Le passé composé et le plus-que-parfait

Signaler

Ces deux temps composés expriment, selon le contexte, l’accompli ou l’antériorité. Le passé composé concurrence le passé simple en français moderne pour indiquer le passé.

1 - Le passé composé : forme et emplois

Comme temps composé du verbe, le passé composé de l’indicatif est formé d’un auxiliaire, être ou avoir, employé au présent de l’indicatif, et de la forme du participe passé du verbe : Elle a parlé. Elle est partie.

Le passé composé a trois emplois.

A. Un évènement passé

En français moderne, le passé composé remplace le passé simple, pour indiquer un fait de premier plan qui s’est produit dans le passé, par opposition à l’imparfait qui indique un fait passé secondaire : J’ai réfléchi, cela n’avait aucune importance. (A. Camus)

Cependant, le passé composé ne présente pas l’évènement passé de la même manière que le passé simple. Grâce à son auxiliaire au présent, le passé composé marque un lien entre cet évènement et le moment présent où il est évoqué. Par exemple, si je dis : J’ai réfléchi, je relie cet évènement à mon propre présent.

B. L’accompli du présent

Comme tout temps composé, le passé composé exprime l’accompli par rapport au présent. Si je dis : J’ai déjeuné, c’est moins l’action passée qui importe que l’achèvement de l’action de déjeuner au moment où je parle (= « je suis rassasié(e) »).

Cette valeur accomplie est particulièrement nette pour les verbes employés avec l’auxiliaire être, qui expriment souvent davantage le résultat présent que l’action passée. Si je dis : Les hirondelles sont parties, je veux d’abord signifier que « les hirondelles ne sont plus là ».

C. Un antérieur du présent

En relation avec cette idée d’accompli, le passé composé peut aussi exprimer l’antériorité par rapport au présent, en particulier dans une phrase complexe où il est employé en corrélation avec le présent : Comme nous avons compris la consigne, nous faisons l’exercice.

Une forme verbale comprenant le verbe être et un participe passé n’est pas toujours un passé composé : Léo est parti. (forme simple, passé composé actif) / La batterie est changée par le garagiste. (phrase passive) ; est changée est une forme du présent passif du verbe changer = l’actif : Le garagiste change la batterie.

2 - Le plus-que-parfait : forme et emplois

Le plus-que-parfait est formé d’un auxiliaire, être ou avoir, employé à l’imparfait, suivi du participe passé du verbe : Elle avait parlé. Elle était partie.

Le plus-que-parfait est la forme composée correspondant à l’imparfait ; il situe le procès par rapport à un repère temporel passé. Comme tout temps composé :
– il exprime l’accompli : le procès est achevé au point de référence passé : Après deux heures de pêche à pied, il avait rempli son panier de coques. ;
– il marque l’antériorité par rapport à un repère passé, souvent dans un système principale- subordonnée, en corrélation avec un verbe au passé : Comme il avait ramassé beaucoup de coques, il invita / a invité / invitait sa voisine à déjeuner.

Le plus-que-parfait possède des emplois symétriques à ceux de l’imparfait, entre autres :

– dans un système hypothétique avec si, le plus-que-parfait s’emploie dans la subordonnée en corrélation avec le conditionnel passé de la principale ; la phrase exprime l’irréel du passé : Si j’avais bien répondu à toutes les questions, j’aurais gagné à ce jeu concours. ;

– dans une formule de politesse, il atténue une assertion : J’étais venu vous inviter à déjeuner.

4eb5faa3-4fef-482f-9755-603b29994d33

Je m'entraine

Expliquez l’emploi du passé composé et du plus-que-parfait.
La garde est entrée à ce moment. Le soir était tombé brusquement. Très vite, la nuit s’était épaissie au-dessus de la verrière. Le concierge a tourné le commutateur et j’ai été aveuglé par l’éclaboussement soudain de la lumière. Il m’a invité à me rendre au réfectoire pour dîner. Mais je n’avais pas faim. Il m’a offert alors d’apporter une tasse de café au lait. Comme j’aime beaucoup le café au lait, j’ai accepté et il est revenu un moment après avec un plateau. J’ai bu. [...] J’étais fatigué. Le concierge m’a conduit chez lui et j’ai pu faire un peu de toilette. J’ai encore pris du café au lait qui était très bon. Quand je suis sorti, le jour était complètement levé. [...] Il y avait longtemps que j’étais allé à la campagne et je sentais quel plaisir j’aurais pris à me promener s’il n’y avait pas eu maman. (A. Camus, L’Étranger © Éditions Gallimard – p. 112)