la différenciation des produits et du poids des acteurs dominants.

Les effets du degré de concurrence sur les prix et l’innovation

Le niveau de concurrence influence directement le prix, la qualité et le rythme de l’innovation.

En situation de concurrence forte, les entreprises doivent réduire leurs coûts et améliorer leurs produits pour attirer les clients. Les prix se rapprochent du coût marginal, ce qui bénéficie au consommateur.

En revanche, une concurrence trop faible peut conduire à des prix plus élevés, une offre réduite et moins d’innovation. Les entreprises dominantes, moins soumises à la pression du marché, ont moins d’incitation à se renouveler.

Cependant, une concurrence modérée peut aussi favoriser l’investissement dans la recherche, car les entreprises disposent de marges suffisantes pour innover.

Exemple : dans le secteur automobile, la concurrence européenne pousse les constructeurs comme Renault ou Stellantis à investir massivement dans les véhicules électriques pour rester compétitifs face à Tesla ou aux marques asiatiques. Cette rivalité stimule l’innovation technologique et accélère la transition énergétique.

À retenir

Un degré de concurrence équilibré favorise à la fois des prix justes, la qualité des produits et l’innovation. Trop de concentration nuit à l’efficacité du marché, tandis qu’une concurrence excessive peut fragiliser les entreprises.

Conclusion

L’essor du numérique bouleverse les formes traditionnelles de concurrence : les plateformes comme Google, Amazon, Uber ou Airbnb occupent des positions dominantes qui posent de nouveaux défis de régulation, notamment en matière de transparence, de fiscalité et de protection des consommateurs.

Le degré de concurrence détermine la manière dont les prix se forment, comment les entreprises se comportent et quelle place occupe le consommateur dans l’économie. D’un marché de concurrence pure et parfaite à un monopole, les situations sont multiples et souvent intermédiaires. Plus le marché est ouvert, plus il favorise la baisse des prix et l’innovation, mais au prix d’une forte pression sur les producteurs. La régulation publique — qu’il s’agisse de la BCE, de la Commission européenne ou de l’Autorité de la concurrence — joue un rôle essentiel pour maintenir un équilibre entre la liberté du marché et la protection du consommateur.