Modes, temps, aspects du verbe

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Le verbe se caractérise par sa conjugaison, c’est-à-dire par ses variations morphologiques. Il reçoit des marques spécifiques qui correspondent, pour le sens, à la personne, au nombre, au temps et au mode. Ce sont les terminaisons ou désinences qui s’ajoutent au radical verbal. Le verbe peut aussi être accompagné d’auxiliaires qui marquent également le temps, ainsi que l’aspect et la voix.

1 - Les modes du verbe

On distingue cinq modes en français : trois modes personnels : l’indicatif (il parle), le subjonctif (qu’il parle), l’impératif (parle) et deux modes impersonnels : l’infinitif (parler), le participe (parlant, parlé). Le gérondif (en parlant) est une forme particulière du participe présent.

2 - Les temps du verbe

Seul l’indicatif est un mode temporel, apte à situer le procès dans les trois époques (passé, présent, avenir). La temporalité est établie en fonction de la situation d’énonciation, qui fournit le repère fondamental (le moment où le locuteur parle ou écrit).

Tout procès est situé par rapport au moment de l’énonciation (T0) :
– si le moment du procès coïncide avec ce moment, il est situé dans le présent (Il parle.);

– si le moment du procès est placé avant le moment d’énonciation, il est situé dans le passé (Il a parlé.) ;

– si le moment du procès est placé après le moment d’énonciation, il est situé dans l’avenir (Il parlera.).

La chronologie peut être indiquée par la forme verbale seule. Elle est parfois précisée par un complément circonstanciel de temps : Je viendrai te voir demain.

3 - L’aspect

Le procès peut être aussi envisagé dans son déroulement interne, indépendamment de toute chronologie : c’est l’aspect. Il peut être placé dans une sorte d’intervalle, compris entre deux bornes, initiale et finale.

A. Le déroulement du procès

Le déroulement interne du procès peut être saisi à différents stades :

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Ainsi, à l’époque présente, on peut distinguer :
1. Il va parler : le procès est saisi avant son début ;

2. Il commence à parler : le procès est saisi à son commencement (aspect inchoatif ) ;

3. Il parle : le procès est saisi en cours de déroulement (ou avec insistance : il est en train de parler) ;

4. Il finit de parler : le procès est saisi près de sa fin ;

5. Il vient de parler : le procès est saisi juste après sa fin (aspect terminatif ) ;

6. Il a parlé : le procès est accompli.

B. Les oppositions aspectuelles

Diverses oppositions aspectuelles sont exprimées en français par des moyens linguistiques différents, pas seulement par la forme verbale elle-même. Voici les plus importantes.

Accompli / inaccompli

L’opposition entre ces deux aspects est systématiquement marquée, à tous les modes, par l’opposition entre les formes composées (accompli) et les formes simples (inaccompli) :
– l’aspect accompli considère le procès comme achevé, au-delà de sa borne finale : il a parlé ;

– l’aspect inaccompli envisage le procès en cours de déroulement : il parle.

Itératif

Un procès peut se produire une seule fois, ou bien se répéter un nombre de fois fixe ou indéterminé. On parle alors de l’aspect itératif, qui considère la répétition du procès : Emma va / allait au cinéma souvent / tous les soirs / chaque semaine / une fois par mois... L’aspect itératif est indiqué principalement par des compléments circonstanciels de temps.

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Je m'entraine

1. Analysez les formes verbales soulignées (personne-nombre, temps, mode).
2. Indiquez la situation chronologique et l’aspect des verbes à l’indicatif.

Ce dimanche-là, quelque animation devant l’église me retint dehors après vêpres. Un baptême, sous le porche, avait attroupé des gamins. Sur la place, plusieurs hommes du bourg avaient revêtu leurs vareuses de pompiers ; et, les faisceaux formés, transis et battant la semelle, ils écoutaient Boujardon, le brigadier, s’embrouiller [...] Le carillon du baptême s’arrêta soudain, comme une sonnerie de fête qui se serait trompée de jour et d’endroit ; Boujardon et ses hommes, l’arme en bandoulière, emmenèrent la pompe au petit trot ; et je les vis disparaitre au premier tournant, suivis de quatre gamins silencieux. (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes)