L’évolution du rôle et de la place des villes petites et moyennes

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Dans cette leçon, tu vas comprendre les difficultés que connaissent de nombreuses petites et moyennes villes françaises, fragilisées par la métropolisation, la désindustrialisation et la perte de services. Tu verras aussi comment certaines parviennent à se réinventer grâce à leur patrimoine, leur économie locale ou des politiques publiques de soutien. Mots-clés : petites villes, villes moyennes, métropolisation, dévitalisation urbaine, Action cœur de ville, attractivité territoriale.

Introduction

À Guéret, préfecture de la Creuse, les vitrines vides et les panneaux « À louer » racontent une histoire partagée par de nombreuses petites et moyennes villes françaises. Depuis plusieurs décennies, la métropolisation concentre l’essentiel de la croissance démographique, économique et culturelle dans les grandes agglomérations, bien connectées aux réseaux nationaux et internationaux. Dans ce contexte, ces villes de taille intermédiaire entre la petite commune et la métropole connaissent des trajectoires contrastées : certaines s’affaiblissent, d’autres parviennent à se réinventer en misant sur leur patrimoine, leur savoir-faire ou leur cadre de vie.

Les difficultés rencontrées

De nombreuses petites et moyennes villes subissent un processus de déclassement. Les centres-villes se vident peu à peu, marqués par les commerces fermés et la concurrence des zones commerciales périphériques et du commerce en ligne. La disparition progressive de services publics – bureaux de poste, hôpitaux de proximité, trésoreries – accentue ce déclin.

Sur le plan économique, la désindustrialisation a frappé de plein fouet des villes comme Vierzon ou Saint-Dizier. La perte d’emplois a provoqué le départ des jeunes actifs, alimentant un vieillissement démographique. Avec une population réduite, les ressources fiscales des communes diminuent, ce qui limite les investissements nécessaires à leur redynamisation.

À retenir

Ces villes fragilisées subissent la perte d’emplois, la fermeture de services et le recul de l’activité commerciale, ce qui entretient un cercle vicieux de dévitalisation.

Des exemples de marginalisation face aux grandes métropoles

L’influence croissante des grandes métropoles marginalise les villes situées en dehors des grands axes de transport. Moulins ou Nevers, malgré leur statut de préfecture, peinent à attirer entreprises et habitants faute de connexions rapides avec Paris, Lyon ou d’autres pôles économiques.

Certaines villes pâtissent aussi d’une dépendance forte à des activités sensibles aux mutations industrielles et militaires. Cherbourg, longtemps structurée par son arsenal et son activité portuaire, a dû s’adapter aux évolutions stratégiques et industrielles, même si la construction navale militaire reste un employeur majeur. La diversification récente vers les énergies marines renouvelables illustre cette capacité d’adaptation.

Dans les outre-mer, Cayenne, capitale de la Guyane, connaît une croissance démographique soutenue, mais reste confrontée à des difficultés liées à l’isolement géographique, aux inégalités territoriales et à une forte dépendance vis-à-vis des échanges avec la métropole et les pays voisins. Cette croissance rapide pose aussi des défis urbains importants en matière de logement et d’infrastructures.

À retenir

Les petites et moyennes villes éloignées des réseaux de transport ou trop dépendantes d’activités spécifiques connaissent des fragilités qui limitent leur développement, tandis que certaines villes ultramarines affrontent surtout l’isolement, les inégalités territoriales et une urbanisation rapide difficile à maîtriser.

Les cas de renouveau

Malgré ces fragilités, certaines villes réussissent à trouver un second souffle. Le développement de filières spécialisées peut relancer l’emploi : à Figeac, l’aéronautique (groupe Ratier-Figeac) constitue un moteur local, tandis qu’Oyonnax mise sur la mécanique de précision et la plasturgie.

La mise en valeur du patrimoine et de l’économie locale est aussi un atout décisif. Albi, avec son centre historique classé à l’UNESCO, ou Colmar, qui combine attractivité touristique, dynamisme viticole et tissu économique diversifié, ont su renforcer leur image et leur vitalité. Depuis la pandémie de Covid-19, le télétravail accentue ce mouvement : de nombreux actifs recherchent désormais des villes plus petites offrant tranquillité, proximité avec la nature et qualité environnementale.

À retenir

Le renouveau de certaines villes repose sur leurs atouts spécifiques : savoir-faire industriels, patrimoine historique, activités économiques locales et cadre de vie attractif.

Les politiques publiques de soutien

Face à ces défis, l’État et les collectivités locales mettent en place des stratégies ciblées. Le programme Action cœur de ville, lancé en 2018, concerne 234 villes de 20 000 à 100 000 habitants. Son objectif est la revitalisation des villes moyennes à travers la rénovation de l’habitat, le soutien au commerce et l’amélioration de l’accessibilité.

Les régions et départements soutiennent la mobilité pour mieux connecter ces villes aux métropoles : réouverture de lignes ferroviaires, amélioration des dessertes en bus, investissements routiers. Les municipalités locales, de leur côté, misent sur de nouveaux équipements culturels et sportifs, organisent des événements et encouragent l’installation d’entreprises par des mesures fiscales ou foncières.

À retenir

Les politiques publiques visent à redonner vitalité aux villes moyennes par la rénovation des centres, le soutien à l’économie et l’amélioration des mobilités.

Conclusion

Les petites et moyennes villes françaises se situent à la croisée des chemins. Certaines s’enfoncent dans le déclin, victimes de la métropolisation et de la désindustrialisation. D’autres, en revanche, réussissent à se réinventer grâce à leurs atouts locaux et à l’appui de politiques publiques. Leur avenir repose sur leur capacité à se connecter aux grandes dynamiques régionales, à diversifier leur économie et à mettre en avant leur cadre de vie. C’est ainsi qu’elles pourront rester des espaces vivants et attractifs dans la France de demain.