Introduction
La révolution islamique d'Iran de 1979 constitue un événement majeur du XXe siècle, marquant un tournant significatif dans l'histoire contemporaine. Elle aboutit à la chute du Shah Mohammad Reza Pahlavi et à l'établissement d'une république islamique sous la direction de l'ayatollah Khomeini. Cette révolution exprime un rejet du modèle occidental, tant sur le plan politique qu’économique et culturel. Dans cette leçon, nous analyserons les causes profondes, les principales étapes, et les conséquences durables de cette révolution, en Iran et dans le monde.
Contexte historique et causes de la révolution
Pour comprendre la révolution islamique, il faut considérer le contexte historique de l'Iran au XXe siècle. Le pays, sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi, connaît un processus de modernisation rapide appelé « révolution blanche ». Inspirée du modèle occidental, cette politique vise à transformer l'Iran en une puissance industrielle moderne, mais elle génère des tensions internes importantes.
Modernisation et occidentalisation imposée
Le Shah met en œuvre des réformes économiques et sociales significatives, telles que la réforme agraire, l'expansion du système éducatif et l'amélioration des droits des femmes. Ces transformations sont perçues par une partie importante de la population comme une occidentalisation imposée qui menace les valeurs et traditions iraniennes. De plus, ces réformes accentuent les inégalités sociales, bénéficiant davantage aux élites urbaines qu’aux populations rurales et aux classes moyennes.
Ce modèle de modernisation génère aussi des conflits avec le clergé chiite et les groupes politiques de gauche, tous opposés à l'orientation politique du régime. Le système judiciaire pré-révolutionnaire, influencé par des principes occidentaux, demeure cependant en partie ancré dans des traditions juridiques et culturelles locales, reflétant cette tension entre modernité et tradition.
Opposition politique et religieuse
Le régime du Shah est également caractérisé par une forte répression politique. Le mécontentement grandissant s'incarne particulièrement dans la figure de l'ayatollah Khomeini, opposé à l'autoritarisme du Shah et à l'érosion de l'identité islamique du pays. Khomeini dénonce notamment la dépendance de l’Iran vis-à-vis des États-Unis, dont le soutien au Shah s’inscrit dans le contexte de la Guerre froide, où l’Iran représente un allié stratégique contre l’Union soviétique. Cette présence américaine, accompagnée de la dépendance économique et militaire vis-à-vis des Occidentaux, nourrit un sentiment nationaliste et anti-occidental croissant.
Le rôle des puissances occidentales dans la politique iranienne
L'ingérence occidentale dans les affaires iraniennes, notamment américaine avec l’opération Ajax en 1953, contribue fortement à exacerber les tensions. Cette opération menée par la CIA avait réinstallé le Shah après le renversement du Premier ministre démocratiquement élu, Mohammad Mossadegh, renforçant ainsi le caractère autoritaire du régime. Cette intervention, perçue comme une manipulation étrangère visant à contrôler les ressources pétrolières iraniennes, alimente profondément le ressentiment anti-occidental au sein de la société iranienne.
Déroulement de la révolution
La révolution islamique s’est déroulée en plusieurs étapes clés, menant progressivement à la chute du Shah et à l'instauration du régime islamique.
Amplification des manifestations populaires
À partir de 1978, l'Iran est secoué par d’importantes manifestations. Ces protestations, initialement centrées sur la répression politique et les difficultés économiques, prennent rapidement une dimension religieuse sous l'influence croissante de Khomeini, alors en exil en France. Celui-ci diffuse largement ses discours via des cassettes audio clandestines, dénonçant violemment le Shah et ses liens avec l'Occident, contribuant ainsi à la radicalisation de l’opposition.
Retour de Khomeini et effondrement du régime
Le 1er février 1979, Khomeini rentre triomphalement en Iran après quatorze ans d’exil. Son retour galvanise l'opposition, entraînant un effondrement rapide du régime. Le 11 février 1979, l'armée déclare sa neutralité, signant la fin effective du pouvoir du Shah. L'arrivée de Khomeini marque la victoire définitive du mouvement islamiste, après des négociations complexes avec diverses factions politiques concurrentes (monarchistes, républicains laïcs, et mouvements de gauche).
Conséquences de la révolution
La révolution islamique entraîne des conséquences profondes sur le plan national, régional et mondial.
République islamique et rupture avec l’Occident
Le nouvel État iranien, dirigé par Khomeini, instaure une théocratie islamique fondée sur l'application stricte de la charia. Cette rupture radicale avec le modèle occidental se manifeste dans tous les domaines, notamment par un système judiciaire entièrement repensé sur la base de la loi islamique. Cette nouvelle orientation modifie profondément la société iranienne, restreignant notamment les droits des femmes (voile obligatoire, restrictions professionnelles, limitation des libertés individuelles), symbolisant ainsi un rejet explicite des valeurs occidentales.
Impact régional et international
La révolution islamique influence de nombreux mouvements islamistes à travers le monde, renforçant l'idée selon laquelle l'islam pouvait être une force politique majeure capable de remettre en cause le modèle occidental. Sur le plan géopolitique, elle modifie profondément l’équilibre régional au Moyen-Orient, en exacerbant durablement les tensions avec les États-Unis. L’Iran devient ainsi un acteur principal opposé aux intérêts occidentaux, apportant son soutien à divers groupes islamistes et menant une politique étrangère activement anti-occidentale.
L’impact immédiat de la révolution sur les pays voisins du Golfe et la communauté arabe est particulièrement marqué. Ces régimes autoritaires craignent que l’Iran révolutionnaire devienne un modèle inspirant leurs propres oppositions islamistes, ce qui les pousse à renforcer leurs liens avec les puissances occidentales, notamment les États-Unis, et à durcir leur répression interne face à toute contestation potentielle.
La guerre Iran-Irak (1980-1988)
La révolution iranienne favorise indirectement le déclenchement de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Ce conflit éclate lorsque l’Irak de Saddam Hussein, encouragé et soutenu par plusieurs puissances occidentales et régionales, décide de profiter des turbulences politiques iraniennes pour attaquer son voisin. Toutefois, les motivations de Saddam Hussein ne se limitent pas à exploiter l’instabilité iranienne : il cherche également à concrétiser des ambitions territoriales anciennes, notamment sur la région frontalière stratégique du Shatt al-Arab. Cette guerre, longue et meurtrière, isole davantage l’Iran sur la scène internationale et accentue son opposition aux puissances occidentales.
Conclusion
La révolution islamique d'Iran de 1979 illustre clairement le rejet d’un modèle occidental jugé oppressif et contraire aux valeurs locales. Elle montre également l'importance déterminante des facteurs religieux.