Le champ lexical et les autres champs

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Un « champ » est un ensemble de mots. Ceux-ci peuvent être regroupés et structurés autour d’un thème (champ lexical), des sens d’un mot (champ sémantique), ou d’affixes (champs dérivationnel et affixal).

1 - Le champ lexical

On appelle champ lexical un ensemble de mots renvoyant à une notion particulière, à un thème (la mer, le sport, l’amour, l’édition...). Chacun de ces mots entretient des relations sémantiques avec le thème du champ délimité.

Le champ lexical, défini de manière stricte, ne devrait contenir que des mots appartenant à la même classe grammaticale (le champ de l’édition, par exemple, ne devrait comporter que des noms), par opposition au champ associatif qui, lui, accepte toutes les catégories.

En fait, la confusion s’est installée entre les deux sortes de champs ; de manière générale et notamment au concours, le champ lexical peut comprendre toutes les classes de mots : nom, adjectif, verbe, adverbe, ainsi que des expressions lexicalisées. Dans le champ lexical de l’édition par exemple, peuvent se trouver des termes comme écrivain, auteur, livre, roman, page, ligne, signes, parution, succès, best-seller, librairie... mais aussi éditer, imprimer, récompenser, fameux, novateur... ou faire la promotion, prix Goncourt...

Le lien avec le thème peut être direct, explicite (roman, écrivain...) mais aussi implicite, de l’ordre des métaphores et des connotations : course aux récompenses, Le Poids du Goncourt (titre d’un livre de Jean Carrière)...
Les champs lexicaux ont un intérêt rhétorique et littéraire : relever un champ lexical dense permet d’identifier le thème principal d’un texte et d’en analyser tous les développements.

2 - Le champ sémantique

Il s’agit de l’ensemble des sens d’un mot (sens propre et sens figurés), tels qu’on peut les trouver dans un dictionnaire. Un article de dictionnaire dresse le champ sémantique d’un mot dont le sens varie en fonction de l’environnement lexical et syntaxique.

Plus un mot est polysémique, plus son champ sémantique est large. Le champ sémantique de pied, par exemple, comprend non seulement tout ce qui se réfère à la partie du corps humain mais aussi d’autres sens : contact avec le sol (avoir pied), partie par laquelle un objet touche au sol (pied d’un mur), support (verre à pied ; les pieds d’une table), base de quelque chose (le pied de l’arbre)... et abusivement, chacune des syllabes constituant un vers (un vers français contient un certain nombre de « syllabes » et non des « pieds »). Le mot pied, très fréquent, a généré tout au long des siècles un nombre important d’expressions qui densifient encore son champ sémantique.

Il est facile de différencier le champ lexical (qui se réfère au lexique, aux mots regroupés autour d’un thème) et le champ sémantique : « sémantique » renvoie au mot sens ; il s’agit donc de l’ensemble des sens d’un mot.

3 - Le champ dérivationnel

Il s’agit de l’ensemble des termes formés à partir d’un radical auquel sont ajoutés des préfixes et/ou suffixes. Par exemple, le champ dérivationnel de terre est : terrestre, terrain, terreux, terrassier, terrasse, terroir, territoire, atterrir, enterrement, déterrer... (mais pas terrible !) Il ne s’agit que des mots dérivés ; il faut donc exclure les mots composés comme extraterrestre, terre-plein, pomme de terre... qui sont, en revanche, intégrés à la famille du mot.

4 - Le champ affixal

Il s’agit de tous les mots formés à partir d’un même préfixe ou d’un même suffixe. Par exemple, il est possible de constituer le champ affixal des adjectifs en -able : abordable, navigable, portable, variable, cyclable, mémorable, effroyable, inqualifiable...

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1. Dans cet extrait, relevez et analysez les champs lexicaux de l’eau et du feu.

Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre. — Douceurs ! — Ces feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous. — Ô monde !

(Loin des vieilles retraites et des vieilles flammes, qu’on entend, qu’on sent.)

Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.

Ô Douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, — ô douceurs ! — et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques... (A. Rimbaud, « Barbare », Les Illuminations)

2. Constituez le champ affixal des mots formés avec le préfixe pré- (ex. : préhistoire). Donnez une dizaine de termes.