Le développement de la pensée entre 2 et 4 ans

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La majorité des phrases se construisent selon le modèle : sujet + verbe + complément. Comment pensent les enfants dont le langage n’est pas encore développé, avant 3 ou 4 ans ? Comment élaborent-ils leur pensée ? Cela est difficile à imaginer pour un adulte.

Le besoin de sommeil

Ce que l’on constate

En moyenne, le besoin de sommeil pour les enfants de 3 à 6 ans est de 12 heures par jour. En effet, les enfants peuvent être de « gros » dormeurs ou de « petits » dormeurs. Certains enfants peuvent avoir besoin de faire une sieste jusqu’à l’âge de 6 ans.

Bien souvent, les troubles du sommeil sont dus à des décalages dans les cycles du sommeil. Certains enfants s’endorment très tard et ont donc du mal à se lever tôt pour aller à l’école. Les décalages peuvent aussi s’instaurer par de trop longues siestes ou à l’occasion des week-ends, où les rythmes sont modifiés.

Pour ces raisons, il est important qu’à l’école, un temps de sieste dans un endroit calme soit proposé à l’enfant. À l’école, l’enfant doit pouvoir retrouver un coin familier et agréable, avec suffisamment de repères pour pouvoir s’abandonner au sommeil. La lumière est adoucie et la pièce ne doit pas être surchauffée. L’après-repas est propice à l’endormissement.

Le rôle de l’ATSEM

L’ATSEM participe à l’endormissement. Les plus petits ont besoin de son aide pour se déshabiller et poser leurs affaires (dans une panière étiquetée à leur nom). Certains enfants anxieux réclament sa présence et son contact.

L’ATSEM participe au réveil progressif de chacun, qui se fait en douceur. Elle laisse les enfants se réveiller, puis s’habiller, avec son aide.

Le « doudou »

Les enfants s’attachent à un objet avec lequel ils ont une véritable relation affective. Ils sont déchirés s’ils le perdent, mais peuvent aussi lui faire subir toute leur colère. Le « doudou » peut prendre la forme d’une peluche, d’un lange, d’un vieux vêtement... Cet objet prend sa fonction au moment où la séparation avec la mère s’amorce : c’est le premier objet dont l’enfant prend conscience qu’il n’est ni tout à fait lui, ni tout à fait « maman ».

Le doudou sert donc à rassurer l’enfant en toutes circonstances, en particulier à l’école où il n’est pas dans le milieu familial. Cet objet « un peu de lui, un peu de maman » va l’aider à s’endormir, se calmer...

Les premiers temps d’école, les enseignants acceptent sans condition la présence du doudou dans la classe. Puis petit à petit, l’enfant étant de plus en plus à l’aise dans la classe, il va devoir ranger l’objet précieux. En moyenne section, certains enfants n’apportent déjà plus le doudou à l’école.

Se représenter le monde : la pensée symbolique 

L’apparition de la représentation mentale

Avant 2 ans, c’est-à-dire avant l’âge scolaire, le développement de l’intelligence de l’enfant se fait par expérimentation. L’enfant comprend en expérimentant avec ses sens : la vue, le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe. Du simple réflexe au mouvement, il va coordonner ses gestes. Puis, il les répète jusqu’à les comprendre.

Après 2 ans, l’enfant n’a plus besoin de faire l’action, il peut la penser. Il utilise des représentations mentales pour évoquer des objets (ou des événements), même absents. Cette capacité de représentation est importante, car elle lui permet de comprendre que les objets et les personnes sont permanents, même hors de son champ de vision.

Lorsque les enfants sont mis à l’école à 2 ans ou 3 ans, cette acquisition est fragile. Elle est bousculée par l’insécurité d’un monde nouveau. À la lumière de cette connaissance, on comprend mieux la difficulté des enfants à se séparer le matin et la quasi systématicité des pleurs à la rentrée.
La séparation avec le milieu familial pour aller dans un environnement collectif peut provoquer un sentiment d’abandon bien compréhensible, en particulier si l’enfant n’a jamais été gardé par d’autres personnes que ses parents. L’ATSEM doit faire preuve de compréhension et s’interdire toute brusquerie.

L’importance du jeu

La représentation mentale permet désormais à l’enfant d’exprimer une idée à l’aide de mots. Il sait se représenter un objet sans l’avoir sous les yeux. Cependant, même s’il connaît les mots, il n’est pas encore en capacité de raisonner. Il développe ses représentations et son imaginaire par le jeu.

Le jeu a toute son importance dans l’élaboration d’une forme de pensée de plus en plus évoluée. Jouer est pour l’enfant un besoin aussi vital que manger ou dormir. Il est aussi indispensable dans son développement intellectuel que dans la construction de sa personnalité. Dans un premier temps, l’enfant joue seul. L’adulte doit s’interroger lorsqu’il observe un enfant qui ne joue pas.

À l’âge de la maternelle, l’enfant peut parfois donner des versions très éloignées de la réalité d’événements qu’il a vécus ou dont il a entendu parler. Il développe son imagination en modifiant le réel, qu’il pense pou- voir changer par sa seule volonté.

La maternelle : le long chemin vers autrui

La capacité à se représenter le monde est à la base du développement intellectuel. L’enfant est freiné dans ce développement par le fait qu’il ne dispose que de sa propre perception et qu’il est dans l’incapacité de se mettre à la place des autres (enfants ou adultes).

Égocentrisme

À 3 ans, l’enfant est essentiellement tourné vers lui-même. Il va devoir prendre conscience qu’il est différent des autres pour s’affirmer comme personne entière. Pour cela, il doit s’opposer aux contraintes données par l’adulte. C’est en prenant conscience de cette différence qu’il peut commencer à considérer l’autre.

L’âge du « je »

Cette lente évolution commence par l’usage du « je » quand l’enfant parle, vers 2-3 ans, signe qu’il prend conscience de lui-même. L’évolution de l’enfant se fait dans l’opposition. C’est l’âge du « non ». Il teste sa différence. Cette période d’opposition lui permet de consolider une autonomie récemment acquise et de prendre conscience de lui-même.

En petite section, la conscience que l’autre est quelqu’un est encore vague. La compréhension de l’autre et de sa différence se confirme vers la fin de la période de maternelle et permet alors les jeux collectifs.

Les enfants ne doivent pas être jugés ; seuls leurs actes sont répréhensibles parce que non conformes à une règle donnée par l’adulte. Un enfant n’est donc pas « méchant ». S’il a tapé sur un autre enfant, il faut lui rappeler que ce geste-là n’est pas autorisé à l’école.

Ainsi, l’emploi du langage par l’adulte ne se limite pas au fait de parler poli- ment et d’avoir suffisamment de vocabulaire ; il faut aussi garder à l’esprit que certaines expressions employées par réflexe traduisent un mode de pensée dévalorisant pour les enfants.