La biodiversité à travers le temps

icône de pdf
Signaler
Dans cette leçon, tu retraces l’histoire de la biodiversité depuis son apparition jusqu’à aujourd’hui. Tu verras comment la vie a évolué, traversé plusieurs extinctions massives, puis retrouvé un équilibre, et comment les activités humaines provoquent aujourd’hui une nouvelle crise planétaire du vivant. Mots-clés : biodiversité, évolution, fossiles, extinctions massives, crise du vivant, activités humaines.

Introduction

Depuis plus de 3,8 milliards d’années, la vie n’a cessé d’évoluer sur Terre. Les fossiles, les roches et les analyses génétiques témoignent d’une longue histoire faite d’apparitions, de disparitions et de transformations d’espèces. La biodiversité — c’est-à-dire la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes — n’a jamais été stable : elle augmente, diminue, puis se reconstitue au fil des temps géologiques, ces immenses périodes qui structurent l’histoire de notre planète.

Au cours de cette histoire, la Terre a connu plusieurs crises biologiques majeures, durant lesquelles une grande partie des espèces a disparu. Mais après chaque crise, la vie a su renaître et se diversifier à nouveau. Aujourd’hui, la biodiversité évolue encore, mais sous une influence inédite : celle des activités humaines.

Une biodiversité en perpétuelle évolution

La vie est apparue dans les océans primitifs, il y a environ 3,8 milliards d’années, sous la forme de cellules simples. Ces premières formes de vie se sont progressivement diversifiées, donnant naissance à des organismes de plus en plus complexes : plantes, poissons, amphibiens, reptiles, mammifères…

Pour reconstituer cette évolution, les scientifiques étudient le registre fossile. Les fossiles sont des traces d’anciens êtres vivants conservées dans les roches. En observant la succession des couches de roches, appelées strates, les géologues peuvent lire l’histoire de la vie : chaque strate correspond à une époque, et les fossiles qu’elle contient indiquent les espèces qui existaient à ce moment-là. Une coupe géologique (superposition de strates visibles dans une falaise ou une carrière) permet ainsi de visualiser l’ordre chronologique des espèces, depuis les plus anciennes en bas jusqu’aux plus récentes en haut.

Les chercheurs ont découpé cette histoire en ères géologiques :

  • Le Paléozoïque (de 540 à 250 millions d’années) est l’ère des océans anciens. La vie y foisonne sous la mer avec les trilobites, les poissons primitifs et voit apparaître les premières plantes terrestres et les insectes.

  • Le Mésozoïque (de 250 à 66 millions d’années), souvent appelé l’« ère des reptiles », est dominé par les dinosaures, les reptiles marins, les premiers oiseaux et les mammifères primitifs.

    Le Cénozoïque (de 66 millions d’années à aujourd’hui) correspond à l’ère des mammifères et de la diversification des plantes à fleurs.

En dehors des périodes de crise, les espèces apparaissent et disparaissent à un rythme lent et régulier : on parle d’extinctions de fond. Ces extinctions naturelles font partie de la dynamique du vivant, mais elles se produisent sur des millions d’années et concernent un petit nombre d’espèces à la fois.

À retenir

La vie sur Terre s’est progressivement complexifiée au fil des ères géologiques. Les fossiles permettent de retracer cette évolution. En dehors des crises majeures, les espèces apparaissent et disparaissent lentement, selon un rythme naturel appelé extinction de fond.

Les extinctions massives : des crises biologiques planétaires

Les crises biologiques sont des périodes où une part importante des espèces disparaît en un temps géologiquement court. Elles sont mises en évidence grâce à l’étude du registre fossile : dans les strates de roches, les paléontologues observent la disparition soudaine de nombreux fossiles suivie d’une diversification rapide d’espèces nouvelles.

La Terre a connu cinq grandes extinctions massives :

  • Fin de l’Ordovicien (il y a 440 millions d’années) : un refroidissement global provoque une baisse du niveau des mers et la disparition d’environ 85 % des espèces marines.

  • Fin du Permien (il y a 252 millions d’années) : la plus dévastatrice, causée par un volcanisme massif en Sibérie. Près de 95 % des espèces disparaissent, notamment les trilobites.

  • Fin du Crétacé (il y a 66 millions d’années) : un astéroïde géant s’écrase dans la péninsule du Yucatán, déclenchant incendies, obscurcissement du ciel et effondrement des chaînes alimentaires. Les dinosaures non aviens disparaissent, permettant aux mammifères de se diversifier ensuite.

Chaque crise a profondément bouleversé les écosystèmes, mais elles ont aussi été suivies de reconstructions. Après chaque extinction, la vie a retrouvé un équilibre en se diversifiant de nouveau. C’est ainsi que la biodiversité s’est sans cesse renouvelée, tout en évoluant vers des formes toujours plus variées.

À retenir

La Terre a connu cinq grandes extinctions massives au cours des temps géologiques. Ces crises ont détruit une grande partie du vivant, mais elles ont aussi permis l’émergence de nouvelles espèces et la reconstruction des écosystèmes.

Les transformations récentes et la crise actuelle de la biodiversité

Depuis environ 10 000 ans, après la dernière glaciation, la biodiversité terrestre s’était stabilisée. Mais depuis le début de l’ère industrielle, les activités humaines ont profondément modifié cette dynamique.

La déforestation, l’urbanisation, la pollution, la surpêche, la fragmentation des milieux et le réchauffement climatique provoquent la disparition accélérée des espèces. Les scientifiques estiment que le rythme actuel d’extinction est 100 à 1 000 fois supérieur aux taux naturels d’extinctions de fond observés dans le registre fossile. Autrement dit, les pertes d’espèces actuelles dépassent largement les fluctuations naturelles connues dans l’histoire du vivant.

Des animaux emblématiques, comme le rhinocéros noir d’Afrique de l’Ouest, le dodo de l’île Maurice ou le tigre de Java, ont déjà disparu, tandis que d’autres, comme les tortues marines, les abeilles ou les orangs-outans, sont aujourd’hui menacés.

Cette nouvelle crise de la biodiversité, parfois qualifiée de sixième extinction de masse, est différente des précédentes : elle est causée non par un phénomène naturel, mais par l’activité humaine.

Pour mesurer et comprendre cette crise, les scientifiques s’appuient sur les travaux de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), créée en 2012 sous l’égide de l’ONU. Cet organisme international évalue l’état de la biodiversité mondiale et aide les gouvernements à élaborer des politiques de protection.

Face à cette situation, des actions de préservation se multiplient : création de réserves naturelles, reboisement, réintroduction d’espèces disparues localement ou encore accords internationaux comme ceux de la COP15 sur la biodiversité (2022).

À retenir

La crise actuelle de la biodiversité est provoquée par les activités humaines et se déroule à un rythme sans précédent. Elle menace de nombreuses espèces, mais des actions internationales sont mises en place pour tenter d’enrayer cette disparition.

Conclusion

Depuis son apparition, la biodiversité a connu des périodes d’expansion, des crises majeures et des phases de reconstruction. Chaque extinction massive a ouvert la voie à de nouvelles formes de vie, façonnant la diversité actuelle du monde vivant.

Mais la crise actuelle se distingue par sa vitesse et son origine humaine. Alors que les extinctions de fond se produisent à un rythme lent et naturel, la disparition d’espèces s’accélère aujourd’hui à une vitesse sans précédent.

L’humanité est devenue un acteur central de l’évolution du vivant. Elle a désormais la responsabilité de préserver les écosystèmes, de limiter son impact et de protéger la diversité biologique, fruit de 3,8 milliards d’années d’histoire. Comprendre l’évolution de la biodiversité à travers le temps, c’est aussi apprendre à garantir son avenir.