L’échec de la monarchie constitutionnelle

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Dans cette leçon, tu vas suivre la mise en place et l’échec de la monarchie constitutionnelle entre 1791 et 1792. Tu comprendras comment la fuite de Varennes, la guerre, les tensions religieuses et sociales, puis l’assaut des Tuileries ont conduit à la chute du roi et à la naissance de la République. Mots-clés : Révolution française, Constitution de 1791, monarchie constitutionnelle, chute de la monarchie, Louis XVI, République.

Introduction

En 1789, la Révolution française met fin à l’Ancien Régime et bouleverse l’ordre établi. Les privilèges de la noblesse et du clergé sont abolis, et une nouvelle conception de la société fondée sur la souveraineté nationale et l’égalité devant la loi s’impose. Pourtant, une question essentielle reste ouverte : quel régime politique doit remplacer la monarchie absolue ? Beaucoup de députés souhaitent conserver un roi, mais en limitant strictement son pouvoir. C’est dans ce contexte qu’est élaborée la Constitution de 1791, qui inaugure une monarchie constitutionnelle. Ce compromis sera de courte durée : en trois ans, les divisions internes, la guerre et la défiance envers le roi conduisent à l’effondrement du régime et à la naissance de la République en 1792.

La Constitution de 1791 et le fonctionnement de la monarchie constitutionnelle

Depuis 1789, l’Assemblée constituante s’est attelée à la rédaction d’un texte fondateur destiné à réorganiser entièrement les institutions du royaume. Après deux années de débats passionnés, la Constitution est adoptée le 3 septembre 1791. Elle établit une monarchie constitutionnelle : la souveraineté appartient désormais à la nation, mais le roi conserve un rôle central dans l’exécutif. Il nomme ses ministres, qui sont responsables devant lui et non devant l’Assemblée.

Le pouvoir législatif est confié à une Assemblée élue au suffrage censitaire. Ce choix écarte la majorité des Français — toutes les femmes et une grande partie des hommes — car seuls ceux qui paient un certain niveau d’impôt peuvent voter. Enfin, le pouvoir judiciaire reste indépendant et confié aux tribunaux.

Ce système repose sur une recherche d’équilibre entre les pouvoirs, inspirée des idées des Lumières. Mais derrière cette modernité, la portée démocratique reste limitée, ce qui nourrit déjà des tensions.

À retenir

La Constitution de 1791 fonde une monarchie constitutionnelle : la nation détient la souveraineté, mais le roi conserve un rôle important dans l’exécutif. Le suffrage censitaire limite largement la participation politique.

Des tensions internes qui fragilisent le régime

Dès l’entrée en vigueur de la Constitution, les tensions se multiplient. Louis XVI n’accepte pas pleinement les réformes. Il utilise son droit de veto pour bloquer certaines lois, notamment celles visant les prêtres réfractaires qui refusent la Constitution civile du clergé. Ces décisions renforcent la suspicion du peuple et des clubs révolutionnaires comme les Jacobins ou les Cordeliers, qui l’accusent de trahir la Révolution.

Cette défiance culmine avec la fuite de Varennes, dans la nuit du 20 au 21 juin 1791. En tentant de rejoindre une région acquise à la monarchie pour préparer un éventuel retour en force, le roi et sa famille sont arrêtés puis ramenés à Paris. Cet épisode provoque une rupture symbolique : beaucoup de Français considèrent désormais que le roi est un traître.

À cela s’ajoute le contexte international. En avril 1792, la France déclare la guerre à l’Autriche et à la Prusse, qui redoutent la contagion révolutionnaire. Les premières défaites militaires alimentent le soupçon que le roi complote avec les ennemis. Parallèlement, la crise économique et la hausse du prix du pain attisent la colère des sans-culottes, tandis que la division religieuse, née de la Constitution civile du clergé, fracture la société.

À retenir

La monarchie constitutionnelle est fragilisée par la fuite de Varennes, l’opposition du roi aux réformes, les tensions religieuses et sociales, ainsi que la guerre contre l’Autriche et la Prusse.

Les journées révolutionnaires et la chute de la monarchie

L’été 1792 est marqué par une montée de la violence. Paris est en effervescence, la peur d’une trahison du roi se mêle à la menace d’une invasion étrangère. Le 10 août 1792, les sans-culottes parisiens, épaulés par des fédérés venus de province, prennent d’assaut le palais des Tuileries. Les combats sont sanglants : ce sont principalement les gardes suisses qui défendaient le roi qui sont massacrés.

Cet événement marque la fin de la monarchie constitutionnelle. Louis XVI est suspendu de ses fonctions par l’Assemblée et enfermé avec sa famille à la prison du Temple. La Commune insurrectionnelle de Paris impose alors sa loi et pousse l’Assemblée législative à convoquer une nouvelle assemblée, la Convention nationale, élue au suffrage universel masculin direct. Elle a pour mission de rédiger une nouvelle constitution et de fonder un régime républicain.

À retenir

Le 10 août 1792 marque la chute de la monarchie constitutionnelle. Le roi est emprisonné et une Convention nationale, élue au suffrage universel masculin direct, prépare la République.

Le procès et la mort de Louis XVI

L’arrestation du roi ouvre une question brûlante : que faire de lui ? En décembre 1792, la Convention nationale décide de le juger pour trahison. Les preuves sont accablantes, notamment sa correspondance secrète avec les puissances étrangères. Le débat divise les députés : certains veulent l’exil, d’autres estiment qu’un roi devenu simple citoyen doit répondre de ses actes comme tout individu.

Le 21 janvier 1793, Louis XVI est exécuté par guillotine sur la place de la Révolution à Paris. Cet acte, sans précédent en Europe, provoque un choc immense. Il scelle la rupture définitive avec la monarchie et précipite la France dans une guerre totale : contre les monarchies européennes coalisées, mais aussi contre les soulèvements intérieurs comme la guerre de Vendée.

À retenir

L’exécution de Louis XVI en janvier 1793 marque la fin de la monarchie et ouvre une nouvelle ère : celle d’une République en guerre, menacée à la fois de l’extérieur et de l’intérieur.

Conclusion

De 1789 à 1792, la monarchie constitutionnelle a tenté de concilier tradition monarchique et idéaux révolutionnaires. Mais la défiance envers le roi, les fractures religieuses et sociales, la crise économique et la guerre étrangère ont précipité sa chute. Le 10 août 1792 et l’exécution de Louis XVI en janvier 1793 scellent l’échec du compromis. La France entre alors dans une nouvelle phase de son histoire : celle d’une République en guerre, née dans la tourmente et appelée à durer.