Le système orthographique français

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L’écriture française est alphabétique : les 26 lettres de l’alphabet transcrivent d’abord des phonèmes. L’orthographe repose sur deux principes : la référence au son et au sens (des lettres, muettes, apportent des informations d’ordre grammatical ou sémantique).

1 - Le graphème, unité graphique

Le graphème est la plus petite unité distinctive d’un système graphique. Il s’agit :
– d’une seule lettre : dans mer, trois graphèmes transcrivant chacun un phonème [mɛR] ;

– de deux lettres (digramme) : an, on, au, ai, gu, ph, ch... ;

– de trois lettres (trigramme) : eau, oin... ;

– d’une lettre avec un signe diacritique : accent (é, è, ê, ô, â, à, ù), tréma (ï) et cédille (ç).

Taureau : 7 lettres / 4 graphèmes : t-au-r-eau = 2 lettres seules + 1 digramme + 1 trigramme.

Ne pas confondre phonème (la plus petite unité distinctive de la chaine parlée) et graphème (unité distinctive de la chaine écrite).

2 - Le classement des graphèmes

A. Les différentes sortes de graphèmes

La linguiste N. Catach distingue 3 sortes de graphèmes :

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Les morphogrammes lexicaux sont des marques dérivatives qui sont irrégulières dans certaines familles : abri/abriter ; cauchemar/cauchemarder ; tabac/tabagie...

Il existe une 4e catégorie de lettres, muettes comme les morphogrammes mais plus rares, qui représentent des traces visibles de l’histoire du français :

– les lettres étymologiques indiquant les relations avec le latin (tempustemps ; digitumdoigt) ou le grec (rhume), qui servent parfois à distinguer des homophones (doigt/doit) ;

– les lettres historiques non étymologiques ne jouant plus aucun rôle (comme certaines consonnes doubles : grammaire, bonne ; ou la lettre h : huile, huit, issus de oleum et de octo).

• Un même phonème peut être transcrit par plusieurs graphèmes : [s], par exemple, peut être transcrit par une dizaine de graphèmes (s, ss, c, ç, t...).
• Un graphème peut transcrire différents phonèmes : s transcrit [s] (sot) ou [z] (rasé).
Cela explique la distorsion entre le nombre de phonèmes (36) et de phonogrammes (130). Mais il existe 45 graphèmes de base, très fréquents, couvrant 80 à 90 % des besoins pour transcrire l’oral + 25 graphèmes moins rentables + 60 rares. Par exemple, le phonème [ɛ̃] peut être transcrit par les deux graphèmes de base : in (malin) 45 % et en (chien) 23 % + ain (bain) et ein (plein) 21 % + des formes rares : im (impôt), aim (daim), yn (larynx), ym (cymbale).

B. La polyvalence des graphèmes

Un graphème peut avoir plusieurs valeurs. Dans chanté, le é est un phonogramme puisqu’il est prononcé ; il a aussi une valeur morphogrammique car il est la marque du participe passé des verbes en -er, et une valeur logogrammique lorsqu’on l’oppose au -er de l’infinitif.

3 - La valeur des lettres

Les linguistes C. Blanche-Benveniste et A. Chervel distinguent cinq valeurs des lettres :

valeur de base : la manière la plus fréquente de lire la lettre → la valeur de base de c est [k] : café, abricot... ;
valeur de position : conditionnée par la position de la lettre dans la chaine graphique → devant e, i et y, c a la valeur de position [s] : citron ;
valeur auxiliaire : muette, la lettre influe sur la prononciation d’une autre lettre → e dans plongeon ;
– la lettre peut faire partie d’un digramme (groupe de deux lettres) → chinois... ;
valeur zéro : la lettre n’a pas de rôle du point de vue phonographique → escroc, tabac...

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Je m'entraine

1. Commentez les morphogrammes lexicaux des mots : bas − marchand − mort − rang − camp.
2. Identifiez les différentes sortes de graphèmes dans les mots de la phrase suivante : Leurs gestes sont vraiment délicats.
3. Repérez les lettres qui ont une valeur auxiliaire dans les mots : chanter − guêpe − poulet − ghetto − petite.