L'influence du modèle politique britannique sur les Lumières

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Pour les philosophes français des Lumières, le modèle britannique constitue un modèle : Londres est une ville attractive et prospère ; le philosophe anglais John Locke développe des idées novatrices. Voltaire et Montesquieu trouvent ainsi des armes pour remettre en cause la monarchie absolue.

I Le rayonnement de Londres au XVIIIe siècle

Au XVIIIe siècle, Londres connaît une forte croissance démographique : la ville passe de 500 000 habitants en 1700 à 900 000 habitants en 1801. En même temps, elle s’étale tant vers l’ouest aisé (West End) que vers l’est populaire (Est End). Cette dernière partie de Londres a profité de l’immigration de protestants fuyant le royaume de France après la révocation de l’édit de Nantes en 1685.

Depuis la fin du XVIIe siècle, Londres connaît une forte croissance économique : le quartier de la City concentre ainsi les activités commerciales et financières qui profitent du dynamisme du grand commerce maritime.

Au XVIIIe siècle, Londres est une métropole européenne de par son influence économique, politique et culturelle : elle concurrence Paris, Berlin et Amsterdam.

II L’influence d’un philosophe majeur : John Locke

John Locke (1632-1704) est un homme de conviction. Il s’oppose à la politique absolutiste des rois Charles II et Jacques II, et doit s’exiler en France de 1672 à 1670 puis en Hollande. Il revient en Angleterre après la Glorieuse Révolution de 1688.

Il rédige d’importants ouvrages philosophiques tels que les Lettres sur la tolérance (1689) ou le Traité sur le gouvernement civil (1690).

Locke est l’un des fondateurs de la notion d’État de droit : il considère que l’homme ne doit être soumis « à la volonté d’aucun maître » ; au contraire, seul est légitime le « pouvoir législatif établi par le consentement de la communauté » (Traité sur le gouvernement civil, 1690).

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Le libéralisme politique défend les libertés individuelles face à l’État. Le libéralisme économique préconise la libre entreprise et la non-intervention de l’État dans la vie économique.

Il est aussi l’un des précurseurs du libéralisme politique : selon lui, l’État doit être le garant des libertés individuelles et se limiter à ses fonctions régaliennes (police, justice, finances).

Il pense que la politique doit être indépendante de la religion : la vie politique concerne le présent, ici-bas ; la vie religieuse le futur, au-delà.

III L’influence du modèle politique britannique en France

Les philosophes français des Lumières critiquent la monarchie absolue de droit divin en prenant pour modèle la monarchie parlementaire britannique. En effet, Louis XV (1715-1774), successeur du « Roi-Soleil », se montre aussi absolutiste et intolérant que son aïeul.

Voltaire (1694-1778) découvre l’Angleterre lors de son exil de 1726 à 1728. Son séjour lui permet de découvrir la culture et les institutions du pays, ce qu’il relate dans ses Lettres philosophiques (ou Lettres anglaises) parues en 1734. Il s’y montre un grand admirateur du libéralisme politique et économique de ce pays.

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Montesquieu (1689-1755) est conseiller au parlement de Bordeaux. Ses voyages en Europe inspirent sa philosophie politique qui défend les régimes constitutionnels au nom des libertés.

Montesquieu séjourne également en Angleterre où il observe le fonctionnement des institutions. Cette expérience influence la rédaction de son ouvrage majeur : De l’Esprit des lois (1748). Il y défend le principe de séparation des pouvoirs, condition indispensable à l’exercice des libertés.