Introduction
Depuis le milieu du XXe siècle, la maîtrise de la procréation a profondément transformé la société. Grâce aux progrès médicaux et à l’éducation à la sexualité, chacun peut désormais choisir le moment et le nombre de ses enfants. La contraception regroupe l’ensemble des méthodes qui permettent d’éviter une grossesse après un rapport sexuel.
Ces moyens reposent sur la connaissance du cycle féminin et sur l’usage de méthodes hormonales, mécaniques, chimiques ou naturelles. Mais la contraception ne se limite pas à la gestion de la fécondité : elle s’inscrit aussi dans la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), comme le VIH/SIDA, qui restent un enjeu majeur de santé publique.
Le cycle hormonal féminin : un rappel nécessaire
Avant de comprendre l’action des contraceptifs, il faut rappeler le fonctionnement naturel du cycle féminin. Au cours d’un cycle d’environ 28 jours, le cerveau, via l’hypothalamus et l’hypophyse (deux glandes du système endocrinien, c’est-à-dire des glandes qui libèrent des hormones dans le sang pour agir à distance sur d’autres organes), contrôle les ovaires.
L’hormone FSH (Follicle-Stimulating Hormone, « hormone folliculo-stimulante ») favorise la maturation d’un follicule ovarien, qui sécrète des œstrogènes. Vers le 14ᵉ jour, un pic de LH (Luteinizing Hormone, « hormone lutéinisante ») déclenche l’ovulation : l’ovule est libéré. Le follicule vidé se transforme ensuite en corps jaune (structure temporaire qui sécrète la progestérone). S’il n’y a pas fécondation, le corps jaune régresse, la progestérone chute et les règles apparaissent.
Les moyens hormonaux
Les contraceptifs hormonaux (pilule, implant, patch, anneau vaginal) contiennent des hormones de synthèse similaires aux œstrogènes et à la progestérone produites par les ovaires. Ces hormones maintiennent un taux stable dans le sang, reproduisant un rétrocontrôle négatif sur le cerveau, ce qui bloque la production de FSH et de LH par l’hypophyse.
Sans ces hormones, les follicules ne mûrissent pas et l’ovulation n’a pas lieu. Le col de l’utérus sécrète alors un mucus plus épais qui empêche le passage des spermatozoïdes, et la muqueuse utérine reste peu accueillante. La pilule imite donc une phase hormonale stable du cycle où le corps jaune serait encore actif, bloquant le déclenchement d’une nouvelle ovulation.
À retenir
Les contraceptifs hormonaux bloquent la sécrétion d’hormones cérébrales (FSH et LH) grâce à un rétrocontrôle négatif. Ils empêchent l’ovulation et rendent le milieu utérin défavorable à la fécondation. Très efficaces, ils ne protègent pas des IST.
Les moyens mécaniques et de barrière
Les préservatifs masculins et féminins empêchent la rencontre des gamètes (ovule et spermatozoïde). Le préservatif masculin, en latex ou en polyuréthane, recouvre le pénis et empêche les spermatozoïdes d’atteindre l’utérus. C’est le seul moyen de contraception qui protège aussi des IST, notamment du VIH/SIDA. Le préservatif féminin, inséré dans le vagin, agit de la même façon.
Le stérilet (ou dispositif intra-utérin, DIU) est placé dans l’utérus par un professionnel de santé. Le stérilet au cuivre libère des ions qui rendent le milieu utérin défavorable à la fécondation et peuvent, dans certains cas, empêcher l’implantation d’un embryon. Le stérilet hormonal, lui, libère de petites quantités de progestérone, qui épaississent le mucus cervical et réduisent la croissance de la muqueuse utérine. Ces dispositifs sont réversibles et efficaces plusieurs années.
À retenir
Le préservatif protège à la fois des grossesses et des IST. Le stérilet agit en rendant le milieu utérin défavorable à la fécondation.
Les méthodes chimiques et naturelles
Les spermicides (crèmes, gels, ovules) détruisent les spermatozoïdes dans le vagin. Leur efficacité est faible seuls, mais ils renforcent celle d’un autre moyen, comme le préservatif. Les méthodes naturelles reposent sur l’observation du cycle menstruel pour éviter les rapports sexuels pendant la période fertile.
Parmi elles, la méthode Ogino (calcul des jours fertiles à partir des cycles précédents) et la symptothermie (observation de la température corporelle et de la glaire cervicale). Ces méthodes exigent une grande rigueur : leur taux d’échec varie de 10 à 20 %, car le cycle féminin peut être perturbé par le stress, la fatigue ou la maladie.
À retenir
Les spermicides renforcent l’efficacité d’autres méthodes. Les méthodes naturelles sont peu fiables si elles ne sont pas rigoureusement suivies.
La contraception d’urgence
La contraception d’urgence, appelée aussi pilule du lendemain, est utilisée après un rapport non protégé ou un accident (préservatif déchiré, oubli de pilule). Elle contient une dose élevée d’hormones progestatives qui retardent ou bloquent l’ovulation, empêchant ainsi la fécondation.
Elle doit être prise le plus tôt possible, idéalement dans les 12 à 24 heures, et reste efficace jusqu’à 3 à 5 jours selon le produit. Elle ne doit pas être utilisée comme une méthode régulière et ne protège pas des IST.
À retenir
La pilule du lendemain agit en retardant ou bloquant l’ovulation. Elle est ponctuelle et ne protège pas des IST.
Prévention des IST : un enjeu de santé publique
Les infections sexuellement transmissibles (IST) sont provoquées par des micro-organismes pathogènes (virus, bactéries, parasites). Certaines se traitent efficacement (chlamydiose, syphilis), d’autres nécessitent un traitement au long cours, comme le VIH/SIDA.
Le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) attaque les lymphocytes T, cellules du système immunitaire qui défendent le corps contre les infections. Sans traitement, le virus affaiblit progressivement les défenses immunitaires et provoque le SIDA (Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise).
Les symptômes du SIDA apparaissent après une phase aiguë (2 à 6 semaines après l’infection, marquée par fièvre, maux de tête et fatigue), suivie d’une phase silencieuse, parfois longue de plusieurs années, où le virus reste actif sans provoquer de symptômes. Lorsque le système immunitaire devient trop faible, apparaissent des infections graves, des pertes de poids et une grande fatigue. Les traitements antirétroviraux permettent aujourd’hui de contrôler le virus et d’empêcher l’apparition du SIDA, mais ils ne le guérissent pas.
D’autres IST sont fréquentes, comme la chlamydiose, souvent sans symptômes mais pouvant causer la stérilité, ou les infections au papillomavirus humain (HPV), responsables de verrues génitales et de certains cancers, notamment du col de l’utérus. La vaccination contre le HPV et le dépistage régulier sont donc essentiels pour préserver la santé sexuelle.
À retenir
Le VIH affaiblit le système immunitaire et peut évoluer vers le SIDA après une phase silencieuse. Les IST comme la chlamydiose ou le HPV sont fréquentes mais évitables par la prévention, la vaccination et le dépistage. Le préservatif reste la meilleure protection contre les IST et les grossesses non désirées.
Conclusion
La maîtrise de la procréation repose sur la connaissance scientifique du corps et sur des choix responsables. Les moyens hormonaux agissent sur le système endocrinien (hypothalamus-hypophyse) pour bloquer l’ovulation, les moyens mécaniques empêchent la fécondation, et les méthodes naturelles nécessitent une observation précise du cycle.
Seul le préservatif protège également des IST, dont le VIH/SIDA et les infections à papillomavirus. La contraception et la prévention s’inscrivent ainsi dans une même démarche : permettre à chacun de vivre sa sexualité de façon libre, informée et respectueuse, en protégeant à la fois la santé, la liberté et la dignité humaine.
