L’égalité filles-garçons (1)

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Définir le genre est important : il ne s’agit pas de la distinction sexuée des êtres vivants mais des « rapports sociaux de sexe », car les différences de pratiques sociales entre les hommes et les femmes sont construites socialement et ne peuvent pas être simplement réduites à des explications biologiques. À l’école, la question de la mixité est au cœur des rapports sociaux de genre et donc de l’égalité filles-garçons. Si elle est aujourd’hui l’un des piliers de notre éducation nationale, elle n’a jamais été réellement pensée.

1 - Les prémices de la mixité

Pendant la période révolutionnaire, qui accorde pourtant plus de droits aux hommes qu’aux femmes, la « co-instruction » (mettre les filles et les garçons ensemble pour un même enseignement) promeut la mixité dans les écoles primaires. Certains y voient un adoucissement des mœurs, un progrès de l’esprit des Lumières comme Condorcet pour qui c’est aussi une mesure d’égalité. Cette revendication d’une éducation des filles à égalité avec celle des garçons est vite abandonnée jusqu’aux grandes lois de la IIIe République.

Dans la première moitié du XIXe siècle, la littérature pédagogique française se développe sans s’interroger sur la mixité. Des manuels d’éducation pour les jeunes filles sont publiés, mais ne font guère état d’une éducation mixte des enfants : la séparation est de mise.

L’enseignement féminin connait des avancées avec la loi Duruy (1867) et la loi C. See (1880), notamment en faveur de l’accession des jeunes filles à l’enseignement secondaire, mais les lycéennes restent minoritaires.

2 - Une éducation genrée

Les lois Ferry de 1881 et 1882 reconnaissent l’enseignement des filles et des garçons à l’école, mais les élèves restent séparés selon leur sexe. Les programmes sont genrés puisqu’il y a des travaux à l’aiguille pour les filles et des exercices physiques pour les garçons.

La féministe Hubertine Auclert assure que la co-instruction est une sage décision d’un point de vue budgétaire et pour les mœurs en général. La question essentielle est qu’il faut réserver une formation spécifique aux jeunes hommes, imprégnés de valeurs nationales et viriles.

L’alignement des études progresse en France durant les « Années folles » : des lycéennes sont de plus en plus nombreuses à réussir le baccalauréat et à accéder à l’université. La loi Bérard (1924) marque un tournant dans la mixité de l’enseignement en France : elle met fin au programme sexué de l’enseignement primaire et secondaire, dans un contexte de revendications féministes portées par Louise Weiss ou encore Simone de Beauvoir.

La question de la gémination des classes se pose à l’école primaire dès les années 1920, surtout lorsque les effectifs par sexe sont insuffisants : il s’agit de constituer des niveaux par âge et non plus par sexe. Entre 1926 et 1933, on trouve des classes géminées dans les écoles rurales, mais l’institutrice s’occupe des plus petits et l’instituteur des plus grands.

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3 - Vers la mixité à l’école

Le coup d’accélérateur est donné par l’arrivée dans le système éducatif des enfants du baby-boom dans les années 1950. La circulaire Brunold (1957) reconnait la mixité des établissements primaires et secondaires. La loi Haby (1975) crée le collège pour tous et affirme la mixité de ces établissements. En 1982, l’adoption du principe égalitaire de l’enseignement mixte est affirmée par la loi. Deux ans plus tard, la première convention interministérielle sur l’orientation des filles est tenue par le gouvernement socialiste.

La loi d’orientation sur l’éducation dite loi Jospin (1989) cherche à favoriser l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, renforcée par la loi sur la parité femmes-hommes (2000) et la mise en place d’une nouvelle alliance personnelle (Pacs) (1999).

La quatrième convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons dans le système éducatif (2006-2011) invite les acteurs à « écarter tout stéréotype lié au sexe, à faire évoluer les représentations, à diversifier l’orientation des filles et des garçons, à valoriser la place et le rôle des femmes, à diffuser les études sur le genre ».

En mai 2008, le Parlement adopte le principe intangible de la mixité à l’école : le « principe de non-discrimination fondée sur le sexe ne fait pas obstacle à l’organisation d’enseignements par regroupements d’élèves en fonction de leur sexe ».

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Je m'entraine

1. Pourquoi justifie-t-on depuis la période révolutionnaire la séparation des filles et des garçons à l’école ?

2. À partir de quelle période peut-on parler d’une véritable mixité dans l’enseignement primaire ?