L’homonymie et la paronymie

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Les homonymes sont des termes qui ont une forme identique à l’oral et/ou à l’écrit mais dont le sens est différent. On distingue les homophones grammaticaux (as/a/à ; on/ont ; ou/où...) et les homophones lexicaux (tante/tente). Les paronymes ont une forme quasi-identique, avec des sens différents (éruption/irruption).​

1 - Homophones, homographes

L’homonymie est due à l’incapacité dans laquelle s’est trouvée la langue française de différencier oralement des étymons latins. Par exemple, sanctus, sanus, sinus ont donné trois homophones en français, saint, sain, et sein alors que l’espagnol a gardé la différence à l’écrit, comme à l’oral : santo, sano, seno. L’homonymie affecte plutôt les mots courts.

On distingue les homonymes qui ont la même forme écrite, les homographes, et ceux qui ont la même forme orale, les homophones.

On rencontre :
des homophones homographes : ils s’écrivent et se prononcent de la même façon : avocat (fruit) / avocat (juriste) ; grue (oiseau) / grue (appareil de levage). Le genre est un moyen de distinguer certains de ces homophones : la page/le page ; le moule/la moule... ;
des homophones non homographes (ou hétérographes) : ils se prononcent de la même façon mais s’écrivent différemment : foi/fois/foie ; voie/voix ;
des homographes non homophones : ils s’écrivent de la même façon mais se prononcent différemment : Les poules du couvent couvent. Ton fils coupe des fils. Je vis des vis trainer.

La plupart des homophones sont devenus non homographes à des fins distinctives. Des clercs, à partir du XIVe siècle, ont récupéré des lettres étymologiques du latin, comme le t de puteus permettant de distinguer puits et puis.

Les homophones non homographes posent des problèmes d’ordre :

orthographique : les nombreux homophones grammaticaux constituent des pièges. Les variations des homophones lexicaux sont aussi gênantes : pause/pose, censé/sensé... Parfois, la famille renseigne sur la lettre finale muette : coup (couper) vs cout (couter) ou une lettre significative : i vin, vinification / a vain, vanité ;

sémantique : à l’oral, ils peuvent gêner la compréhension mais le contexte permet, souvent, de lever l’ambigüité : Le conte/le compte est bon. L’orthographe enlève toute équivoque à l’écrit.

Le terme d’homonyme s’applique à tous les cas : homonyme est un hyperonyme d’homographe et homophone. Les homophones peuvent appartenir à des classes grammaticales différentes : croix (nom) / (il) croit (verbe).

2 - Plusieurs entrées dans le dictionnaire

Dans tous les cas, les homonymes sont des mots différents, avec des entrées différentes dans le dictionnaire. Par exemple, quatre entrées dans le TLF pour les homonymes de baie :

baie : (origine incertaine). Petit golfe à l’entrée resserrée servant d’abri pour les bateaux ;

baie : ARCH. (de l’anc. fr. baerbayer). Ouverture pratiquée dans un mur pour y mettre une porte ou une fenêtre ;

baie : BOT. (du latin baca : terme générique désignant les petits fruits). Fruit indéhiscent dont le péricarpe charnu contient des graines ou des pépins (baie de genièvre, de laurier) ;

bai, baie, adj. et subst. : (du latin badius : brun rouge) [En parlant d’un cheval] dont la robe est alezane, généralement foncée, les crins et les extrémités des membres étant noirs.

Si, dans un dictionnaire, les homophones ont des entrées différentes, un mot polysémique n’en a qu’une seule avec des sens numérotés. Sur quels critères s’appuient les lexicographes ?

– le critère étymologique : les homonymes de baie ont des origines différentes. Cependant, l’étymon peut être le même : réfléchir (renvoyer la lumière) et réfléchir (penser) ont le même étymon latin (reflectere) ;

– le critère sémantique : pour déclarer un mot polysémique, les différents sens doivent être assez proches afin d’expliquer le glissement de l’un à l’autre, ce qui n’est pas le cas pour les deux homonymes réfléchir dont les sens se sont éloignés l’un de l’autre ;

– les critères relationnels : les homonymes ont des synonymes et des antonymes distincts (refléter vs méditer, examiner), parfois, des constructions différentes (réfléchir la lumière vs réfléchir à/sur) et des séries dérivationnelles particulières (réflecteur, réfléchissant... vs réflexif, irréfléchi...).

3 - Les paronymes

La paronymie est un rapport de quasi-identité : les paronymes ont des formes orales ou graphiques presque identiques mais ce sont des mots différents, avec des sens distincts. C’est le cas de couples comme éruption/irruption, éminent/imminent, effraction/infraction... La paronymie est source de confusions, de lapsus et de jeux de mots.

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Je m'entraine

1. Donnez les homophones des mots soulignés en précisant s’ils sont homographes ou non homographes :

a. Le bateau longe la côte.

b. Molière a fait la satire de la médecine

c. Nous prenons régulièrement le car.

d. Elle aime mettre des fleurs dans ses cheveux.

2. Donnez quelques éléments de définition pour faire apparaitre le sens des paronymes suivants :

a. mystifier/mythifier

b. rabattre/rebattre

c. enduire/induire.