Les figures de style (2)

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Les figures de sens font varier les sens des mots, en les éloignant parfois de leur sens propre.

1 - Les figures de ressemblance

La comparaison : rapprochement de deux éléments différents (un comparé et un comparant), grâce à un terme comparatif : comme, semblable à..., un verbe : ressembler, avoir l’air..., une locution : plus, moins... Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, / Doux comme les hautbois, verts comme les prairies. (C. Baudelaire)

La métaphore : transfert de sens par analogie entre deux éléments qui appartiennent à des domaines différents et qui ont un trait sémantique commun, quel qu’il soit (forme, propriété, qualité...), permettant d’établir la ressemblance, qui n’est pas explicitée. Mes parents ne s’entendaient plus. Ils s’affrontaient, carambolages entre deux cargaisons de reproches. (A. Desarthe). Il s’agit d’une métaphore in praesentia avec conservation du comparé (les disputes des parents) et du comparant (accident), et un trait sémantique commun (le choc, l’affrontement). Dans la métaphore in absentia, plus difficile à interpréter hors contexte, il ne reste que le comparant. Ainsi les vers de Paul Valéry, Ce toit tranquille, où marchent des colombes, / Entre les pins palpite, entre les tombes sont éclairés par le titre du poème « Cimetière marin » qui amène à penser que le toit renvoie à la mer et les colombes aux bateaux.

Les métaphores peuvent jouer sur plusieurs classes grammaticales : nom ou GN (Tempête sous un crâne), adjectif (des amours orageuses), verbe (fondre de tendresse), adverbe (vivre frileusement)... Certaines métaphores (les catachrèses), « usées », sont lexicalisées : les pieds de la table, un bain de soleil... On oppose ces métaphores figées, « mortes », passées dans le langage commun, aux métaphores originales, « vives », créées par des écrivains.

Si la même métaphore est poursuivie sur plusieurs éléments, on parle de métaphore filée : On se méprend quand on juge mineures les passions de jeunesse, ces incendies précoces. Certains cœurs sortent calcinés de l’enfance. Personne n’en porte le deuil. On sourit face aux cendres. (A. Desarthe)

2 - Les figures de correspondance

La métonymie : mise en rapport de deux éléments qui appartiennent au même domaine et qui ont une relation de contiguïté, laquelle permet de nommer l’un des éléments par le nom de l’autre. On distingue la métonymie du contenant pour le contenu (boire un verre → contenu du verre), du lieu pour l’objet qui y a été fabriqué (boire un Bordeaux), de l’instrument pour celui qui l’utilise (le premier violon → le premier violoniste), du lieu pour l’institution (Bercy → ministère de l’Économie), de l’auteur pour l’œuvre (J’ai lu un Balzac, cet été. → un roman de Balzac)...

La synecdoque : mise en rapport de deux éléments qui appartiennent au même domaine et qui ont une relation d’inclusion. On désigne une chose au moyen d’une autre, l’une des deux étant incluse ou comprise dans l’autre. La confusion est fréquente entre métonymie et synecdoque. La synecdoque est particularisante quand elle permet de remplacer un élément par une de ses parties (la partie pour le tout : la voile → le bateau, les épis → le blé, Paris → la France), Elle peut être généralisante : le tout pour la partie (la voiture a calé → le moteur).

3 - Les figures de renforcement ou d’atténuation

L’hyperbole : exagération par des mots excessifs et des intensifs : le but est d’amplifier le propos : Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable ! (J. de La Fontaine)

La litote : expression visant à dire moins que ce que l’on pense pour en faire entendre plus. Elle est employée dans le langage courant → Il n’est pas mauvais, ce film ! (Au lieu de Il est bon, ce film !).

L’euphémisme : façon d’atténuer une expression qui, dite de manière directe, aurait quelque chose de déplaisant ou de choquant : Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine. (A. Chénier). Elle a vécu = Elle est morte.

4 - Les figures d’expression

La personnification : elle consiste à attribuer à une chose ou à un animal des propriétés humaines. Ce procédé peut utiliser la métaphore, la métonymie et la synecdoque : Dans le vieux quartier de la ville de Genève, l’argent se repose d’avoir bien travaillé. (C. Bobin)

L’allégorie : proche de la personnification, elle permet de comprendre une abstraction grâce à une image plus accessible. Par exemple, allégorie de la mort : Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. / Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, / Noir squelette laissant passer le crépuscule. (V. Hugo)

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Je m'entraine

Identifiez et expliquez les figures de style présentes dans les extraits suivants.

1. J’appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l’oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance. (M. Proust, Du côté de chez Swann)

2. L’Habitude venait me prendre dans ses bras et me portait jusque dans mon lit comme un petit enfant. (Ibid.)

3. Adolescents, nous étions des brutes fragiles. Cœur de cristal et mains maladroites en forme d’enclume. D’un geste, nous faisions voler en mille échardes transparentes nos rêves communs, les secrets partagés, les heures au téléphone, les promesses. (A. Desarthe, L’Éternel fiancé)