Les reprises nominales et pronominales

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Dans un texte, un groupe nominal ou un pronom peut reprendre une expression antérieure. On parle de reprises nominales et pronominales.

1 - Les reprises et les termes de reprise

Les termes de reprise (quelquefois nommés substituts) sont des mots ou des groupes de mots qui rappellent une expression déjà présente dans le texte. On parle de reprise anaphorique. Le rémouleur ne riait pas, lui. Il n’avait pas l’air d’entendre. (A. Daudet) Si le substitut précède cette expression, on parle de cataphore : Il n’entendait rien, le rémouleur.

Comme les termes de reprise se réfèrent à une entité antérieure, on parle de référent. Les termes qui reprennent ce référent (dit antécédent) constituent la chaine de référence. Les reprises sont coréférentielles lorsqu’elles ont exactement le même référent que celui de l’antécédent ; on parle de coréférence : Le rémouleur ne riait pas. Il était triste. Mais certains substituts ne reprennent pas le même référent : La voiture de Viviane est noire, celle de Micheline est bleue. Celle reprend bien voiture, mais ce n’est pas la même.

Les reprises anaphoriques peuvent remplacer des noms propres, ou bien des noms communs ou des groupes nominaux désignant n’importe quelle réalité.

2 - Les reprises pronominales et nominales

A. Les reprises pronominales

Les pronoms qui « remplacent un nom » reprennent un terme antérieur :
des pronoms personnels de 3e personne, sujets ou compléments : Vous voilà chez vous, Parisien ! me cria [...] le conducteur ; et [...] il me montrait ma colline verte. (A. Daudet) ;

– des pronoms démonstratifs : Les coups de pied de mule ne sont pas aussi foudroyants d’ordinaire ; mais celle-ci était une mule papale. (Id.) ;

– des pronoms possessifs : Si tu as la nostalgie de ta caserne, est-ce que, moi, je n’ai pas la nostalgie de la mienne ? (Id.) ;

– des pronoms indéfinis : Dans l’entrepont, où les soldats sont renfermés, [...] l’atmosphère est chaude. Quelques-uns sont malades. (Id.)

Tous les pronoms ne sont pas anaphoriques :

– les pronoms personnels des 1re et 2e personnes renvoient à l’émetteur ou au récepteur. Ces pronoms sont déictiques. Vous voilà chez vous, Parisien ! (Id.) ;

– certains pronoms ne réfèrent pas à un terme antérieur parce qu’ils ont une référence indéterminée : La mère entendit quelqu’un traverser sa chambre en courant. (Id.)

B. Les reprises nominales

Elles se font le plus souvent avec un groupe nominal organisé autour d’un nom commun :

reprise fidèle du même terme avec un passage de l’indéfini au défini (une étoile... l’étoile), avec un déterminant démonstratif (cette étoile) ou possessif (son étoile) ;

reprise par un hyperonyme, c’est-à-dire par un mot générique : Le chien se mit à tourner autour de la pièce [...]. Cette bête nous rendait fous ! (G. de Maupassant) ;

reprise par un synonyme : On prit pour arbitre le docteur. Le médecin sourit. (Id.) ;

reprise par une périphrase (souvent pour les noms propres) : Ils voulaient visiter Venise. Ils s’embarquèrent pour la cité des Doges.

Un nom propre n’est jamais anaphorique. Il existe des reprises avec des adverbes (ainsi, là...) : Ils s’arrêtèrent à la place Saint Marc. , ils admirèrent... ; des adjectifs : Son interprétation a été remarquable. Je ne m’attendais pas à une telle prestation ; des verbes : Je suis allé à la mer comme je le fais tous les jours.

3 - Les effets des reprises

A. La construction de la représentation du référent

Dans les textes informatifs, les reprises apportent des informations supplémentaires utiles à la compréhension : Le chat appartient à la famille des félidés. Ce mammifère carnivore chasse de petites proies. Ce prédateur des souris, domestiqué, est aussi un animal de compagnie.

B. L’expression du point de vue

Les reprises anaphoriques permettent aux auteurs de donner leur point de vue. Le cheval. La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats. (Buffon)

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Analysez les reprises pronominales et nominales.

C’était le loup. Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait bien qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se retourna, il se mit à rire méchamment. [...]

Alors le monstre s’avança, et les petites cornes entrèrent en danse. Ah ! la brave chevrette, comme elle y allait de bon cœur ! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine... Cela dura toute la nuit. (A. Daudet, La Chèvre de Monsieur Seguin)