Ce qu’il faut savoir sur l’histoire (2)

Signaler

Faire de l’histoire n’est pas directement raconter le passé. L’histoire est une science qui se construit par l’interprétation des traces du passé. Connaitre les concepts et les points de vigilance permet d’éviter une vision dépassée de l’enseignement de l’histoire.

1 - Les concepts fondamentaux pour enseigner

A. Les chrononymes

Ils correspondent à la façon de nommer des périodes plus ou moins longues. Ils sont le produit de la réflexion des historiens sur le passé, et ils sont sujets à débat.

B. Les faits en histoire

Un fait est une construction de l’historien après son enquête à partir des sources disponibles. Les historiens arrivent ainsi à déterminer ce dont on est sûr et ce qu’il convient de discuter. L’enseignant apprend aux élèves à distinguer ce qui peut être soumis à la discussion et ce qui est un repère indiscutable.

C. Les représentations des élèves sur le passé

Les élèves ne connaissent pas toutes les périodes à étudier, mais ils imaginent déjà à leur façon ce qu’est un roi, ce qu’est une croyance ou ce que peut être la guerre. Commencer sa séquence en les interrogeant sur ce qu’ils savent déjà n’est pas seulement une amorce, c’est également un indicateur pour enseigner.

D. Les questions socialement vives

Ce sont les objets d’étude en classe qui peuvent être sources de risques pour plusieurs raisons. Ainsi, certaines thématiques peuvent faire émerger des tensions en classe à cause des contextes sociaux des élèves, lorsque les savoirs scolaires contredisent leurs valeurs et savoirs personnels.

2 - Des points de vigilance à garder en mémoire

A. La critique documentaire

Le passé ne se livre pas directement, mais il est questionné à partir des sources. Il s’agit d’articuler ce qu’on sait de l’auteur, de la date et du contexte de production avec ce qui est dit dans le document.

La variété des types de documents proposés permet de les rendre compétents : des peintures, des photographies, des témoignages, des textes de loi, des cartes, des graphiques...

B. Les liens de causalité

En histoire, il faut prendre garde au déterminisme inhérent à la pensée habituelle des élèves. Pour eux, les faits s’enchaineraient logiquement, comme si tout était écrit par avance. Rechercher une seule cause à un événement ne permet pas d’enseigner l’histoire dans toute sa complexité.

C. Le « roman national »

Certains discours politiques tendent à utiliser l’histoire pour favoriser une glorification de notre passé. Les programmes sont clairs sur le sujet : on n’aborde pas les périodes passées en fonction du présent, mais on étudie ces périodes pour ce qu’elles sont, en les questionnant.

D. Les catégories

De nombreuses catégories sont utilisées en histoire : les nobles, les chevaliers, les Gaulois, les esclaves, les résistants, les républicains, etc. Ces catégories sont à définir en classe pour permettre aux élèves d’acquérir le vocabulaire indispensable. Il faut cependant prendre garde à l’évolution spatio-temporelle des catégories et à une dénomination générique qui gomme les nuances et les différences.

E. L’histoire des arts

Le Parcours d’éducation culturelle et artistique (PEAC) incite à enseigner l’histoire des arts. Mais l’histoire diffère de l’histoire des arts. Les questionnements restent avant tout historiens : questionner la société, les relations de pouvoir, l’influence du religieux, etc. L’histoire des arts est un moyen pour questionner le passé, mais son étude n’est pas à déconnecter des enjeux de la séquence.

F. La trace écrite

La trace écrite permet de stabiliser le savoir construit et d’indiquer ce qui sera utile pour une éventuelle évaluation. La traditionnelle trace écrite prend la forme d’un résumé, de ce qui a été vu avec les élèves.

D’autres possibilités existent : lorsque les élèves mènent une enquête à partir de documents, ils répondent à des questions, remplissent des tableaux, construisent des cartes mentales, réalisent des affiches ou encore des exposés. Ces différentes productions sont déjà des traces écrites de la séquence.