Les connecteurs

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Les connecteurs sont des mots de liaison qui contribuent à l’organisation du texte et du discours. Ils appartiennent à des classes grammaticales différentes, surtout à celles des conjonctions de coordination et des adverbes.

1 - Les organisateurs textuels

Les connecteurs temporels, qui structurent le texte suivant la représentation du temps, se rencontrent beaucoup dans les récits pour indiquer la chronologie : alors, ensuite, puis, etc. En même temps commença une grande pluie fouettante qui menaçait depuis le matin. Alors ce fut une débandade folle avec des cris et des rires... (P. Loti)

Les connecteurs spatiaux ordonnent le plus souvent des descriptions. Ce sont des adverbes, des locutions adverbiales, des groupes prépositionnels (d’un côté / de l’autre côté...). Le transport continuait sa route à travers l’océan Indien. En bas, [...], il y avait encore des misères enfermées. Sur le pont, on ne voyait qu’insouciance, santé et jeunesse. (Id.)

Les connecteurs marquant la progression du texte et son découpage servent à :
ordonner les énumérations : tout d’abord, après, ensuite, aussi, enfin, puis... Le père Fauchelevent [...] fut récompensé de sa bonne action ; d’abord il en fut heureux ; puis il eut moins de besogne. Enfin, comme il aimait le tabac, il trouvait à la présence de M. Madeleine cet avantage qu’il prenait trois fois plus de tabac que par le passé... (V. Hugo) ;

annoncer les exemples : par exemple, notamment, en particulier, ainsi... ;

indiquer les changements de point de vue : quant à, en ce qui me concerne... Quant à Pécuchet, la chute de la Royauté confirmait ses prévisions. (G. Flaubert)

Beaucoup de connecteurs sont polyvalents, comme alors, ensuite, puis.

2 - Les marqueurs d’une prise en charge énonciative

Ces connecteurs marquent les interventions de l’énonciateur, par exemple lorsque celui-ci signale les points de vue en indiquant leur origine : selon X, d’après X, etc. (La banlieue, selon Bouvard, était assommante par le tapage des guinguettes. G. Flaubert) ou quand il précise son propos à l’aide d’un marqueur de reformulation : Il s’était arrêté là, trouvant bon d’être pauvre, et retranchant au travail pour donner à la pensée. C’est-à-dire qu’il passait quelquefois des journées entières à songer... (V. Hugo)

3 - Les connecteurs argumentatifs

Dans le discours argumentatif, l’énonciateur cherche à convaincre un destinataire pour modifier son opinion. Les connecteurs servent à indiquer diverses relations logiques.

A. Conjonction/disjonction

La relation de conjonction marque le lien : et, aussi, également, etc., tandis que la relation de disjonction marque la séparation : ou, soit... soit...

B. Opposition/concession

Les connecteurs marquant l’opposition introduisent une objection à la phrase ou à l’argument qui précède : mais, cependant, etc. Son visage sérieux ne trahissait aucune émotion. Pourtant il était [...] profondément préoccupé. (V. Hugo)

Dans la concession, on admet d’abord un argument (certes) pour le contredire ensuite (mais). Certes, nous ignorons la sensibilité particulière de chaque être, mais d’habitude nous ne savons même pas que nous l’ignorons. (M. Proust)

C. Explication ou justification

Elle est souvent marquée, avec diverses nuances, par car, en effet, parce que, puisque, etc. Je ne veux pas m’arrêter en route, car j’ai peur de perdre une minute. (H. de Balzac)

Des connecteurs peuvent introduire un argument supplémentaire, ajouter une information à la proposition précédente : d’ailleurs, de plus, du reste, en outre, à propos, etc.

D. Conclusion

La progression d’un raisonnement nécessite souvent des phases de conclusion partielles et débouche sur une phase conclusive finale. Le connecteur le plus utilisé est donc, mais aussi alors, ainsi, finalement, enfin, en conclusion, etc. Ainsi déjà quatre relations majeures, [...] allaient lui être acquises au cœur de la haute société parisienne. (H. de Balzac)

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Je m'entraine

Relevez les connecteurs et indiquez leur rôle dans le texte.

1. « Tout ceci est ce qu’il y a de mieux ; car s’il y a un volcan à Lisbonne, il ne pouvait être ailleurs ; car il est impossible que les choses ne soient pas où elles sont, car tout est bien. »

2. Les persécutions font des prosélytes. Bientôt la France sera pleine de nouveaux protestants. D’abord ils se laisseront pendre, et puis ils pendront à leur tour. Puis viendra la Saint Barthélemy.

3. Nous vivons en société ; il n’y a donc de véritablement bon pour nous que ce qui fait le bien de la société.

4. Ils s’enfoncèrent dans un pays inconnu. Enfin une belle prairie entrecoupée de ruisseaux se présenta devant eux.

5. Les Juifs adoraient leur Dieu ; mais ils n’étaient jamais étonnés que chaque peuple eût le sien. (Voltaire, Candide et Dictionnaire philosophique, extraits)