L’exploitation des tables de mobilité

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Si au sein de certaines catégories sociales l’immobilité intergénérationnelle est forte, celle-ci diminue au profit d’une mobilité sociale ­ascendante et descendante et d’une plus grande fluidité sociale.

I) Les tendances de la mobilité sociale actuelle

1) Le poids de l’immobilité sociale

La part des individus immobiles est de l’ordre d’un tiers (36,6 % chez les hommes de 30 à 59 ans en 2017), avec des écarts importants en fonction des CSP. Cela reflète une forte reproduction sociale.

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Le concept de reproduction sociale désigne la tendance qu’a la structure sociale à se perpétuer de génération en génération.

Ce sont les enfants d’ouvriers et de cadres qui connaissent l’immobilité la plus forte puisque respectivement 47,2 % des premiers et 49,3 % des seconds occupent la même CSP que leur père en 2017.

Les agriculteurs sont marqués par un fort auto-recrutement puisque près de 80 % d’entre eux sont eux-mêmes enfants d’agriculteurs. C’est vrai aussi pour près de 60 % des ouvriers.

2) La mobilité ascendante et descendante

Les ouvriers et employés connaissent mécaniquement une mobilité ascendante plus forte, étant situés en bas de l’échelle sociale. Ainsi 21,4 % des fils d’ouvriers ont intégré les professions intermédiaires en 2017 et 10,5 % sont devenus cadres.

À l’inverse les cadres et professions intellectuelles supérieures connaissent une mobilité descendante mécaniquement plus forte : sur 100 fils de cadres, 24,4 sont professions intermédiaires, 7,9 sont employés et 9,2 sont ouvriers.

La CSP professions intermédiaires est mécaniquement celle qui permet le plus de mobilité (ascendante et descendante).

Ascendants ou descendants, les trajets de mobilité s’effectuent majoritairement au sein de CSP proches.

3) La mobilité sociale des femmes

En 2015, 70,5 % des femmes de 35 à 59 ans occupent une CSP différente de celle de leur mère et 29,5 % occupent la même CSP. La mobilité des femmes est supérieure à celle des hommes (+5,3 points).

Les femmes, comparées à leur mère, connaissent une mobilité ascendante supérieure à celle des hommes, comparés à leur père. En revanche, comparées à leur père, leur mobilité ascendante est plus faible de près de 6 points à celle des hommes.

II) Les évolutions de la mobilité sociale

La mobilité sociale s’est accrue entre 1977 et 1993, particulièrement chez les femmes comparées à leur mère (+10 points). Depuis 1993, elle diminue pour les hommes (–2,2 points) et reste stable chez les femmes.

La mobilité verticale augmente sur l’ensemble de la période (+12 points chez les hommes, +29 points chez les femmes). Chez les femmes, c’est la mobilité ascendante qui augmente le plus tandis que chez les hommes c’est la mobilité descendante, caractéristique d’un phénomène de ­déclassement social.

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Outre la mobilité sociale descendante, le déclassement social désigne aussi une mobilité professionnelle descendante et l’occupation d’une position socioprofessionnelle inférieure à ce que le niveau de formation permet d’atteindre.

La fluidité sociale s’est globalement accrue ­depuis 1977 : la probabilité de devenir cadre plutôt qu’ouvrier était, en 1977, 91,7 fois supérieure chez les fils de cadres que chez les fils d’ouvriers, et en 2003, 28,8 fois supérieure.

Cet affaiblissement de l’effet de l’origine sur la position sociale s’est traduit en même temps par une hausse de la mobilité sociale ascendante et des déclassements plus nombreux.