Introduction
Qui décide des grandes orientations en matière de santé en France ? Comment sont financés les hôpitaux, les consultations médicales ou les médicaments ? Le système de santé repose à la fois sur une gouvernance structurée et sur un financement collectif. La gouvernance permet d’organiser les acteurs, de planifier les actions et de fixer les priorités. Le financement, lui, garantit que chacun puisse accéder aux soins sans que le coût ne soit un obstacle. Ces deux volets poursuivent un double objectif : assurer l’accès aux soins pour tous et préserver l’équilibre financier du système.
Une gouvernance partagée pour piloter le système de santé
La gouvernance désigne la manière dont le système de santé est organisé, piloté et régulé. Elle repose sur plusieurs niveaux d’acteurs, du national au local, avec une répartition claire des rôles.
À l’échelle nationale
Le ministère de la Santé définit les grandes orientations politiques. Il élabore des plans de santé publique (plan cancer, plan national santé environnement...), fixe les priorités sanitaires et supervise les agences nationales. Parmi elles :
Santé publique France, chargée de la prévention et de la veille sanitaire.
Haute Autorité de Santé (HAS), qui évalue les pratiques médicales, les médicaments, les dispositifs médicaux et certifie les établissements.
Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), responsable de la surveillance des produits de santé.
Un acteur central dans la gouvernance est la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Elle gère le régime général de la Sécurité sociale, assure le remboursement des soins, et met en œuvre les politiques de gestion du risque (maîtrise des dépenses, prévention, conventions avec les professionnels). Elle joue donc un rôle majeur dans le pilotage et la régulation financière du système.
À l’échelle régionale
Les agences régionales de santé (ARS) assurent le pilotage territorial. Créées en 2010, elles :
Réalisent un diagnostic régional de santé.
Définissent un projet régional de santé adapté aux besoins locaux.
Planifient l’offre de soins (implantation, autorisations d’activités).
Coordonnent les actions de prévention, la prise en charge des publics vulnérables et la gestion des crises sanitaires.
Les ARS collaborent avec les collectivités territoriales, les établissements de santé, les professionnels libéraux, les associations et les usagers.
Une gouvernance ouverte à la concertation
La gouvernance repose de plus en plus sur la concertation. Le principe de démocratie sanitaire, inscrit dans la loi depuis 2002, garantit la participation des usagers et de leurs représentants aux décisions qui les concernent. Des instances comme les conférences régionales de la santé et de l’autonomie (CRSA) permettent aux citoyens, élus et professionnels d’échanger avec les institutions.
Exemple : lors d’un projet d’implantation d’une maison de santé, l’ARS consulte les élus locaux, les professionnels de santé du territoire et les représentants d’usagers pour adapter le projet aux réalités du terrain.
À retenir
Le système de santé est gouverné à différents niveaux : l’État définit les grandes orientations, les agences nationales mettent en œuvre les politiques, les ARS adaptent l’action au territoire.
La CNAM joue un rôle central dans le financement et la régulation.
La concertation avec les acteurs du terrain et les usagers est essentielle.
Un financement solidaire pour garantir l’accès aux soins
Les choix de financement du système de santé dépendent directement de sa gouvernance. Le pilotage national et régional oriente les priorités budgétaires, choisit les modèles de remboursement et fixe les règles de régulation. Le financement vise à répondre aux besoins de santé de la population tout en assurant la viabilité économique du système.
Les sources de financement
Le financement du système de santé est principalement collectif et solidaire. Il repose sur :
Les cotisations sociales : versées par les employeurs et les salariés, elles financent une grande partie des prestations.
La contribution sociale généralisée (CSG) : impôt prélevé sur tous les revenus (salaires, pensions, revenus du patrimoine).
Des impôts et taxes spécifiques, comme celles sur le tabac ou les boissons sucrées.
Des subventions de l’État, en complément.
Cette architecture financière permet de couvrir :
Les soins de ville (consultations, médicaments, examens).
Les hospitalisations, dans le public et le privé.
Les indemnités journalières (arrêt maladie, maternité).
Les campagnes de prévention et l’éducation à la santé.
Cette logique de solidarité signifie que chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. C’est l’un des fondements du système de santé français.
La régulation des dépenses
Pour faire face à l’augmentation continue des dépenses, des mécanismes de régulation ont été mis en place :
L’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) est fixé chaque année par le Parlement. Il encadre l’évolution globale des dépenses.
La tarification à l’activité (T2A) rémunère les hôpitaux en fonction des soins réellement effectués.
Des conventions entre l’Assurance maladie et les professionnels de santé fixent les tarifs, les remboursements et les engagements réciproques.
Des mesures incitatives encouragent les prescriptions responsables, la prévention ou les soins coordonnés.
Exemple : un médecin conventionné secteur 1 pratique des tarifs définis par la CNAM. Le patient est remboursé à hauteur de 70 % par l’Assurance maladie, et le reste par sa mutuelle.
À retenir
Le financement du système de santé est assuré collectivement par les cotisations, les impôts et les subventions publiques.
Cette organisation repose sur la solidarité nationale.
La régulation permet de contenir les dépenses tout en garantissant l’accès aux soins.
Conclusion
Le système de santé français repose sur une gouvernance partagée et un financement solidaire. Piloté par l’État, les agences sanitaires, la CNAM et les ARS, il s’organise autour de principes de concertation, de régulation et de proximité territoriale. Son financement repose sur les cotisations sociales, les impôts et la participation de l’État, selon une logique qui fait de la santé un droit fondé sur la solidarité collective. Cette organisation garantit l’accès aux soins pour tous, tout en veillant à préserver l’équilibre économique du système.
