Les figures de style (1)

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Les figures de style font partie de l’art oratoire, de la rhétorique et de la littérature.​

1 - Les figures de diction

L’allitération : répétition d’une même consonne dans une suite de mots rapprochés, pour accentuer la musicalité ou produire certains effets en rapport étroit avec le sujet traité. Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur. (L. S. Senghor) Les sons [t] et [d] répétés imitent les sons sourds du tam-tam.

L’assonance : répétition d’une même voyelle ou son vocalique, de manière rapprochée. Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant. (P. Verlaine). L’allitération en [ɑ̃] est soutenue par d’autres en [e] et en [ɛ].

La paronomase : utilisation de paronymes (mots presque identiques et de sens différents) de façon rapprochée. Lingères légères (P. Éluard)

2 - Les figures de construction

L’anaphore : répétition du même mot ou groupe de mots, au début d’un vers, d’une phrase ou d’un paragraphe : à même le fleuve de sang de terre / à même le sang de soleil brisé / à même le sang d’un cent de clous de soleil (A. Césaire)

L’épiphore : répétition d’un même mot à la fin de deux ou plusieurs vers, propositions ou phrases : Interminablement, à travers le jour gris, / Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, / Infiniment, la pluie, / La longue pluie, / La pluie. (E. Verhaeren)

Le polyptote : utilisation de plusieurs formes grammaticales (genre, nombre, temps, mode) : La flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. (C. De Gaulle). Une figure proche, la dérivation (dérivés du même mot) : Plus l’offenseur est cher et plus grande est l’offense. (P. Corneille)

L’anadiplose (une) : reprise du dernier mot d’une phrase, d’un vers au début de la phrase ou du vers qui suit : Et leur chanson se mêle au clair de lune, / Au calme clair de lune triste et beau. (P. Verlaine)

L’hypallage (une) : attribution à certains mots d’une phrase de ce qui convient à d’autres mots de cette phrase : Ce marchand accoudé sur son comptoir avide. (V. Hugo). Est attribuée au comptoir une caractérisation du marchand.

La périphrase : expression en plusieurs mots qui a le même sens qu’un seul mot qu’elle remplace : Aussitôt, on ouït d’une commune voix / Se plaindre de leur destinée / Les citoyennes des étangs. (J. de La Fontaine). Les citoyennes des étangs sont les grenouilles.

L’accumulation : énumération en désordre de plusieurs mots ou groupes de nature et de fonction semblables, avec une valeur de profusion et d’insistance : J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes [...]. (A. Rimbaud)

La gradation : énumération de termes de façon ordonnée, selon un ordre ascendant (éléments de plus en plus forts) : Va, cours, vole et nous venge ! (P. Corneille) ou descendant : Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles. (E. Rostand)

L’inversion : inversion de l’ordre habituel des éléments pour mettre en valeur l’élément déplacé ou répondre à des contraintes poétiques : Quelles violettes frondaisons vont descendre ? (A. Rimbaud)

3 - Les figures d’opposition

L’antithèse : emploi de deux mots ou groupes de mots de sens contraire qui sont rapprochés pour créer un contraste. L’une est moitié suprême et l’autre subalterne. / L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne. (Molière)

Le chiasme : disposition en ordre inverse de deux groupes de mots syntaxiquement identiques : le schéma en miroir est A B B A : Projet audacieux ! détestable pensée ! (J. Racine) : nom + adjectif vs adjectif + nom.

L’oxymore : rapprochement dans une expression de deux termes contradictoires : Oui, je bénis, Seigneur, l’heureuse cruauté. (J. Racine)

L’antiphrase : expression du contraire de ce que l’on pense, souvent de manière ironique. Mais cette figure ne peut être perceptible qu’en fonction d’un contexte clair, comme dire pour dénoncer la lâcheté d’un homme : Quel courage !

Le zeugme : association dans une même construction syntaxique de deux éléments qui ne sont pas du même ordre (parfois, opposition entre le concret et l’abstrait) : L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois. (A. Rimbaud)

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Identifiez et expliquez les figures de style présentes dans les extraits suivants.

1. Tel est pris qui croyait prendre. (J. de La Fontaine)

2. Il connaissait tout d’ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l’étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. (H. de Balzac)

3. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. (J. Racine)

4. Moi, seul muet dans ce vacarme, seul immobile dans ce tumulte, étonné et attentif, j’écoutais. (V. Hugo)

5. Marcher à jeun, marcher vaincu, marcher malade. (V. Hugo)

6. Bouche de miel, cœur de fiel.