Les opérations d'épuisement

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Lors des missions de protection des biens et de l’environnement, les interventions pour inondation de locaux (appartements, caves...) sont fréquentes et leurs causes sont multiples : rupture de conduite, négligence, conditions météo, infiltration, vétusté et fonctionnement défectueux, etc. 

La mission des sapeurs-pompiers se limite à supprimer la cause et à éviter l’aggravation des dommages.

1 - La reconnaissance de la situation

La reconnaissance a pour objectifs de :

  • rechercher et déterminer la cause (par la prise de renseignements auprès du requérant, du gardien ou du voisinage et en se faisant guider au plus près du sinistre) ;
  • supprimer la cause (fermer un robinet, une vanne ou un contre-barrage, manœuvrer avant ou après compteur un robinet de la colonne de distribution et barrer à la vanne générale si besoin, action effectuée par le service des eaux sur la canalisation générale) ;
  • définir les moyens.

Une reconnaissance de tous les locaux situés en dessous de la surface inondée s’impose. La reconnaissance doit permettre :

  • d’apprécier la nature et le nombre des locaux sinistrés ;​
  • de décider de couper le courant en cas de risque électrique (penser à demander à EDF) ;
  • de quantifier les surfaces (pour les habitations et les entreprises), les volumes (la hauteur et la surface d’eau pour estimer le volume d’eau à épuiser, à calculer en m3), les niveaux (étages supérieurs et inférieurs) ainsi que les moyens adaptés pour assurer la mission.

2 - Le déroulement des opérations

A - Le choix des appareils

Le choix des appareils d’assèchement est fonction de la source d’énergie disponible et utilisable (réseau électrique, groupe électrogène, alimentation en eau), de la quantité d’eau contenue dans le local, de la hauteur d’eau à aspirer, de la hauteur géométrique d’aspiration et de la ventilation des locaux.

Il se fait parmi les matériels ci-après : aspirateur, hydro-éjecteur et turbo pompe d’épuisement, MPE électrique ou thermique, MPR ou engin-pompe dans certains grands volumes (uniquement pour les eaux claires).

Important : il faut prêter attention :

  • en infrastructure : aux transformateurs, chaufferies et machineries d’ascenseur, qu’il faut préserver en cas d’inondation ;​
  • sur la voie publique : aux conséquences que peuvent subir les installations EDF, GDF et les locaux télécom ;
  • sur des structures anciennes : aux surcharges de planchers (faire une trouée si besoin pour évacuer l’eau stagnante).


Il faut surveiller le niveau de l’eau (si le niveau baisse, évaluer le temps d’intervention ; si le niveau ne baisse pas, rechercher la cause...), les émissions de gaz d’échappement (pour les matériels thermiques) et les établissements.

À chaque retour d’intervention, il faut remettre en état le matériel, vérifier son fonctionnement, le faire sécher et le stocker.

B - Les pompes thermiques

1) Les motopompes d'épuisement (MPE)

Elles sont équipées d’un moteur thermique, d’une pompe et d’un système d’amor- çage qui offrent des débits variables (jusqu’à 60 m3/h) sous une faible pression. Débit : 250 à 750 L/min, sous 3 bars à 5,50 m de dénivelé.

Elles sont mises en œuvre pour des épuisements n’excédant pas 60 m3/h par moto- pompe et sont spécialement conçues pour être mises en aspiration directe dans les caves, sous-sol, excavations et locaux inondés.

Elles doivent toujours être placées si possible à l’extérieur, afin d’éviter tout risque d’intoxication par les gaz d’échappement.

2) Les motopompes remorquables (MPR)

Ce sont des engins de lutte contre l’incendie comportant une pompe accouplée à un moteur thermique et munie d’un amorceur.

Elles sont utilisées lors des opérations d’alimentation de lances, pompes et appareils hydrauliques ainsi que lors des opérations d’épuisement d’eau moyennement chargée en grande quantité.

Leur mise en œuvre se fait en aspiration dans une nappe d’eau, en refoulement sur une bouche ou un poteau, ou en relais.

3) Les motopompes flottantes (MPF)

Elles sont équipées d’un moteur thermique, d’une pompe centrifuge et de flotteurs qui les rendent insubmersibles.

Elles sont utilisées lors des opérations d’alimentation de lances, pompes et appareils hydrauliques ainsi que lors des opérations d’épuisement d’eau, chargée ou non.

Elles offrent un débit pouvant aller jusqu’à 1 450 L/min sous une faible pression.

C - Les pompes hydrauliques

1) L'hydro-éjecteur

C’est une pompe hydraulique équipée d’un système venturi. L’appareil est immergé dans le volume à épuiser. De l’eau sous pression y est envoyée, par un engin, grâce à un établissement de 45 mm. Un phénomène d’aspiration se produit dans le dispositif « éjecteur » et cette eau « motrice » ainsi que l’eau « aspirée » s’évacuent par une tubulure de refoulement dans un établissement de 70 mm.

Il permet la réalimentation des engins porteurs d’eau par l’intermédiaire de leur propre pompe, ainsi que l’épuisement dans des volumes d’eau limités et le pompage à partir d’une nappe d’eau dans laquelle une mise en aspiration n’est pas possible (éloignement par rapport au stationnement de l’engin-pompe ou trop grand dénivelé).


2) La turbo-pompe

Elle est constituée d’une turbine hydraulique et d’une pompe dont les roues sont montées sur un même arbre tournant dans un palier à roulement à billes. De l’eau sous pression alimentant la turbine provoque la rotation à grande vitesse (1 800 à 2 000 t/min) de l’arbre et, par conséquent, de la roue de la pompe. Le liquide à évacuer est aspiré et refoulé à l’extérieur de la zone à assécher.

Elle permet l’épuisement d’eau dans les sous-sols, caves et excavations. Dans le cas de fonds sablonneux, il faut maintenir la crépine à 150 mm au moins du fond. Il est important de noter que les deux circuits (turbine et pompe) sont indépendants l’un de l’autre, sans communication ni mélange.

La turbine fonctionne donc avec de l’eau propre de l’engin-pompe, récupérable par retour au réservoir, tandis que la turbopompe peut véhiculer des eaux usées ou tout autre liquide.


3) La pompe électrique

Elle est simple d’utilisation et de mise en œuvre, mais il faut disposer d’une alimen- tation électrique (secteur ou groupe électrogène). Son rendement est compris entre 0 et 30 m3/h pour des hauteurs d’aspiration ne dépassant pas 24 m.

Elle est utilisée pour l’épuisement d’eaux chargées lorsque les moyens à moteur thermique ne peuvent être employés ou que l’éloignement des hydrants ou engins- pompes ne permet pas l’utilisation de moyens hydrauliques.


4) Les aspirateurs à eau

Ce sont des appareils électriques prévus pour l’aspiration de petits volumes d’eau (50 à 70 L) avec une très faible hauteur d’aspiration.

Il en existe différents modèles de puissance et d’encombrement variables ; ils sont équipés d’une pompe de refoulement.

Leur capacité de cuve varie de 50 à 70 L et leur tension d’utilisation est de 220 volts. Leur rendement est compris entre 0 m3 et 15 m3/h pour des hauteurs de refoule- ment de 8 m maximum et la hauteur d’eau ne doit pas dépasser 5 cm environ.