La frontière germano-polonaise de 1939 à 1990

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Les frontières polonaises sont redessinées au ­sortir de la Seconde Guerre mondiale. Issu d’une occupation militaire, le nouveau découpage ne sera validé ­juridiquement que 45 ans plus tard.

I. 1939-1945 : des frontières dessinées par la guerre

1)  Un premier partage de la Pologne

Le 23 août 1939, un traité de non-agression est signé entre l’Allemagne ­nazie et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Ce pacte germano-­soviétique prévoit un partage secret de l’Europe entre les deux puissances.

En application de ce traité, l’Armée rouge envahit la Pologne en septembre, décalant ainsi sa frontière de 300 kilomètres environ à l’ouest.

2)  Le glissement de la Pologne vers l’ouest

Mais en juin 1941, l’Allemagne nazie attaque l’URSS, rompant ainsi le pacte signé deux ans plus tôt. Joseph Staline se rapproche alors des Alliés et entame des négociations pour se voir reconnaître les territoires occupés en 1939.

À la conférence de Téhéran fin 1943, les États-Unis et le Royaume-Uni ­acceptent la revendication soviétique et proposent en échange au gouvernement polonais un déplacement de la frontière à l’ouest aux dépens de l’Allemagne.

II. 1945-1970 : une limite provisoire qui s’éternise

1)  Une solution provisoire entérinée à Postdam

Sans attendre un accord international, Staline organise en mai 1945 l’occupation de fait de l’Allemagne orientale par le gouvernement communiste polonais.

Mot clé

La ligne Oder-Neisse, longue de près de 500 kilomètres, tient son nom du fleuve Oder et de son affluent la Neisse.

En juillet 1945, à la conférence de Potsdam, les Alliés entérinent la cession à la Pologne de près de 100 000 km2 pris sur le Reich. La frontière ­germano-polonaise est fixée sur la ligne Oder-Neisse dans l’attente d’un traité définitif.

2)  Entre RDA et RFA

Issue de la scission de l’Allemagne en 1949, la République démocratique allemande (RDA), membre du bloc de l’Est et contrôlée de fait par l’URSS, reconnaît la ligne Oder-Neisse comme frontière (traité de Görlitz, 6 juillet 1950).

Mais la République fédérale d’Allemagne (RFA), proche du bloc de l’Ouest, considère que seules les frontières du Reich de 1937 ont une existence légale.

III. 1970-1990 : une frontière validée par le droit

1)  Une reconnaissance diplomatique partielle

Mot clé

L’ostpolitik est une ­politique de rapprochement de la RFA avec les pays d’Europe de l’Est. Cette politique est menée par le chancelier Willy Brandt de 1969 à 1974.

Dans le cadre de l’ostpolitik, la RFA accepte de reconnaître la ligne Oder-Neisse par le traité de ­Varsovie du 7 décembre 1970.

Mais, dans le même temps, Bonn rappelle qu’aucun traité de paix ne sera valide tant que l’Allemagne n’est pas réunifiée.

De plus, selon les accords de paix signés à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, les quatre puissances victorieuses en mai 1945 conservent « des droits et des responsabilités » sur l’Allemagne.

2)  La fin d’un imbroglio diplomatique

En novembre 1989, la chute du mur de Berlin marque le début du processus de réunification allemande, qui aboutira en octobre 1990.

Le 21 juin 1990, le chancelier Helmut Kohl annonce la reconnaissance en droit international de la frontière entre l’Allemagne et la Pologne.

Le 12 septembre 1990, les quatre puissances occupantes de l’Allemagne en 1945 et les deux États allemands se réunissent à Moscou pour signer un traité qui entérine juridiquement la frontière acquise par les armes 45 ans plus tôt.

Zoom

Le sort des réfugiés allemands et polonais

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En 1945, des millions d’Allemands fuient vers l’ouest. Leurs terres sont alors confisquées au profit du Parti communiste polonais. Jusque dans les années 1970, ces réfugiés réclament une clarification juridique de leur situation.

Depuis la reconnaissance de la frontière en 1990, ils revendiquent un dédommagement pour la confiscation de leurs propriétés.