Coopérer pour développer la Station spatiale internationale

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La fin de la guerre froide a conduit les puissances spatiales, ­devant la baisse drastique des budgets militaires, à gérer leurs intérêts communs au travers de coopérations. Le bilan est cependant contrasté, comme le montre l’exemple de la Station spatiale internationale.

I) La Station spatiale internationale (ISS)

L’ISS est une station spatiale habitée. Elle est placée en orbite terrestre basse, aux alentours de 350 à 400 km d’altitude, ce qui exige moins d’énergie de la part des lanceurs et lui assure une moindre exposition au rayonnement cosmique. Mais l’orbite basse génère une traînée atmosphérique qui nécessite des corrections d’orbite périodiques.

L’ISS est le plus gros objet artificiel placé en orbite terrestre : elle s’étend sur 110 m de long, 74 m de large, 30 m de haut et sa masse est de 420 tonnes. Elle comprend quinze modules pressurisés, dont quatre dédiés aux expériences scienti­fiques.

II) Un exemple de coopération internationale

Le projet est lancé en 1983 par le président américain Ronald Reagan, mais de multiples retards reportent le démarrage à 1998. En 1993, la ­Russie est invitée à participer au projet. Dès 1998, les agences spatiales européenne, canadienne et japonaise sont à leur tour associées. Chaque pays dispose de droits d’utilisation de l’ISS proportionnels à son investissement.

Info

L’Agence spatiale européenne (ESA) dispose de 8,3 % des droits d’utilisation de la partie non russe de l’ISS, ce qui permet l’envoi d’un astronaute 3 à 4 mois par an.

L’ISS est occupée en permanence depuis 2000 par trois astronautes, puis six depuis 2009. Son utilisation est prévue jusqu’en 2024.

Le bilan de l’ISS est positif sur le plan des coopérations inter-agences. L’accident de la navette spatiale américaine Columbia en 2003, qui conduit à l’arrêt de ce véhicule de transport spatial en 2011, a en effet amené l’intervention des autres agences et même d’entreprises privées.

Le ravitaillement et les corrections orbitales sont assurées par des vaisseaux russes (Progress), japonais (HTV), européen (ATV), américains privés (Cygnus d’Orbital Sciences, Dragon de SpaceX, Starliner de Boeing). La relève de l’équipage est le fait du seul vaisseau russe Soyouz, en attendant l’arrivée des capsules Starliner de Boeing et Crew Dragon de SpaceX courant 2020. L’ISS a accueilli des astronautes de 36 nationalités différentes.

III) Un bilan contrasté

Le coût de l’ISS, estimé à 115 milliards de dollars auxquels s’ajoutent 3 milliards par an, les retards accumulés, l’obsolescence rapide des composants, la sous-exploitation des modules d’expérimentation scientifiques et les problèmes budgétaires conduisent à l’abandon programmé de l’ISS pour 2024. Aucun successeur n’est prévu. Le seul coût du démantèlement et de la désorbitation de l’ISS devrait dépasser 2 milliards de dollars.

Info

La Chine a prévu de placer en orbite sa propre station spatiale, Tiangong-3, à partir de 2022, mais aucune coopération internationale n’est envisagée.

L’ISS a cependant permis l’acquisition d’une expérience considérable en matière de vol spatial. Les futures missions habitées vers la Lune et vers Mars capitaliseront sur cette expérience dans les domaines du vol orbital, de la conception et la maintenance des systèmes spatiaux, de l’adaptation de l’organisme humain à l’espace, des systèmes de support de vie, etc.