Mesurer la richesse d’un pays : le PIB et ses limites

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Dans cette leçon, tu vas comprendre ce que mesure réellement le Produit intérieur brut (PIB) et pourquoi il ne suffit pas à évaluer le bien-être d’un pays. Tu verras comment d’autres indicateurs, comme l’IDH ou l’empreinte écologique, complètent le PIB pour mesurer un développement à la fois humain et durable. Mots-clés : PIB, croissance économique, développement durable, IDH, richesse, inégalités, qualité de vie.

Introduction

Quand on dit qu’un pays « s’enrichit », on pense souvent à la hausse de son PIB, c’est-à-dire son Produit intérieur brut. On en parle dans les journaux, dans les débats politiques, ou à propos des grandes puissances économiques. Mais que mesure réellement cet indicateur ? Est-ce qu’une croissance du PIB signifie forcément que la population vit mieux ?

Le Produit intérieur brut (PIB) est l’un des indicateurs les plus utilisés pour évaluer la richesse produite par un pays. Il mesure la valeur totale de tous les biens et services créés sur un territoire pendant une période donnée, en général une année. Pourtant, le PIB ne dit pas tout : il ne reflète ni les inégalités, ni la qualité de vie, ni les conséquences environnementales de la production. Comprendre le PIB et ses limites, c’est donc comprendre la différence entre croissance économique et développement durable.

Qu’est-ce que le PIB ?

Le Produit intérieur brut (PIB) correspond à la valeur totale de tous les biens et services produits à l’intérieur d’un pays pendant une année. Il inclut la production des entreprises, des administrations publiques et des associations. Autrement dit, le PIB mesure la richesse créée sur un territoire, qu’elle provienne du secteur privé ou public.

Ce qui rend cet indicateur intéressant, c’est qu’il peut être calculé de trois manières différentes, mais qui aboutissent toujours au même résultat. Ces trois approches offrent trois regards complémentaires sur la production de richesse : la production, les revenus et la dépense.

La première méthode consiste à calculer le PIB par la production : on additionne la valeur ajoutée de tous les producteurs du pays (entreprises, administrations, associations). C’est la méthode la plus utilisée par la comptabilité nationale. Ainsi, le PIB est la somme de toutes les valeurs ajoutées réalisées sur le territoire, augmentée des impôts sur la production et diminuée des subventions.

La deuxième méthode, appelée calcul du PIB par les revenus, additionne tous les revenus distribués lors du processus de production : les salaires versés aux travailleurs, les bénéfices des entreprises, les impôts sur la production et les intérêts versés aux banques. Elle met donc en évidence la manière dont la richesse produite est répartie entre les différents acteurs économiques.

Enfin, la méthode par la dépense additionne toutes les dépenses effectuées pour acheter les biens et services produits dans le pays : la consommation des ménages, les investissements des entreprises, les dépenses publiques et les exportations, dont on soustrait les importations (puisqu’elles ne sont pas produites sur le territoire national).

Ces trois approches — par la production, par les revenus et par la dépense — donnent le même résultat, car elles décrivent trois aspects d’une même réalité : la création et la circulation de la richesse.

En 2024, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et la Banque mondiale, le PIB de la France est estimé à environ 2 900 milliards d’euros (soit environ 3 000 milliards de dollars). Cela place la France au 7ᵉ rang mondial, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, l’Inde et le Royaume-Uni.

À retenir

Le Produit intérieur brut (PIB) est la somme des valeurs ajoutées de tous les producteurs d’un pays. Il peut être calculé par la production, par les revenus ou par la dépense. Ces trois approches donnent une vision complémentaire de la richesse créée.

Comment le PIB permet-il de comparer les richesses ?

Le PIB est un indicateur utile pour comparer les économies entre les pays ou dans le temps. Mais pour que ces comparaisons soient justes, il faut tenir compte de la taille de la population et du niveau des prix.

On calcule donc souvent le PIB par habitant, qui correspond au PIB total divisé par le nombre d’habitants. Cet indicateur donne une idée de la richesse moyenne produite par personne. En 2024, selon la Banque mondiale, le PIB par habitant est d’environ 43 000 € en France, 80 000 € aux États-Unis et environ 13 000 € au Brésil. Ces chiffres révèlent des écarts considérables de niveau de vie.

Pour rendre ces comparaisons plus précises, les économistes utilisent le PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA). La parité de pouvoir d’achat (PPA) consiste à corriger les différences de prix entre les pays pour mesurer ce que les habitants peuvent réellement acheter avec leur revenu. Par exemple, un euro permet d’acheter davantage de biens en Inde qu’en Allemagne : le PIB en PPA tient compte de ces écarts de coût de la vie.

Le PIB sert aussi à mesurer la croissance économique, c’est-à-dire l’évolution de la production d’une année sur l’autre. Une hausse du PIB indique une croissance, tandis qu’une baisse traduit une récession. En France, la croissance annuelle du PIB est en moyenne de 1 à 2 %, mais elle peut être négative en période de crise, comme en 2020, lorsque le PIB français a chuté de près de 8 % à cause de la pandémie de Covid-19.

À retenir

Le PIB par habitant et le PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA) permettent de comparer les richesses entre pays. La variation du PIB d’une année à l’autre mesure la croissance économique.

Les limites du PIB pour mesurer la richesse réelle

Même s’il est indispensable, le PIB ne permet pas de décrire toute la richesse d’un pays ni le bien-être de sa population. Il présente plusieurs limites importantes.

Le PIB ne montre pas la répartition des richesses. Il donne une moyenne, mais ne montre pas les inégalités. Par exemple, les États-Unis ont un PIB par habitant élevé, mais des écarts de revenus bien plus importants qu’en France ou en Suède. À l’inverse, certains pays scandinaves ont un PIB plus modeste mais une répartition plus équitable des revenus, ce qui garantit un niveau de vie globalement plus homogène.

Le PIB ignore les activités non marchandes comme le travail domestique ou le bénévolat. Selon l’INSEE, si l’on intégrait le travail ménager dans la production nationale, cela représenterait environ 30 % du PIB officiel, soit plus de 900 milliards d’euros de richesse non mesurée. Par exemple, un parent qui garde gratuitement ses enfants ne fait pas augmenter le PIB, alors que s’il paie une nounou, le PIB augmente : la richesse réelle n’a pourtant pas changé.

Le PIB ne tient pas compte de la qualité de vie. Il augmente quand les dépenses de santé ou de réparation augmentent, même si elles résultent d’événements négatifs. Par exemple, une marée noire ou une catastrophe naturelle peuvent faire croître le PIB parce qu’elles entraînent des travaux de nettoyage et de reconstruction. En 2010, la marée noire du golfe du Mexique a provoqué des dépenses de plusieurs milliards de dollars, ce qui a temporairement augmenté le PIB américain, alors qu’il s’agissait d’un désastre environnemental.

Enfin, le PIB ne prend pas en compte les atteintes à l’environnement. Une économie peut croître tout en détruisant son capital naturel. Les émissions de gaz à effet de serre, la déforestation ou la pollution ne sont pas soustraites du PIB. Les dépenses de dépollution, paradoxalement, l’augmentent encore. Un pays peut donc avoir une croissance élevée tout en compromettant la durabilité de son développement.

Ces limites montrent que le PIB mesure la quantité de richesses produites, mais pas leur qualité ni leur impact sur la société et la planète.

À retenir

Le PIB mesure la production économique, mais pas la répartition des richesses, le bien-être ou la durabilité. Il ignore les activités non marchandes, les inégalités et les effets environnementaux.

D’autres indicateurs pour compléter le PIB

Pour mieux évaluer le développement humain et la qualité de vie, les économistes utilisent d’autres indicateurs qui complètent le PIB.

Le plus connu est l’Indice de développement humain (IDH), créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’IDH combine trois dimensions : le revenu par habitant, la santé, mesurée par l’espérance de vie à la naissance, et l’éducation, mesurée par la durée moyenne et la durée attendue de scolarisation. Cet indice varie entre 0 et 1 : plus il est proche de 1, plus le pays est développé.

En 2024, selon le PNUD, l’IDH de la France est de 0,90, ce qui la place parmi les pays à développement très élevé. L’IDH du Brésil est de 0,71 et celui du Niger seulement de 0,40. Ces chiffres montrent que deux pays au PIB comparable peuvent avoir des niveaux de développement humain très différents selon leur santé, leur éducation ou leurs inégalités.

D’autres indicateurs existent également :

  • Le Bonheur national brut (BNB), utilisé au Bhoutan, mesure la satisfaction et la qualité de vie des habitants.

  • L’empreinte écologique, développée par le Global Footprint Network, calcule la surface de la Terre nécessaire pour répondre à la consommation d’un pays.

  • Enfin, l’indice de progrès social (IPS), élaboré par la Social Progress Initiative, prend en compte la santé, la sécurité, la liberté et la protection de l’environnement.

À retenir

Le PIB reste un indicateur clé de la production économique, mais il doit être complété par d’autres mesures comme l’IDH, le BNB, l’empreinte écologique ou l’IPS pour évaluer le bien-être et la durabilité du développement.

Conclusion

Le Produit intérieur brut (PIB) est un outil central pour mesurer la richesse produite par un pays. Il additionne la valeur ajoutée de tous les producteurs et permet de suivre la croissance économique et de comparer les économies à l’échelle mondiale.

Mais le PIB ne dit pas tout. Il ignore la qualité de vie, les inégalités sociales, les activités non marchandes et les atteintes à l’environnement. Un pays peut donc avoir un PIB élevé sans que sa population vive mieux.

C’est pourquoi les économistes insistent sur la nécessité d’aller au-delà du PIB. Mesurer la richesse d’un pays, c’est aussi évaluer son développement humain, sa justice sociale et la préservation de l’environnement. Le véritable objectif des politiques économiques modernes est de concilier croissance, bien-être et durabilité, afin de construire un développement plus juste et respectueux de la planète.