Des milieux à valoriser et à ménager en Afrique australe

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Dans cette leçon, tu découvres comment l’Afrique australe, riche en ressources mais confrontée à de fortes contraintes naturelles, cherche à concilier développement économique et préservation de l’environnement. Entre exploitation minière, écotourisme et adaptation climatique, la région tente de construire un avenir plus durable et équitable. Mots-clés : Afrique australe, SADC, ressources naturelles, développement durable, écotourisme, changement climatique.

Introduction

L’Afrique australe, au sens de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), s’étend de l’Angola et du Mozambique jusqu’à l’Afrique du Sud, en passant par la Namibie, le Botswana, la Zambie, le Zimbabwe, le Lesotho et l’Eswatini. Cette région compte désormais plus de 200 millions d’habitants en 2024, avec une population très jeune (plus de la moitié a moins de 25 ans) et une urbanisation rapide : les grandes villes comme Johannesburg ou Lusaka croissent à un rythme d’environ +2,5 % par an.

Ces sociétés doivent composer avec des milieux naturels contrastés, faits de contraintes (aridité, sécheresse, éloignement) mais aussi de ressources (minerais, sols agricoles, biodiversité). Dans ce contexte, l’enjeu est de trouver un équilibre entre valorisation économique et préservation environnementale, alors que les pressions démographiques, économiques et climatiques s’intensifient.

Une mosaïque de milieux : entre contraintes naturelles et richesses exploitées

La diversité de l’Afrique australe découle de contrastes climatiques et géographiques marqués. À l’ouest, le désert du Namib, bordant l’océan Atlantique sur plus de 1 000 km, est l’un des plus anciens déserts du monde. Son climat hyperaride et ses dunes géantes de plus de 300 mètres limitent les activités humaines, mais le site attire un tourisme paysager croissant et recèle des gisements miniers (cuivre, diamants marins).

Plus à l’intérieur, le désert du Kalahari, partagé entre la Namibie, le Botswana et l’Afrique du Sud, présente une savane semi-aride où l’élevage extensif domine. L’accès à l’eau reste une contrainte majeure, compensée par le forage de nappes souterraines et la construction de barrages.

Vers l’est et le nord, les savanes boisées de Zambie, du Zimbabwe et du Mozambique sont plus hospitalières. Elles permettent la culture du maïs, du coton et de la canne à sucre, souvent grâce à l’irrigation. Les bassins fluviaux du Zambèze et du Limpopo sont essentiels à l’agriculture, à l’hydroélectricité et au tourisme, avec des sites emblématiques comme les chutes Victoria.

Les zones côtières du Mozambique et de l’Afrique du Sud, baignées par l’océan Indien, profitent d’un climat plus humide et abritent de grandes villes portuaires comme Durban et Le Cap. Elles concentrent à la fois les activités touristiques, agricoles et industrielles, mais aussi les inégalités : les zones urbaines côtoient des bidonvilles où persistent la pauvreté et le manque d’accès à l’eau.

Les hauts plateaux et massifs montagneux (Drakensberg, Lesotho) forment des réserves naturelles et hydriques vitales pour la région. Ces espaces accueillent des parcs nationaux comme celui du Royal Natal, qui protège des écosystèmes uniques et alimente les réseaux hydroélectriques.

À retenir

L’Afrique australe présente une grande variété de milieux naturels, où chaque environnement combine des contraintes (aridité, isolement) et des ressources (eau, minerais, biodiversité). Ces contrastes structurent l’organisation humaine et économique de la région.

Des ressources exploitées, entre croissance et vulnérabilité économique

L’Afrique australe repose sur un modèle de croissance fondé sur l’exploitation des ressources minières, agricoles et touristiques, qui représentent une source majeure de devises mais aussi une dépendance économique forte.

L’extraction minière reste le moteur historique du développement. L’Afrique du Sud est le premier producteur mondial de platine et l’un des principaux pour l’or, les diamants et le charbon. Le Botswana tire plus d’un tiers de son PIB des mines de diamants (notamment à Jwaneng), et la Namibie exporte de l’uranium et du cuivre. Cette richesse rend la région très sensible aux fluctuations des cours mondiaux : quand le prix des matières premières baisse, la croissance ralentit, accentuant la vulnérabilité économique et freinant la diversification industrielle.

L’agriculture emploie encore une large part de la population rurale. Dans les zones irriguées, la canne à sucre et le maïs dominent, tandis que les zones arides se consacrent à l’élevage. Mais les accaparements de terres — c’est-à-dire la concentration des meilleures terres entre les mains d’entreprises ou de grands propriétaires — limitent l’accès des populations locales à la ressource. Ces inégalités foncières, héritées de la colonisation et de l’apartheid, restent un frein à la justice sociale.

Le tourisme représente une ressource majeure, mais sa répartition est inégale. L’Afrique du Sud concentre plus de 60 % des arrivées touristiques régionales, grâce à des sites célèbres comme la montagne de la Table ou le parc Kruger. D’autres pays comme le Lesotho ou la Zambie bénéficient d’un écotourisme plus modeste, fondé sur les parcs et les réserves. Cet écotourisme participatif, c’est-à-dire impliquant les populations locales dans la gestion et les bénéfices, favorise une meilleure intégration sociale, mais reste limité par le manque d’infrastructures.

À retenir

L’exploitation des ressources minières et touristiques soutient la croissance de l’Afrique australe, mais la dépendance à ces secteurs rend la région vulnérable aux crises économiques et accentue les inégalités sociales et territoriales.

Protéger et valoriser durablement des milieux fragilisés

La préservation des milieux naturels est devenue un enjeu central face à la croissance démographique et au changement climatique. La région connaît une hausse des températures, des sécheresses accrues au Botswana, une raréfaction de l’eau dans le sud de la Namibie et une baisse des rendements agricoles (notamment du maïs). Ces phénomènes menacent la sécurité alimentaire et aggravent les tensions autour de la gestion de l’eau.

Les États développent progressivement une gestion intégrée de l’eau, c’est-à-dire une organisation coordonnée des usages entre agriculture, industrie et population. Des barrages, comme celui de Kariba sur le Zambèze, servent à la fois à produire de l’électricité et à réguler les crues.

Les aires protégées et parcs nationaux (Kruger, Etosha, Hwange) s’inscrivent dans une politique de valorisation durable. Le programme des Transfrontier Conservation Areas (TFCA), lancé par la SADC, relie plusieurs réserves à travers les frontières pour permettre la circulation des animaux et le développement d’un écotourisme respectueux.

Les organisations internationales et les ONG jouent aussi un rôle important. L’ONU soutient la région via la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), tandis que l’Union africaine, avec son Agenda 2063 et son programme de la Grande Muraille Verte du Sud, promeut la restauration des terres dégradées. Mais ces politiques peinent à s’imposer face à la pression des multinationales minières et à la faiblesse des financements publics.

À retenir

L’Afrique australe cherche à concilier développement économique et préservation environnementale. Le changement climatique, la rareté de l’eau et les inégalités sociales fragilisent cependant la durabilité de ces politiques.

Conclusion

L’Afrique australe illustre les tensions entre valorisation économique, protection des milieux et justice sociale. Ses déserts, savanes et zones côtières offrent d’immenses potentialités, mais aussi de fortes contraintes naturelles. Les politiques de développement durable, soutenues par la SADC, l’Union africaine et les organisations internationales, visent à transformer ces ressources en leviers de croissance partagée.

Pour relever les défis du XXIe siècle, la région devra poursuivre ses efforts d’adaptation climatique, de gestion équitable des ressources et d’intégration régionale, afin que la richesse naturelle de ses milieux devienne une chance durable pour ses populations.