Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (ancien programme)

icône de pdf
Signaler

Parcours : La comédie du valet

Dans cette pièce, l’astucieux Figaro met en œuvre tout son esprit pour épouser la femme qu’il aime, au sein d’une intrigue foisonnante au rythme haletant. Sa fantaisie étourdissante, son adresse admirable et sa verve dénonciatrice en ont fait un valet emblématique de la comédie française.

I Connaître l’œuvre

1  L’auteur et le contexte

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) est d’abord horloger à la cour de Louis XV. Sa vie rocambolesque l’amène à devenir homme d’affaires enferré dans diverses intrigues, puis agent secret au service de la couronne.

Repère
CITATION

En 1789, quelques mois après la prise de la Bastille, le révolutionnaire Danton se serait exclamé : « Figaro a tué la noblesse ! »

Beaumarchais entreprend en parallèle une carrière de dramaturge. Le Barbier de Séville triomphe en 1775 à la Comédie-Française. Il en achève la suite en 1778 : intitulée Le Mariage de Figaro, la pièce est censurée jusqu’en 1784 en raison de la charge qu’elle porte contre les privilèges de l’aristocratie.

2  Résumé de l’œuvre

Dans Le Barbier de Séville, le rusé Figaro, ancien valet du Comte Almaviva, a aidé son maître à séduire puis épouser la belle Rosine. Trois ans plus tard, Figaro est sur le point de se marier avec Suzanne, la femme de chambre de Rosine, devenue Comtesse. Mais Figaro apprend que l’infidèle Comte courtise en secret sa promise.

De nombreux rebondissements et quiproquos s’enchaînent tandis que Figaro essaie d’enrayer les plans de son maître. À l’acte III, il parvient par exemple à éviter le mariage que le Comte souhaitait lui imposer avec Marceline.

Finalement, la Comtesse et Suzanne intervertissent leurs habits pour piéger le Comte : Suzanne lui donne un rendez-vous le soir au jardin, mais c’est son épouse déguisée qui s’y rend afin de le démasquer. Le dénouement est heureux : la Comtesse retrouve son mari, Figaro épouse Suzanne, et « tout finit par des chansons ».

II Comprendre le parcours

1  Le valet aux sources du comique

Née en Italie au XVIe siècle, la commedia dell’arte popularise en France le type farcesque du valet, à l’image d’Arlequin. L’intrigue de ces pièces, souvent simple, s’enrichit au cours de la représentation par l’improvisation collective.

Repère
À NOTER

Les servantes ne sont pas en reste : dans Le Tartuffe, Dorine met au jour l’hypocrisie du faux dévot ; Toinette critique les caprices d’Argan dans Le Malade imaginaire.

Au XVIIe siècle, chez Molière, le valet devient comique à travers sa ruse inventive, comme dans Les Fourberies de Scapin, où il sert d’adjuvant aux jeunes amoureux face à leurs pères. Il peut également condamner en vain les excès libertins de son maître : c’est le cas de Sganarelle dans Dom Juan.

2  Le renouveau de la comédie du valet

Au XVIIIe siècle, les valets gagnent en épaisseur dans la comédie. Chez Marivaux, dans Le Jeu de l’amour et du hasard, ils prennent la place de leurs maîtres. On s’interroge sur leur condition sociale dans L’Île des esclaves.

Beaumarchais va plus loin : il fait de Figaro un homme qui a tout vu, qui a vécu mille vies en une, et notamment celle d’un dramaturge confronté à la censure. D’abord habile complice du Comte, il devient son opposant en se faisant le porte-parole d’une satire sociale et politique.

FIGARO. — […] Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus […]

Le Mariage de Figaro, acte V, scène 3

Figaro critique sévèrement les abus injustes d’une aristocratie inconséquente.