Les risques animaliers

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Les sapeurs-pompiers sont souvent amenés à intervenir en présence d’animaux, soit lors d’une opération classique dans laquelle des animaux sont impliqués, soit pour capturer, soit pour porter assistance ou secours à des animaux (dangereux ou non), sauvages ou domestiques, parfois même blessés.

1 - Les missions des sapeurs-pompiers

Toute mission animalière présente un danger pour le public présent et nécessite des moyens humains ou matériels conséquents. Face à l’importance médiatique et la fréquence de ces interventions, plusieurs services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) ont renforcé la formation de leurs personnels par la création d’équipes opérationnelles spécialisées en risque animalier. Toutefois, aucun guide national de référence ne réglemente cette activité spécialisée.


Les missions relevant des sapeurs-pompiers sont le sauvetage d’animaux menacés, blessés ou piégés, en danger sur la voie publique ou ceux présentant un risque pour la population. En absence de danger ou de caractère urgent, les sapeurs-pompiers n’ont pas à intervenir. Ainsi un animal errant, en divagation sur la voie publique, ne doit pas générer l’intervention des sapeurs-pompiers.


Les corps de sapeurs-pompiers comptent souvent dans leurs effectifs des vétérinaires de sapeurs-pompiers, officiers volontaires. Leurs missions consistent à prodiguer les soins aux animaux blessés et à intervenir dans des domaines qui relèvent de la santé publique. Le vétérinaire est responsable de la télé-anesthésie et reste le conseiller technique du commandant des opérations de secours (COS) pour tout ce qui relève de la prise en charge médicale ou sanitaire des animaux.

2 - Les matériels à disposition

A - La tenue d'intervention

La tenue de base doit toujours être adaptée au risque rencontré. Les équipements de protection individuelle (EPI) de type vêtements de feu ne protègent en aucun cas contre les morsures ou les coups de griffe...

Il s’agit d’un minimum auquel doivent s’ajouter des éléments complémentaires

  • casque F2 ;​
  • lunettes de protection ;
  • masque contre le risque infectieux ;
  • gants spécialisés ;
  • tablier de protection...

B - Le matériel du véhicule tout usage (VTU)

Selon les départements, l’armement de base des véhicules adaptés aux interventions diverses diffère. En général, on y trouve un lasso, une pince à chat, une cage, une combinaison contre les hyménoptères et une échelle à coulisse.

Cette liste peut se compléter par des matériels plus spécialisés : bouclier d’approche, costume de protection (chiens), gants renforcés et spécialisés (singes, chats, serpents...), combinaison de plongée, clôture électrique, filets (à marcher, à lancer...), crochets à serpents, sangles de levage, fusils hypodermiques (usage réglementé), brancard de relevage et harnais de sauvetage, matériel et médicaments vétérinaires, etc.

3 - Les consignes générales d'intervention

Le premier réflexe est de figer la scène d’intervention au plus vite par la mise en place d’un périmètre de sécurité adapté à l’animal.

L’attitude de l’animal dépend de plusieurs zones virtuelles :

  • une zone d’indifférence qui permet de délimiter le périmètre de sécurité ;​
  • une zone d’alerte où l’animal a pris en compte la présence des intervenants 
  • une zone d’évitement ou de fuite où l’animal cherche à éviter le contact des intervenants qui s’approchent ;
  • une zone d’attaque ou zone critique dans laquelle toute présence déclenche l’attaque de l’animal.

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B - L'analyse de zone

Elle doit être suffisamment poussée pour répondre aux questions suivantes :

  •  quel est l’animal concerné (espèce, caractéristiques, dangers) et son état (stressé, blessé, bloqué, agressif...) ?​
  • quelles sont les possibilités qui s’offrent à lui ?
  • quels sont les éléments qui pourraient gêner le bon déroulement de l’intervention et la capture de l’animal ?
  • l’effectif intervenant est-il suffisant pour procéder à la capture ?
  • le matériel à disposition est-il adapté et suffisant pour capturer l’animal ? À qui confier l’animal une fois capturé ?

C - Les consignes de prudence

Il faut également respecter certaines consignes particulières de prudence :

  •  l’utilisation des avertisseurs lumineux et sonores peut stresser ou apeurer davantage l’animal. Attention à leur utilisation aux abords de la zone d’intervention ;​
  • tout animal est potentiellement dangereux, surtout s’il a peur, s’il est blessé ou si les petits sont avec leur mère ;
  • ne jamais sous-estimer les capacités d’un animal. Il est généralement plus rapide, plus puissant ou plus endurant que les intervenants ;
  • ne pas se précipiter ou faire de gestes brusques, mais s’approcher doucement ;
  • ne pas soutenir le regard de l’animal ;
  • rester calme et respirer régulièrement.

L’attitude des animaux est un signe à prendre en compte. Ainsi la position de la tête, le plissement du museau, la position des oreilles, les mouvements de la queue, le poil hérissé sont autant de signes exprimant son humeur.

4 - La méthodologie opérationnelle

La marche générale des opérations obéit à un canevas précis.

Étape 1 – Préparation de l’intervention

- Précautions à prendre :

  • établir un périmètre de sécurité adapté ;​
  • porter la tenue appropriée au risque ;
  • éviter le suraccident ;
  • rester calme et ne pas se précipiter ou faire de gestes brusques.

- Que faire de l’animal capturé ?

  •  création d’un enclos, mise en cage ;​
  • prise en charge par les services de la commune ou intercommunaux (qu’il faut prévenir) ;
  • transport vers une structure vétérinaire ou fourrière ;
  • enlèvement du cadavre par une société d’équarrissage.

- Matériel de capture à préparer et à vérifier pour éviter un dysfonctionnement intempestif.

Étape 2 – Contention de l’animal

La contention est un procédé employé pour immobiliser les animaux afin d’effectuer un bilan, d’appliquer des soins ou de pratiquer une intervention chirurgicale. Elle peut être mécanique ou chimique :

- la contention mécanique comprend tous les dispositifs permettant de contrôler, de guider ou d’entraver un animal. Par exemple :

  • la muselière, qui peut être réalisée de manière provisoire au moyen d’un lien plat. Sa mise en place est un acte difficile,​
  • le licol et sa longe, en faisant attention à ne pas coincer sa main entre le licol et la tête de l’animal. Il est plus raisonnable d’utiliser une longe de grande taille pour pouvoir maîtriser l’animal si celui-ci s’emballe,
  • les entraves permettent d’attacher entre elles les pattes de l’animal debout ou couché. Elles peuvent servir également à lever l’animal,
  • le tord-nez : c’est une boucle de cuir fixée à un bâton avec laquelle on serre la lèvre supérieure des équidés ou des bovins afin de libérer des endorphines aux effets analgésiques ;

- la contention chimique est un acte vétérinaire qui consiste à endormir l’animal à distance. Cette injection se réalise à l’aide d’une fléchette tirée par un projecteur hypodermique. Son utilisation peut être faite sous certaines conditions par un sapeur-pompier, mais seul un vétérinaire en est responsable.

Étape 3 - Bilan de l’animal et soins si besoin

Étape 4 – Transport de l’animal

À réaliser dans un contenant adapté et le plus souvent dans l’obscurité, pour diminuer son stress.

Étape 5 – Remise en état du matériel et suivi sanitaire des intervenants

L’animal peut être porteur de parasites pour l’homme. Il est important de prendre toutes les mesures sanitaires d’usage avant et après être entré en contact avec un animal. L’utilisation de gants, de masque de protection respiratoire, le nettoyage des mains et des outils sont importants pour limiter ce risque sanitaire. Toute blessure doit être signalée au service de santé et de secours médical du SDIS et suivie avec une attention particulière.

5 - Des exemples de cas concrets

A - Un cheval dans un puits 

- Établir rapidement le contact avec l’animal pour le rassurer, lui parler calmement.

- Utiliser une main courante si besoin.

- Poser un licol et une longe et lui cacher la vue afin de faciliter les manipulations.

- Prévoir un moyen de levage pour le sortir de son piège. Pour cela, lui passer les sangles de levage sous l’abdomen et l’aider à maintenir sa tête hors de l’eau (attention au risque d’écrasement sur les parois du puits ou de coup de tête si le cheval se débat).

- Procéder au levage rapidement et de manière régulière en prêtant une attention particulière au moment où le cheval va reprendre pied : il peut partir au galop.

- Prévoir de réchauffer le cheval qui peut être en hypothermie et certainement épuisé (couverture, séchage avec de la paille, aide médicale, etc.).

À savoir : la présence d’un vétérinaire est nécessaire tout au long de l’intervention.

B - Un chien agressif dans un véhicule accidenté avec une victime humaine

- Baliser et caler le véhicule avant d’engager l’« écureuil » au plus près de la victime. Le chien, défendant son maître, empêchera tout sauveteur de s’intro- duire dans l’habitacle. Il est donc indispensable de l’isoler.

- Si la capture au lasso n’est pas réalisable, le plan dur ou le matelas coquille dépressurisé peuvent faire un écran entre le chien et la victime alors qu’un équipier détourne l’attention du chien. Cette manœuvre est dangereuse et doit se faire rapidement sans se faire surprendre par le chien qui pourrait se jeter sur la portière en cours d’ouverture.

- Le chien défend son territoire ; il aura souvent un comportement plus docile à l’extérieur du véhicule.

C - La capture d'un serpent échappé du terrarium

- Se faire confirmer la présence du serpent par un témoin (propriétaire présent) ainsi que son espèce et sa dangerosité.

- Établir un périmètre de sécurité.

- Investir précautionneusement les lieux, en cherchant dans chaque recoin, du haut vers le bas. Par mesure de sécurité, ne faire aucune recherche main nue mais utiliser le matériel adapté (crochet, pince à reptile, bâton de fixation, raclette...). Le serpent peut rester caché tout comme il peut s’enrouler autour d’un point fixe ou attaquer. Il existe des gants spéciaux contre le risque d’envenimation par morsure.

- Mettre l’animal capturé en boîte ; il doit faire l’objet d’une identification précise.

Lorsque la capture est trop dangereuse ou doit se faire en urgence, l’utilisation d’un
extincteur au CO2 est efficace à distance mais peut être fatale pour l’animal.