Juste la fin du monde : fiche de lecture

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I) Résumé de l'œuvre 

Le texte se divise en deux parties, encadrées d’un prologue et d’un épilogue.

Louis, l’aîné d’une fratrie composée de son frère Antoine, accompagné de sa femme Catherine, et de sa sœur Suzanne rend visite à sa famille qu’il n’a pas vue depuis très longtemps. La mère préside maladroitement. Louis compte leur annoncer sa mort prochaine.

Entre déchirements et tendresse malhabile, la famille ne parvient pas à se retrouver et Louis repart sans avoir rien dit.

II) Présentation de l'auteur 

Jean-Luc Lagarce est un dramaturge et metteur en scène contemporain né en 1957 et mort en 1995 du SIDA ; il évoquera son homosexualité et sa séropositivité lors d’une émission enregistrée en juillet 1995 « Ruban rouge », deux mois avant sa mort. Ces thèmes se retrouvent dans son œuvre et particulièrement dans Juste la fin du monde.

Ce metteur en scène s’illustrera tant dans le répertoire le plus classique que dans des œuvres contemporaines comme celles de Ionesco.

III) Présentation du contexte (littéraire, culturel, etc.)

Écrite, lors d’un voyage à Berlin, Juste la fin du monde est une pièce qui sera mal reçue par le public. Lagarce se consacrera donc à la mise en scène où il se révèle dans le goût du public parisien.

Il est difficile d'établir le contexte à une telle pièce. Nulle mention n’est faite d’un lieu ou d’une époque ; aucun sujet politique n'est énoncé. Il ne s'agit pas d'un sujet polémique, mais plutôt de saisir comment les relations d’amour se compliquent par le langage, les mots ne suffisant pas.

IV) Problématique majeure de l'œuvre 

Les problématiques de cette œuvre sont multiples, les principales sont les suivantes :

  • L’insuffisance du langage à dire le monde et nos sentiments. Lagarce crée une poétique qui lui est propre. Si le texte est difficile à lire, on remarque toutefois qu’il est présenté sous forme poétique ; les retours à la ligne le soulignent. Les répétitions, qui frôlent parfois le pléonasme, montrent le désir de trouver le mot juste, ce qui est  impossible. La langue de Lagarce montre donc l’insuffisance du langage.
  • Les relations nocives entre ceux qui s’aiment ou comment l’on peut, parfois, ne pas parvenir à dire à ses proches qu’on les aime.
  • La maladie et l’isolement qu’elle amène et plus précisément, en acceptant l’aspect autobiographique de l’œuvre, le SIDA, une maladie encore récente en France aux alentours de 1990.

V) Passages phares de l'œuvre 

L’œuvre est courte et intense. Il est donc difficile non pas de choisir des passages clés, mais d’en éliminer d’autres. Il est conseillé de lire plusieurs fois la pièce afin de mieux saisir l'œuvre. L’écriture est difficile, exigeante, incongrue ; les répétitions de tournures identiques donnent au texte une tonalité orale et parfois embrouillée, comme lors d'un repas de famille où tout le monde parle en même temps sans s’écouter.

Pour autant, on accordera une importance particulière à ces passages :

  • Première partie, scène 5 : le monologue de Louis et l’annonce de sa mort prochaine
  • Première partie, scène 10 : Louis évoque sa terreur de la mort.
  • L’épilogue : Louis repart. Cette phrase terrible : « Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus. » C’est Juste la fin du monde.