Les techniques, les manœuvres, et les matériels

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Les secours sont amenés à intervenir dans des situations multiples. De ce fait, ils doivent pouvoir mettre en œuvre une multitude de techniques et/ou de matériels.

1 - La manœuvre de force

A - Les objectifs

Lorsqu’il s’agit de modifier la position ou de déplacer une charge, une reconnaissance permet :

  • de définir les efforts à réaliser (masse, volume de la charge) ; 
  • de trouver les points fixes ;​– d’estimer la nature du terrain et/ou des matériaux ;
  • de choisir le matériel et le personnel utile ;
  • de déterminer les idées de manœuvre.

B - Le déroulement de la manœuvre

Au cours de la manœuvre, le chef commande. Le système est mis en traction avant chaque nouvelle manœuvre (contrôle visuel de sécurité). Seul le personnel utile est présent. La manœuvre se déroule lentement (contrôle des matériels et limitation des effets dynamiques). Le matériel est contrôlé et remis en état à l’issue.

C - Le matériel

Les matériels courants sont les suivants : câbles, manilles (droites ou en lyre), poulies (à corde ou à câbles, simples ou à chape ouvrante), élingues (en acier ou en textile), chaînes (calibrées ou à câbles), plaques, agrès de traction (tire-câble ou tire- fort, treuil), écarteurs, vérins, coussins gonflables, crics.

Les points fixes naturels courants sont les suivants : véhicules, arbres, voies ferrées, édifices.

Les points fixes artificiels courants sont les suivants : corps-mort, roue de secours, ancrage avec des piquets et/ou des plaques (en I, Y ou V).

Afin de limiter les efforts de traction, on peut effectuer des mouflages. La force est ainsi démultipliée.

2 - Les étaiements provisoires

Lorsqu’un élément menace de tomber, il faut le soutenir avec un étai. Il s’agit égale- ment de veiller à aborder les victimes, de sécuriser un chantier, de consolider une structure bâtimentaire, de maintenir un accès.

Les étais sont classés en deux catégories : les étais élémentaires (vertical, oblique, croisillon) et les étrésillonnements. Ils sont réalisés soit en bois soit en métal (étais métalliques), ils peuvent être statiques, pneumatiques ou hydrauliques.

Mise en œuvre :

  • l’étai doit reposer sur un plan dur (+ semelle et chapeau sur l’étai) ; 
  • il doit être placé perpendiculairement à la charge ;​
  • aucun vide ne doit être toléré entre la charge et le soutènement.

Principes de base :

  • un étai carré est plus résistant qu’un étai rectangulaire (à section égale) ; 
  • plus un étai est court, plus il résiste.​

Mesures de sécurité :

  • s’équiper de ses EPI adaptés ;​
  • rester vigilant à son environnement ;
  • ne pas s’aventurer dans des zones non sécurisées.

3 - Les cordages et les nœuds

Les cordages et les commandes ne servent qu’à des missions de manutention, d’arrimage ou de sécurité.

A - Le cordage

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Utilisation et règles d’usage :

  • le cordage sert à monter ou descendre du matériel ; à arrimer du matériel ou​ un véhicule ;
  • il est muni à une extrémité d’un anneau et à l’autre d’un mousqueton ;
  • il doit être roulé en double et se porte en bandoulière ;
  • il doit être testé après chaque utilisation et tous les 6 mois ;
  • après emploi, il est lavé à grande eau, brossé et mis à sécher à l’ombre.

Épreuve : les cordages d’instruction sont éprouvés tous les mois ; les autres cordages deux fois par an (si non-utilisation).

B - La commande de manutention

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Utilisation et règles d’usage :

- la commande sert à :

  • monter ou descendre du matériel,​ 
  • amarrer une échelle à coulisses ou un tuyau sur un balcon,
  •  à amarrer une ligne d’aspiration ou du matériel d’épuisement ;

- elle est munie à chaque extrémité d’un mousqueton ;
- elle est généralement lovée en sac ;
- elle se porte en bandoulière ;
- après emploi, elle est lavée à grande eau, brossée et mise à sécher à l’ombre.

Épreuve : elle doit être testée après chaque utilisation et tous les mois.

C - Les nœuds

Ils servent à la mise en œuvre des cordages et des commandes :

  •  le nœud plat est un nœud de jonction qui sert à réunir provisoirement deux cordages de même diamètre et de rigidité identique ;​
  • le nœud de batelier est un nœud d’amarrage qui sert à fixer un cordage ou une commande sur un point fixe, une barre ou un anneau. Il sert également à l’amarrage d’un tuyau ou d’une échelle sur un balcon, ou encore d’une ligne d’aspiration sur un engin-pompe, ou à amarrer du matériel ;
  • le nœud d’amarre est un nœud en boucle qui sert à attacher solidement un objet ou une personne dans les endroits périlleux.

La mise en place de nœuds sur des cordages réduit la résistance à la rupture de ceux- ci. Suivant le nœud effectué, elle peut être réduite jusqu’à 50 %.

4 - L'abattage, l'élagage et le tronçonnage

A - Les tronçonneuses 

Elles permettent l’abattage, l’élagage et le tronçonnage des arbres ainsi que la coupe de toute autre partie en bois. Elles sont soit électriques, soit thermiques.

Les interventions de tronçonnage sont dangereuses en raison de leur contexte et des risques liés à l’utilisation du matériel. Le premier danger est directement lié à la machine : coupures dues à la chaîne, des atteintes plus bénignes (brûlure due au pot d’échappement). Le second danger est lié au bois à couper : il n’est pas rare de voir un arbre tourner sur lui-même pendant sa chute, puis tomber sur le tronçonneur. 

Seule l’urgence peut autoriser le travail dans des conditions qui ne soient pas idéales.

Revêtir la tenue de protection appropriée :

  • casque avec protection auditive ;
  • veste de protection ;
  • gants, jambières, bottes ou bottes à lacets.

Le frein de chaîne peut être déclenché manuellement ou automatiquement. Le lancement du moteur s’effectue seul, la coupe n’est activée qu’ensuite.

B - Les techniques de coupe

L’abattage consiste à couper un arbre pour le faire tomber ; l’élagage et l’ébranchage à enlever ses branches.

1) L'abattage

Lors de l’abattage d’un arbre, il faut : 

  • faire attention aux lignes électriques et aux bâtiments ;​
  • tenir les spectateurs à bonne distance (deux fois la hauteur de l’arbre) ;
  • si on travaille à deux, s’espacer de 4,50 m environ ;
  • tenir compte de la répartition des grosses branches (attention aux branches mortes) ;
  • débroussailler autour de l’arbre ;
  • prévoir un itinéraire de fuite ;
  • tenir compte du sens du vent.

L’abattage s’effectue en deux étapes :

  • pour l’entaille d’abattage, toujours commencer par le trait diagonal de l’entaille d’abattage, du côté choisi pour la chute de l’arbre, à une profondeur d’environ 1/5e à 1/4 du diamètre du tronc ;​
  • puis scier le trait d’abattage de l’autre côté du tronc, 3 à 5 cm au-dessus de l’angle de l’entaille d’abattage. Ne jamais scier le tronc de part en part : il faut laisser environ 1/10e du diamètre du tronc qui sera la zone de rupture et agira comme une charnière.


Attention : avant de terminer la coupe, il faut bien s’assurer que personne ne se trouve dans la zone d’abattage.


2) L'élagage

Lors de l’élagage, il faut procéder en deux temps :

  • 1re coupe : à 30 à 40 cm du tronc en entaillant d’abord en dessous sur 3 à 4 cm de profondeur ;​
  • 2e coupe : au-dessus, un peu plus loin du tronc jusqu’à la chute de la branche.


3) L'ébranchage

Lors de l’ébranchage, il faut :

  •  se placer de telle sorte que l’arbre se trouve entre la chaîne et l’utilisateur ;​
  • se placer du côté opposé de la branche à couper ;
  • avoir une assise stable et laisser reposer le poids de la tronçonneuse sur le tronc ;
  • ne jamais monter dans un arbre pour ébrancher ou élaguer ;
  • ne pas se tenir sur une échelle, une plate-forme ou un rondin sans se tenir dans une position empêchant une perte d’équilibre ou une perte de contrôle de la machine ;
  • faire attention aux branches pliées qui risquent de frapper en se dépliant.

5 - Le déblai

Le déblai consiste à parfaire l’extinction des foyers résiduels après que le feu a été maîtrisé et à soustraire toutes les parties brûlées afin d’en empêcher les reprises. Cette phase est très importante, elle permet de s’assurer que toute trace de feu est désormais éteinte.

Les outils courants pour le déblai sont les suivants : pelle, balai de cantonnier, gaffe, pioche, outils de forcement petit et grand modèles, croc ou fourche recourbée, fourche droite.

A - Les techniques de mise en oeuvre

Le déblai consiste à :

  • éliminer toutes les traces de feu ; pour cela il est nécessaire de gratter, refroidir en arrosant toutes les parties en bois noircies ;​
  • procéder à des ouvertures dans les planchers et plafonds afin d’y éteindre les propagations possibles sans en affaiblir la structure ;
  • dégarnir les parties recouvertes de matériaux isolants ;
  • éteindre tous les matériaux encore en combustion et sortir les objets consumés.

Pendant toutes ces actions, il est nécessaire que les sapeurs-pompiers fassent attention à la découverte des foyers cachés. Pour ce faire, ils doivent :

  •  observer : les fumées résiduelles mais aussi les matériaux et leurs déformations ;​
  • toucher : avec le revers de la main ou éventuellement avec une lance (jet diffusé de protection ou jet purge) pour détecter la chaleur d’une surface ;
  • écouter : tous les bruits suspects, craquements ou crépitements (difficile lors d’une intervention) ;
  • détecter : toutes les traces de chaleur ou les points chauds à l’aide de la caméra thermique.

B - Les principes de sécurité à respecter

  • Protection : porter les EPI adaptés.​
  • Désenfumage : aérer les locaux.
  • Détection : déterminer les points chauds, y compris ceux situés sous une épaisse couche de matériaux.
  • Vigilance : la fin de l’extinction du foyer principal ne doit pas entraîner une baisse de la vigilance.

6 - Le forcement

Certaines interventions amènent les secours à pénétrer dans des locaux fermés.

Pour réussir à pénétrer dans un local, les sapeurs-pompiers ont à leur disposition de nombreux outils de forcement qui peuvent être soit manuels (hache, masse, pied de biche, hooligan tool...) ou bien hydrauliques ou thermiques (ouvre-porte, disqueuse, tronçonneuse...).

La mise en œuvre de ces matériels nécessite le port des équipements de protection individuelle adaptés (EPI).

7 - La désincarcération

La désincarcération a pour but de libérer, à l’aide d’outils, une victime bloquée, dans l’incapacité de se dégager.

Il existe différents types de désincarcération :

  •  accidents de la circulation routière (véhicules légers, poids lourds, caravanes, camping-cars, transports en communs) ;​
  • accidents ferroviaires ;
  • chute d’aéronefs ;
  • effondrement de bâtiments ;
  • chute d’ascenseur, de grue, d’échafaudage ;
  • ouvertures de portes métalliques (d’ascenseur, d’entrepôt), etc.

Les matériels courants pour la désincarcération sont les suivants : cisailles (découpe et prédécoupes) ; écarteurs (écarter, écraser et tirer) ; outils combinés (écarter et couper) ; vérins ; coussins de levage (pneumatiques) ; matériels de calage (coins ou blocs en bois ou polymères), étais, tire-forts, câbles élingues, manilles, sangles, etc.

Tous les outils hydrauliques sont actionnés grâce à des pompes hydrauliques manuelles ou motorisées, embarquées ou portables.

Les techniques de désincarcération, adaptées à la situation, suivent normalement la trame suivante : calage, étaiement, écartement, coupe. La chronologie des actions peut être adaptée à certaines situations.

Les mesures de sécurité à respecter sont :

  • site : prise en compte du balisage, protection incendie, coupure des énergies,​calage, éclairage ;
  • victimes : les protéger des projections lors des découpes ;
  • intervenants : port des EPI, communication ;
  • utilisation des matériels : en conformité avec les notices des constructeurs et les règles de la désincarcération.

8 - L'éclairage et le groupe électrogène

Le groupe électrogène est une source de confort pour les actions des sapeurs-pompiers de nuit, mais aussi de sécurité et de performance. Les groupes électrogènes fournissent l’énergie et l’autonomie pour l’éclairage. Le groupe électrogène est actionné par un moteur thermique. 

Il est portable et peut alimenter divers appareils électriques (projecteurs sur trépieds ou sur mat télescopique, ballon d’éclairage, projecteur sur engin, outils électriques divers, etc.).

A - La mise en oeuvre

Il faut mettre le groupe à la terre, raccorder les matériels, démarrer le groupe et prévoir l’alimentation en carburant suivant la durée d’utilisation.

B - Les règles de sécurité à respecter

Le groupe doit être mis en œuvre en extérieur exclusivement, et sur un terrain
plat.

Il faut toujours réaliser une mise à la terre.

Le plein de carburant s’effectue moteur éteint.

Les projecteurs étant chauds, il faut utiliser ses EPI (gants) et laisser refroidir avant de ranger le matériel (dégradation et risque d’incendie).

De retour au centre, il faut nettoyer et vérifier les niveaux de carburants, reconditionner les appareils.

9 - La détection 

La détection est l’action de repérer la présence de quelque chose de caché, qui n’est pas visible à l’œil nu. Il faut donc des outils tels que les détecteurs de gaz, explosifs et/ou toxiques, mais aussi les caméras thermiques ou tout autre matériel de détection.

Le détecteur de CO réagit en présence de monoxyde de carbone, dont l’apparition est liée à un appareil de chauffage défectueux, une mauvaise combustion et/ou aération. C’est un gaz toxique et explosif, qui est inodore, incolore et insipide

Seul le détecteur peut indiquer sa présence. Ce détecteur assure donc le double rôle de détection et de sécurité des intervenants. Il est calé à 50 ppm (partie par million), c’est-à-dire 0,005 % de gaz dans l’air.

L’explosimètre détecte les gaz issus des hydrocarbures.

Les détecteurs multigaz couvrent le plus souvent les gaz suivants : CO, CH4 (méthane, lié notamment aux matières en décomposition), H2S (hydrogène sulfuré, lié notamment aux égouts), O2 (oxygène). Cette liste n’est pas exhaustive, les départements étant libres de leurs choix techniques.

La caméra thermique permet de localiser une victime (au cours d’un feu ou d’un effondrement), de localiser le foyer et les points chauds, de faciliter le cheminement dans un volume enfumé, d’estimer la température ambiante pour certains modèles.

10 - Le bâchage

L’utilisation des bâches est liée aux actions de protection des biens. On trouve les bâches dans les FPT, mais également dans des lots. Elles sont imperméables, latéralement percées de trous munis d’œillets permettant de les ligaturer et/ou de les clouer. Elles ont des tailles différentes, de 12 m2 à 40 m2 en général.

Le matériel nécessaire est le suivant : clous de charpentiers, marteaux, cordelettes, commandes et crochets, matériels de découpe (tenailles, ciseaux...), lot de sauvetage et de protection des chutes (LSPCC).

A - Les précautions et l'entretien des bâches

  • Retirer les clous sur les charpentes avant la mise en place des bâches.
  • Ne pas faire reposer les bâches sur des rebords saillants ou tranchants.
  • Nettoyer les bâches à l’eau savonneuse, les rincer et les faire sécher verticalement.
  • Stocker les bâches dans un endroit sec.


B - Les règles de sécurité à respecter pour bâcher un toit 

  • Ne jamais agir seul.
  • S’assurer au moyen du LSPCC.
  • Éprouver la solidité des supports avant de s’engager.
  • Repérer et éviter les châssis vitrés et les plaques en fibrociment.
  • Cheminer dans la mesure du possible à quatre pattes.
  • Avancer en diagonale ou si possible à l’aplomb d’une cheminée pour atteindre le faîtage.
  • Évacuer les matériaux.
  • Commencer en découvrant le toit par le haut.