La Ire République

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Dans cette leçon, tu vas suivre la naissance et les épreuves de la Première République, proclamée en 1792 après Valmy. Tu comprendras comment la guerre, la Terreur, les tensions religieuses et sociales ainsi que la mobilisation des sans-culottes ont façonné un régime fragile, jusqu’au coup d’État de Napoléon en 1799. Mots-clés : Première République, Valmy, Convention nationale, Terreur, sans-culottes, 18 Brumaire.

Introduction

Le 22 septembre 1792, deux jours après la victoire de Valmy, la Convention nationale proclame l’abolition de la monarchie et fonde la Première République. À Valmy, l’armée révolutionnaire française, composée de volontaires et de soldats réguliers, réussit à arrêter l’avancée prussienne. Cette victoire symbolique prouve que la France peut résister aux monarchies coalisées et donne une immense légitimité au nouveau régime. La République naît ainsi dans l’enthousiasme, mais aussi dans un contexte de crise : guerre extérieure, révoltes intérieures et divisions politiques. Entre 1792 et 1799, elle doit à la fois affirmer ses idéaux de liberté et d’égalité et assurer sa survie.

Les débuts de la République et la Convention nationale

Élue au suffrage universel masculin direct, la Convention nationale succède à l’Assemblée législative en septembre 1792. Cette innovation marque une rupture avec le suffrage censitaire de 1791. Toutefois, la participation est très faible, car le pays est en guerre et une partie de la population (notamment les nobles et les prêtres réfractaires) ne participe pas, sans qu’il y ait d’exclusion légale.

La Convention doit gouverner et rédiger une nouvelle constitution. Deux grands courants s’y affrontent : les Girondins, favorables à une république modérée et décentralisée, et les Montagnards, proches des sans-culottes parisiens et partisans de mesures sociales plus radicales.

En parallèle, elle adopte des mesures symboliques : le calendrier républicain et, en février 1794, l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises (mesure que Napoléon rétablira en 1802). Mais l’urgence est ailleurs : il faut faire face à la guerre contre la Première Coalition (Autriche, Prusse, Royaume-Uni, Espagne, Provinces-Unies) et réprimer les insurrections, qu’il s’agisse de la guerre de Vendée ou des révoltes fédéralistes de Lyon, Marseille et Toulon.

À retenir

La Convention nationale, élue en 1792, tente de mettre en place un régime républicain, mais doit affronter la guerre extérieure et de graves révoltes intérieures.

La Terreur : un régime d’exception dans un contexte de crise

En 1793, la République est menacée de toutes parts : invasions étrangères, révoltes royalistes, insurrections fédéralistes et divisions internes à la Convention. Après l’exécution de Louis XVI en janvier, la guerre s’aggrave et les Girondins sont éliminés en juin. Les Montagnards prennent le pouvoir et instaurent la Terreur, dirigée par le Comité de salut public.

La Terreur repose sur des mesures d’exception : tribunaux révolutionnaires, arrestations massives et exécutions d’« ennemis de la République ». Soutenus par les sans-culottes, les Montagnards veulent sauver la République, assurer le ravitaillement et briser toute opposition.

Mais cette politique engendre une violence extrême. Le 27 juillet 1794 (9 Thermidor an II), Robespierre est renversé et exécuté, mettant fin à la Terreur. Le pays sort meurtri de cette expérience.

À retenir

La Terreur (1793-1794) est instaurée pour défendre la République menacée, mais elle entraîne une répression massive et divise durablement la société.

Les représentants de la nation et les sans-culottes

La République repose sur la Convention élue, mais elle est constamment influencée par la mobilisation des sans-culottes parisiens. Ces artisans, ouvriers et petits commerçants jouent un rôle central dans les insurrections et exercent une pression sur les députés.

Leur action permet l’adoption de mesures sociales comme le maximum des prix. Cependant, leur idéal d’une démocratie directe et égalitaire se heurte à la logique représentative de la Convention. Cette tension entre la rue parisienne et les institutions élues illustre l’une des fragilités de la Première République.

À retenir

Les sans-culottes, force surtout parisienne, soutiennent la République mais prônent une démocratie plus directe, ce qui les oppose aux députés de la Convention.

La Révolution et l’Église

La question religieuse reste une source de conflits. Depuis 1790, la Constitution civile du clergé avait divisé le clergé entre prêtres « jureurs » et « réfractaires ». Sous la République, certains révolutionnaires radicaux lancent une politique de déchristianisation : fermeture d’églises, destruction de symboles religieux, fêtes civiques en lieu et place des fêtes chrétiennes.

En juin 1794, Robespierre institue toutefois un culte officiel, celui de l’Être suprême, qui se distingue de la déchristianisation radicale. Il ne s’agit pas d’une séparation moderne de l’Église et de l’État (celle-ci date de 1905), mais d’une volonté de réduire l’influence de la religion dans la vie publique. Cette politique est largement rejetée par les campagnes et nourrit des révoltes, comme en Vendée.

À retenir

La déchristianisation et le culte de l’Être suprême cherchent à limiter l’influence religieuse, mais provoquent un fort rejet populaire, surtout dans les campagnes.

La guerre en Europe et la nation en armes

En août 1793, la Convention décrète la levée en masse : tous les hommes célibataires de 18 à 25 ans doivent rejoindre l’armée, tandis que le reste de la population soutient l’effort de guerre.

Cette mobilisation générale permet de repousser les invasions. En juin 1794, la victoire de Fleurus assure la sécurité du territoire français et marque un tournant décisif. La République passe à l’offensive et annexe des territoires, diffusant ses idéaux en Europe. Mais cette guerre totale impose des sacrifices immenses et épuise la population.

À retenir

La levée en masse de 1793 mobilise toute la société. Elle permet des victoires comme Fleurus en juin 1794, mais au prix de lourds sacrifices.

Conclusion

De 1792 à 1799, la Première République tente de concilier l’affirmation des idéaux de liberté, d’égalité et de souveraineté nationale avec la nécessité de survivre dans un contexte de crise. La guerre extérieure, les révoltes intérieures, la Terreur, la mobilisation des sans-culottes et les politiques religieuses montrent une République en tension constante. Ces contradictions finissent par l’affaiblir, ouvrant la voie au coup d’État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), qui porte Napoléon Bonaparte au pouvoir et clôt l’expérience républicaine commencée à Valmy.