La santé et l’agriculture face à l’évolution

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Les concepts de variation et de sélection naturelle sont applicables aux pratiques humaines médicales et agricoles, et permettent de porter un regard critique sur certaines de leurs conséquences.

I) Regard évolutif sur la résistance microbienne

1) Le développement de résistances chez les microbes

Les microorganismes pathogènes peuvent évoluer très rapidement et devenir résistants aux traitements médicamenteux conventionnels.

Dans le cas d’une infection bactérienne, on utilise des antibiotiques pour éliminer les bactéries. Ils agissent en bloquant la multiplication des bactéries.

Des mutations interviennent constamment − et de manière aléatoire − dans le génome bactérien. Certaines de ces mutations peuvent amener une bactérie, et toutes ses descendantes, à développer une résistance à une famille d’antibiotiques. On parle de souche de bactéries résistantes.

La résistance peut également être acquise par transfert de matériel génétique, le plus souvent par un plasmide, porteur d’un ou de plusieurs gènes de résistance. Il peut ainsi se former des souches multi-résistantes à de nombreuses familles d’antibiotiques.

Mot-clé

Les plasmides sont des éléments génétiques distincts du chromosome bactérien, que les bactéries peuvent s’échanger.

Doc Transfert de gène(s) de résistance entre deux bactéries

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L’utilisation d’un antibiotique conduit à la mort des bactéries sensibles, tandis que les bactéries résistantes survivent et se multiplient. Les antibiotiques exercent donc une pression de sélection sur les populations bactériennes, favorisant le développement des souches résistantes. On parle de sélection naturelle.

2) Les mesures pour limiter l’usage des antibiotiques

Des souches résistantes à de multiples antibiotiques sont apparues au XXe siècle, en raison de l’usage massif d’antibiotiques et de leur mauvaise utilisation (posologie ou durée des traitements inadaptées, etc.).

Plusieurs mesures permettent de limiter l’apparition de souches résistantes :

adopter un usage plus raisonné des antibiotiques ;

favoriser des mesures prophylactiques efficaces, comme la désinfection des mains et des surfaces en milieu hospitalier ;

développer de nouveaux vaccins, même si des résistances au vaccin peuvent aussi se développer…

À noter

Une vaccination de tous les enfants contre le pneumocoque – responsable de pneumonies, méningites et infections ORL – permettrait d’éviter 11 millions de journées de traitements aux antibiotiques par an dans le monde.

II) Regard évolutif sur les pratiques agricoles

La révolution agricole s’est accompagnée de la modification des pratiques agricoles, afin d’obtenir de meilleurs rendements dans les cultures.

La domestication des plantes sauvages puis le développement de plantes hybrides ont conduit au développement de variétés cultivées présentant de multiples avantages pour l’agriculteur. Il s’agit ici d’une sélection artificielle.

Mais ces pratiques agricoles sélectives conduisent aussi à une uniformisation des cultures et donc à une chute de la biodiversité végétale au sein des agrosystèmes.

De même, l’usage de produits phytosanitaires élimine de manière peu sélective de multiples insectes, ravageurs ou non des cultures, dans les champs. Cela se traduit par une chute de la biodiversité animale dans les agrosystèmes et tend à sélectionner les ravageurs qui développent des résistances aux pesticides.