La poésie aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment la poésie va évoluer entre le XVIIᵉ et le XVIIIᵉ siècle, entre rigueur classique et naissance d’une sensibilité nouvelle. Tu vas comprendre comment les poètes du Grand Siècle cherchent la clarté, l’ordre et l’harmonie, tandis que ceux des Lumières utilisent la poésie pour réfléchir, décrire ou émouvoir. Tu vas aussi voir comment ces deux siècles préparent les révolutions poétiques du XIXᵉ siècle. Mots-clés : poésie XVIIᵉ siècle, poésie XVIIIᵉ siècle, classicisme, Lumières, fable, élégie.

Introduction

Aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, la poésie continue d’exister dans un paysage littéraire en pleine transformation. Le XVIIᵉ siècle valorise l’ordre et la maîtrise, dans une culture marquée par le classicisme, mais connaît aussi des pratiques poétiques mondaines, comme la poésie précieuse. Au XVIIIᵉ siècle, siècle des Lumières, la poésie devient moins centrale que le théâtre, l’essai ou le roman ; elle s’oriente alors souvent vers la réflexion, la description ou la sensibilité. Cette leçon présente les évolutions essentielles de la poésie à ces deux siècles, en s’appuyant sur quelques auteurs emblématiques.

La poésie au XVIIᵉ siècle : classicisme, maîtrise et raffinement

Le XVIIᵉ siècle est fortement marqué par le classicisme, qui valorise la clarté, l’harmonie et la régularité. La poésie doit être maîtrisée, équilibrée et fidèle aux modèles antiques.

Les grands principes sont :

  • la recherche de l’ordre (vers réguliers, alexandrin dominant)

  • l’importance de la raison et de la clarté

  • l’imitation de l’Antiquité, considérée comme modèle de perfection

  • la retenue dans l’expression des sentiments

Cette poésie se manifeste sous des formes variées : poèmes lyriques maîtrisés, fables, odes, ou poésies de circonstance.

Parmi les figures majeures, on peut mentionner :

  • Jean de La Fontaine, dont les fables allient poésie, moralité et élégance classique.

  • Nicolas Boileau, théoricien du classicisme, auteur de poèmes satiriques et didactiques.

  • Théophile de Viau, poète baroque et lyrique de la première moitié du siècle.

La poésie précieuse

Même si elle ne représente pas tout le siècle, la poésie précieuse occupe une place notable dans la culture mondaine du XVIIᵉ siècle. Dans les salons, des poétesses et des poètes cultivent un art du langage fondé sur la finesse, l’ingéniosité et l’élégance.

On peut citer notamment :

  • Vincent Voiture, auteur de poésies galantes très appréciées dans les salons.

  • Madeleine de Scudéry, figure majeure de la culture précieuse, influençant le style et les thèmes.

À retenir

La poésie du XVIIᵉ siècle allie rigueur classique et goût pour le raffinement. À côté de la poésie noble, une poésie plus mondaine joue un rôle culturel important.

La poésie au XVIIIᵉ siècle : idées, sensibilité et place secondaire

Au XVIIIᵉ siècle, la poésie existe toujours mais occupe une place moins centrale que d’autres genres. Les Lumières privilégient le roman, le théâtre, l’essai et les discours philosophiques, mieux adaptés aux débats d’idées.

La poésie devient souvent :

  • didactique : elle explique, enseigne, argumente

  • descriptive : elle présente paysages, saisons, activités humaines

  • philosophique : elle invite à réfléchir sur la justice, la nature ou le bonheur

  • sensible : elle exprime émotions et rêveries, annonçant le préromantisme

Parmi les poètes représentatifs du siècle :

  • Voltaire, qui met la poésie au service de la réflexion morale et philosophique.

  • André Chénier, dont les poèmes marquent un retour à l’inspiration antique et à la sensibilité.

  • Évariste de Parny, poète élégiaque qui illustre la montée d’une sensibilité plus intime.

À retenir

Au XVIIIᵉ siècle, la poésie perd en prestige au profit d’autres genres. Elle devient plus descriptive, pédagogique et réflexive, mais conserve une dimension de sensibilité.

Les formes poétiques des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles

Même si les intentions changent, plusieurs formes poétiques restent importantes dans ces deux siècles :

  • Le sonnet, encore pratiqué mais moins dominant qu’au XVIᵉ siècle.

  • L’ode, héritée de l’Antiquité, souvent solennelle.

  • L’élégie, centrée sur la tristesse ou la perte.

  • La fable, très développée au XVIIᵉ siècle.

  • La poésie descriptive ou philosophique, surtout présente au XVIIIᵉ siècle.

À retenir

Les formes demeurent, mais les usages varient : maîtrise au XVIIᵉ, réflexion et description au XVIIIᵉ.

Conclusion

Du XVIIᵉ au XVIIIᵉ siècle, la poésie passe d’un idéal de rigueur classique à une expression plus ouverte à la réflexion et à la sensibilité. Le XVIIᵉ siècle cultive la clarté, la règle et le raffinement ; le XVIIIᵉ siècle, dominé par les Lumières, donne moins d’importance à la poésie, mais l’utilise pour transmettre des idées ou exprimer une sensibilité nouvelle. Ces évolutions annoncent la révolution poétique du XIXᵉ siècle, où le lyrisme personnel et la liberté créatrice prendront une place centrale.