Les politiques locales en faveur de la citoyenneté des jeunes

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La citoyenneté désigne la participation à la vie de la Cité, par une attitude respectueuse (la civilité), le sens de l’intérêt général (le civisme) et de la solidarité. La citoyenneté va de pair avec la responsabilité et permet de vivre ensemble, dans le respect des différences. Les communes sont des acteurs essentiels en matière d’éducation à la citoyenneté. Ainsi, la réforme des rythmes scolaires leur permet d’agir dans ce sens, dès le plus jeune âge.

1 - Les enjeux des politiques locales en faveur de la citoyenneté des jeunes

Dès 2015, une étude menée auprès de 247 communes représentatives, dressait le constat, pour les trois quarts des communes, d’une citoyenneté « en crise ».

Le rapport des jeunes à la société est complexe. À force de marteler l’existence d’une société en crise, ils ont développé une anxiété sociale sans cependant se résigner.

L’anxiété sociale des jeunes est une réalité à considérer. La perdurance d’une société en crise a mis à mal le mythe d’une société méritocratique et pousse les jeunes à développer une anxiété sociale importante. Le poids de l’anxiété familiale renforce cette situation et contribue, dès le plus jeune âge, à augmenter les angoisses scolaires. Si les peurs participent de la construction de l’enfant, les peurs sociales, normales à l’adolescence, tendent à devenir pathologiques. La précarité professionnelle les questionne et empêche une projection dans l’avenir. De nombreux jeunes se trouvent en désespérance sociale. Si la famille demeure une valeur refuge, leur défiance est vive à l’égard des institutions religieuses, du politique et des médias.

L’absence de reconnaissance sociale que ressentent les jeunes les empêche de devenir des citoyens à part entière. Portés par le sentiment d’être abandonnés par la société, ils tendent vers l’individualisme alors que l’altruisme les caractérise. Si le travail est important, les jeunes considèrent qu’il participe à l’épanouissement personnel.

La tentation du départ à l’étranger reste forte et le phénomène de la radicalisation religieuse prend de l’importance. Cette situation suscite un malaise chez les professionnels du travail social. Ils abordent la radicalisation avec prudence, en distinguant celle qui relève d’une marginalisation, ponctuelle, participant à la construction du jeune, de celle qui traduit un véritable basculement. Des solutions existent car les jeunes éprouvent un réel besoin de reconnaissance sociale.

Le refus de la résignation des jeunes s’accompagne de nouvelles formes d’engagement. Ainsi, l’intérêt des jeunes pour le politique est réel mais la politique traditionnelle est synonyme de désillusion. Leur engagement s’oriente vers les réseaux sociaux, un militantisme de terrain. Leur potentiel de révolte est puissant mais chaque jeune développe une stratégie particulière : 

  • adaptation au système (loyalty)
  • départ (exit)
  • révolte (voice)

Les travailleurs sociaux agissent pour que l’adulte redevienne un repère. Ils favorisent des pratiques de vie collective, valorisantes pour les jeunes et développent des approches innovantes, comme les ambassadeurs de la laïcité.

L’essentiel est de donner aux jeunes l’assurance qu’ils ont une place dans la société. Leur besoin d’expression semble étouffé alors qu’ils ne demandent qu’à l’exprimer. Les travailleurs sociaux insistent sur l’importance de la prévention et du partenariat multidisciplinaire. Cette démarche implique une forte volonté politique locale, une approche globale sur le bien vivre ensemble, en intégrant notamment une réflexion sur l’urbanisme et la place des services publics de proximité. Certaines municipalités agissent dans ce sens, notamment par la désignation d’un élu à la citoyenneté.

Finalement, la confiance demeure un facteur central pour oser aller vers l’autre et s’engager. Faire confiance aux jeunes, c’est leur donner le désir de l’engagement citoyen, porteur d’une société apaisée.

La pandémie liée au Covid-19 qui frappe depuis début 2020 affecte notamment les jeunes : elle génère ou aggrave leur mal-être, voire leur détresse.

2 - Le cadre juridique

  • Loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national.​
  • Loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté.
  • Service national universel (engagement de campagne électorale d’Emmanuel Macron. Conseil des ministres du 27 juin 2018).

3 - La mise en œuvre de politiques locales pour renforcer les jeunes dans leur mission citoyenne

Le choix d’agir auprès des jeunes conduit à développer une démarche active. Ainsi, la connaissance du rapport des jeunes à la société permet d’initier, au niveau local, une politique pour renforcer les jeunes dans leur mission citoyenne :

- accompagner les jeunes vers l’autonomie constitue l’axe central d’une politique jeunesse. Ainsi, le sport et la culture renforcent le lien social. De plus, donner la parole aux jeunes, dans un cadre structuré, développe le goût et le sens de la démocratie participative ;

- développer une politique citoyenne « sport et culture » : le sport et la culture portent une ambition éducative et citoyenne forte. Ils associent l’individuel et le collectif, contribuant ainsi à l’intégration sociale et au bien vivre ensemble. Dès lors, un état des lieux de l’existant est nécessaire et l’efficacité de la démarche conduit à instituer une approche concertée : diagnostic territorial approfondi (DTA) des activités physiques et sportives, ciblé sur le lien sport et culture ; concertation entre la commune, l’intercommunalité, les services déconcentrés de l’État, le mouvement associatif… La réussite d’une politique citoyenne « sport et culture » implique une participation active des jeunes ; leur donner la parole et la possibilité d’agir les rend acteurs de leur ville ;

- sensibiliser les jeunes à la démocratie participative locale : création, par délibération du conseil municipal, d’un conseil municipal des enfants (9 ans), des jeunes (collégiens), d’un conseil local de la jeunesse (15/25 ans) ou d’un conseil consultatif représentatif des jeunes.

Surfez sur Internet :

  • Les jeunes et le Covid : « Il y aura des conséquences sur leur entrée dans la vie adulte et le monde du travail » (www.telerama.fr du 29 septembre 2020).
  • Rapport fait au nom de la commission d’enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse (Assemblée nationale. Rapport n° 3703 du 16 décembre 2020).
  • Covid-19 : santé, éducation, emploi, quelles incidences pour les jeunes ? (www.viepublique.fr du 18 janvier 2021).
  • Politiques Jeunesse : les organisations appellent l’État et les collectivités à davantage d’ambition (www.banquedesterritoires.fr du 15 mars 2021).
  • Vers un dialogue jeunes / élu.e.s. Pour des politiques de jeunesse partagées (Guide de mars 2021. www.urhajbretagne.fr).
  • Laïcité et fait religieux dans le champ du sport – « Mieux vivre ensemble » (Ministère des sports, mai 2019. www.gouvernement.fr).
  • La citoyenneté. Être citoyen aujourd’hui (Conseil d’État. Étude annuelle 2018. www.ladocumentationfrancaise.fr).
  • Les prix Anacej des jeunes citoyens (www.anacej.asso.fr).