Dix questions pour connaître le métier de rédacteur territorial

icône de pdf
Signaler

Lors du processus de recrutement, qu’il s’agisse des épreuves écrites ou orales, le jury n’acceptera pas votre méconnaissance de la fonction publique territoriale (FPT) et/ou du métier pour lequel vous postulez. Ce serait comme vous présenter à un entretien d’embauche sans savoir quelles sont l’activité et l’organisation de l’entreprise qui vous reçoit, ainsi que les missions attachées au poste que vous souhaitez occuper. Voici, sous forme de 10 questions, les principales informations à retenir.

1 - Que désigne la fonction publique territoriale ?

La FPT constitue un pilier essentiel de l'organisation administrative et du service public. Grâce à leur proximité avec les usagers des services publics locaux (les « administrés » selon le terme consacré par la doctrine), les agents territoriaux jouent un rôle crucial dans le bon fonctionnement des collectivités locales. En assurant une grande variété de services essentiels au quotidien, ils participent en outre à la cohésion sociale, à l’amélioration du cadre de vie, et à la mise en œuvre des grandes priorités locales et nationales.

Pour ce qui vous concerne, en tant que rédacteur ou rédacteur principal territorial, vous bénéficierez du cadre structuré et protecteur de la fonction publique, ainsi que des nombreuses opportunités professionnelles et de la réelle sécurité de l’emploi qu’elle offre. Bien entendu, en contrepartie de ces avantages, vous devrez répondre aux exigences de votre employeur en termes d’engagement, de formation, d’adaptabilité, et de déontologie.

En France, la fonction publique territoriale regroupe l’ensemble des agents travaillant pour les collectivités territoriales (communes, départements, régions) et leurs établissements publics (communautés de communes, métropoles, syndicats de coopération, etc). Ces agents travaillent au quotidien pour mettre en œuvre les politiques publiques locales, définies par les élus locaux (maires, présidents de conseils départementaux et régionaux). Ce secteur se distingue des autres fonctions publiques par son ancrage territorial et les réponses apportées aux besoins spécifiques des populations locales.

2 - Quels sont les grands principes de la FPT ?

La fonction publique territoriale (FPT) est née de la décentralisation, amorcée par les lois Defferre en 1982, qui ont conféré aux collectivités territoriales davantage d’autonomie par rapport à l’État. Ces réformes ont entraîné la création d’un cadre juridique spécifique à la gestion de leurs personnels. Avant la décentralisation, les fonctionnaires locaux étaient souvent rattachés à l’État ou dépendaient directement des élus locaux sans réelle protection statutaire. Depuis la décentralisation, les grands principes de la FPT ont été réaffirmés :

-        neutralité et impartialité : les agents territoriaux doivent faire preuve d’impartialité dans l’exercice de leurs fonctions, en servant l’intérêt général sans distinction d’idéologie, de religion ou d’appartenance politique. Parallèlement, pendant leur activité, ils ne doivent manifester aucun signe d’appartenance à un mouvement quelconque, qu’il soit philosophique, religieux, politique, syndical… ;

-        adaptabilité : les collectivités territoriales ont des besoins variés et spécifiques, qui varient selon la taille, la population, les enjeux économiques ou environnementaux. Cela requiert des agents territoriaux qu'ils soient polyvalents et capables de s’adapter à ces réalités locales. Ainsi, exercer des missions de rédacteur territorial en milieu rural peut s’avérer notablement différent des missions exercées en milieu urbain… En outre, l’adaptabilité du service public lui-même (ce que l’on nomme la « mutabilité » du service public) répond aux évolutions de la société (évolutions technologiques, sociétales, légales, etc ;

-        continuité du service public : la fonction publique territoriale a pour obligation d'assurer un service public en toutes circonstances, même en période de crise ou de changement politique local. Cela signifie que, malgré les alternances politiques, les services de base (éducation, sécurité, santé, etc.) doivent être garantis.

3 - Quelles sont les principales missions de la fonction publique territoriale ?

Les missions de la fonction publique territoriale couvrent un champ d’action extrêmement large. Contrairement à la fonction publique d'État, où les missions sont centralisées et standardisées, celles de la FPT varient considérablement en fonction des caractéristiques de chaque territoire. Parmi ces missions, les plus visibles dans le quotidien des usagers sont :

-        l’éducation : les collectivités territoriales gèrent les écoles maternelles et primaires (communes), ainsi que les collèges (départements) et les lycées (régions). Les agents territoriaux peuvent être employés comme agents techniques (pour l'entretien des bâtiments scolaires) ou ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), qui assistent les enseignants dans les classes de maternelle ;

-        les infrastructures et les transports : les régions sont responsables de la gestion des transports régionaux (bus, trains TER), tandis que les communes et intercommunalités s'occupent de l’aménagement et de l’entretien des routes, des réseaux d’eau, de l’éclairage public et des espaces verts. Le rôle des agents territoriaux est ici technique, avec des ingénieurs et techniciens qui supervisent la réalisation de travaux publics et veillent à leur maintenance ;

-        les services sociaux et de santé : les départements gèrent l’aide sociale, y compris l’assistance aux personnes âgées et/ou handicapées (via les Maisons départementales des personnes handicapées, les MDPH) ou les dispositifs de protection de l’enfance. Les agents sociaux territoriaux, tels que les assistants sociaux, sont directement impliqués dans le suivi des familles ou des personnes en difficulté ;

-        la culture, le sport et les loisirs : les collectivités gèrent une large gamme d’équipements culturels et sportifs (bibliothèques, théâtres, piscines, gymnases). Les agents territoriaux sont ainsi responsables de l’organisation des événements locaux, de la gestion des infrastructures culturelles ou sportives, et du développement d’activités destinées aux citoyens ;

-        la sécurité et la prévention : la sécurité locale, assurée notamment par les polices municipales, constitue un autre champ d’intervention majeur. Les policiers municipaux, agents territoriaux spécialisés, sont chargés de missions de surveillance et de prévention, notamment dans le cadre de la lutte contre les incivilités et la petite délinquance. Ils veillent en outre au respect des arrêtés municipaux.

4 - De quoi sont principalement chargés les rédacteurs territoriaux ?

Les rédacteurs territoriaux sont plus particulièrement chargés de :

-        la gestion administrative (traitement des dossiers administratifs dans divers domaines, rédaction de documents officiels, préparation des actes administratifs…) ;

-        la gestion financière et budgétaire (élaboration et suivi des budgets, gestion des marchés publics…) ;

-        la gestion des ressources humaines (suivi des carrières, gestion des recrutements, gestion des paies) ;

-        la gestion des relations avec le public (accueil et information, traitement des réclamations) ;

-        la gestion des assemblées et instances délibératives (organisation des réunions, rédaction des procès-verbaux) ;

-        la coordination et mise en œuvre des projets (appui à la mise en œuvre des politiques publiques locales, collaboration interservices) ;

-        la veille juridique et réglementaire (suivi des évolutions législatives et réglementaires, conformité des actes aux lois et règlements applicables) ;

-        la mise en œuvre des procédures de commande publique (rédaction des dossiers de consultation des entreprises et gestion des marchés publics, suivi des contrats) ;

-        la gestion des archives et de la documentation (conservation des archives et gestion de la documentation administrative, classement et mise à jour) ;

-        la communication interne et externe (rédaction de supports de communication, animation de réunions).

Bien entendu, il ne s’agit là que d’un bref aperçu des missions exercées par les rédacteurs territoriaux. En fonction de la taille et de l’organisation de leur collectivité, de leur niveau d’expertise ou de leur ancienneté, ils peuvent également encadrer des équipes d’agents de catégorie C ou participer à des travaux plus complexes.

5 - Quel type de métier peut exercer un rédacteur territorial ?

Dans la fonction publique territoriale, un cadre d'emploi désigne l'ensemble des règles, des statuts et des conditions qui régissent l'organisation, les missions et la gestion d’agents publics regroupés au sein d’une des douze filières qui structurent les administrations locales. Il s’agit de l’équivalent, dans le secteur privé, des conventions collectives. Ces filières, et les cadres d’emplois correspondants, sont consultables sur le lien suivant :

S’agissant plus particulièrement des rédacteurs et rédacteurs principaux territoriaux, 42 métiers (répertoriés par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale - CNFPT) s’offrent à eux.

6 - Quels sont les statuts des agents ?

Les agents de la fonction publique territoriale bénéficient d’un statut spécifique, codifié dans la loi du 26 janvier 1984, qui leur assure des droits et devoirs similaires à ceux des fonctionnaires d’État, tout en tenant compte de la décentralisation (c’est-à-dire du principe de libre administration des collectivités locales). Leur statut leur garantit notamment une sécurité de l’emploi et des droits à la carrière, tout en leur imposant des obligations déontologiques strictes.

  • Les fonctionnaires titulaires : ils représentent la majorité des effectifs (74 % en 2024). Pour accéder à ce statut, les agents doivent réussir un concours et effectuer une période de stage probatoire. Une fois titularisés, ils bénéficient de droits comme la sécurité de l'emploi, l'accès à des prestations sociales, la retraite publique, et la possibilité d'évolution de carrière. Le principe de carrière implique qu’ils progressent au sein de la même administration ou qu’ils puissent être détachés ou mis à disposition d’autres collectivités territoriales.

Attention, comme indiqué précédemment, la réussite au concours n’est pas une fin en soi. Les lauréats doivent ensuite postuler auprès de l’un des 40 000 employeurs locaux (communes et intercommunalités, départements, régions, établissements publics locaux…) qui choisissent librement leurs collaborateurs (principe de libre administration des collectivités territoriales).

  • Les agents contractuels : ces dernières années, le recours aux contractuels s'est développé (22 % des effectifs de la FPT en 2024) pour répondre aux besoins ponctuels ou aux compétences spécifiques que ne permettent pas toujours de combler les recrutements par concours. Ces agents sont recrutés en CDD (contrat à durée déterminée) ou en CDI (contrat à durée indéterminée) en fonction de la nature des besoins. Les contractuels peuvent également être employés pour des missions temporaires (remplacement d’agents titulaires par exemple).

7 - Quelles sont les catégories d’agents et les grades ?

Les agents territoriaux sont classés en trois catégories hiérarchiques (par ordre décroissant : A, B et C), qui définissent leur niveau de responsabilité, de qualification et de rémunération :

-        catégorie A : ces agents (13 % des effectifs en 2024) sont généralement titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur (bac+3 minimum). Ils occupent des postes de cadres dans des fonctions de conception, de direction, et d’encadrement des services (administrateurs ou attachés territoriaux, ingénieurs ou médecins territoriaux par exemple). Ils élaborent les stratégies et supervisent la mise en œuvre des politiques locales ;

-        catégorie B : les agents de cette catégorie (12 % des effectifs en 2024) ont souvent un rôle intermédiaire. Ils sont généralement responsables d’une équipe ou d’un projet spécifique sous l’autorité des cadres de catégorie A. Ce sont souvent des techniciens, des rédacteurs, ou des contrôleurs de travaux, qui participent activement à l'exécution des projets locaux. Ces agents sont recrutés avec un diplôme de niveau bac ou bac+2 (BTS, DUT, etc.) ;

Les rédacteurs et rédacteurs principaux territoriaux appartiennent à cette catégorie qui comporte, en ce qui les concerne, trois grades : 1er grade (rédacteur), 2e grade (rédacteur principal de 2e classe) et 3ème grade (rédacteur principal de 1re classe).

-        catégorie C : il s’agit de la catégorie la plus nombreuse (75 % des effectifs en 2024), regroupant les agents d'exécution et opérationnels qui réalisent des missions concrètes au quotidien, comme l’entretien des bâtiments, la maintenance des équipements publics, l'assistance administrative, ou encore la gestion des espaces verts. Les agents de catégorie C peuvent être recrutés sans diplôme, bien que de plus en plus de postes requièrent un CAP ou un BEP.

8 - Comment se déroule la carrière d’un agent de la FPT ?

  • Une fois recruté, l’agent est soumis à une période de stage d’une durée d’un an, au terme de laquelle il peut être titularisé. Tout au long de sa carrière, l'agent peut bénéficier des formations continues proposées par le CNFPT. La formation continue permet aux agents de :

-        se perfectionner dans leur domaine d’intervention ;

-        pouvoir évoluer professionnellement en préparant des concours internes ou des examens professionnels ;

-        s’adapter aux nouveaux enjeux tels que les innovations technologiques, les nouvelles réglementations, l’évolution des besoins des usagers, etc.

  • Le parcours professionnel des agents territoriaux peut connaître plusieurs phases d’évolution :

-        avancement d’échelon : basé sur l’ancienneté, ce qui entraîne une augmentation automatique de la rémunération ;

-        avancement de grade : possibilité de gravir les échelons hiérarchiques au sein de la même catégorie ;

-        changement de catégorie : par concours interne, l’agent peut passer d’une catégorie C à une catégorie B, ou d’une catégorie B à une catégorie A.

9 - Quelles sont la rémunération et les conditions de travail ?

  • La rémunération des agents de la fonction publique territoriale est régie par un système de grille indiciaire, un tableau national qui fixe les salaires en fonction du grade, de l’échelon, et de l’ancienneté de l'agent. Chaque échelon est associé à un indice brut (l’indice de carrière, utilisé par les décrets définissant les corps et grades de la fonction publique) qui se traduit par un indice majoré (IM), servant de base pour calculer le traitement indiciaire de l'agent (c’est l’indice financier).

  • Le traitement indiciaire est complété par diverses primes et indemnités selon le poste occupé, les responsabilités exercées et la nature des missions (par exemple les primes de fonctions et de résultats pour les cadres, les primes de pénibilité pour les agents travaillant dans des conditions difficiles, les indemnités kilométriques pour les agents en déplacement, les primes liées à leurs missions de sécurité versées aux policiers municipaux, etc). Les collectivités peuvent également verser des primes exceptionnelles, attribuées au mérite, pour valoriser les performances individuelles des agents.

  • S’agissant plus particulièrement des rédacteurs territoriaux, les grilles de rémunération brute s’établissent comme suit (données au 06/07/2024 ; valeur du point au 01/01/2024 : 4,92278 €).

  • À ce salaire brut, viennent s’ajouter diverses primes, allouées en fonction de l’emploi occupé. Ainsi, un rédacteur territorial débutant (1er grade, 1er échelon) perçoit un salaire net compris entre 1 457 € et 1 505 € (selon la zone d’implantation géographique de la collectivité), auquel s’ajoutent les primes (comprises entre 200 € et 460 € nets par mois selon l’emploi occupé).

  • Les conditions de travail dans la fonction publique territoriale sont encadrées par des règles précises, notamment en matière de temps de travail (35 heures par semaine en moyenne). Cependant, les horaires peuvent varier en fonction des missions, avec des régimes de travail spécifiques pour les agents travaillant en horaires décalés ou en rotation (agents des crèches, personnels de sécurité, etc.).

  • Les agents territoriaux bénéficient également de congés annuels (au minimum 5 semaines), de jours de repos compensateurs, ainsi que de divers avantages sociaux (mutuelles de santé, aides au logement, action sociale).

  • Enfin, la sécurité de l’emploi constitue l’un des attraits non négligeables de la fonction publique territoriale, bien que cette stabilité soit assortie d’obligations déontologiques strictes (notamment la neutralité, la discrétion professionnelle, ou le respect de l’intérêt général).

10 - Comment s’organisent la fin de carrière et la retraite ?

Les agents territoriaux cotisent pour leur retraite auprès de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL). Leur retraite est calculée sur la base de leur traitement indiciaire des six derniers mois, en tenant compte de l'échelon atteint et du nombre de trimestres validés. L’âge de départ à la retraite dépend des conditions de pénibilité du poste et du statut de l'agent (certains agents de catégorie active, comme les policiers municipaux ou les agents des réseaux souterrains, peuvent partir plus tôt).