Le participe présent et l’adjectif verbal

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Le participe est un mode non personnel du verbe. Il « participe » à la fois de la nature du verbe et de la nature de l’adjectif : il est la forme adjective du verbe. On distingue le participe présent, simple (partant) ou composé (ayant chanté, étant parti), et le participe passé (parti). Le gérondif (en partant) est un emploi particulier du participe présent.

1 - Les trois formes en -ant : participe présent, adjectif verbal, gérondif

Le participe présent (simple) est formé avec la terminaison -ant qui s’ajoute généralement au radical de la 1re personne du pluriel du présent de l’indicatif (finiss-ant, pouv-ant, pren- ant), sauf pour être (étant), avoir (ayant) et savoir (sachant). Il est invariable.

Il a des emplois de verbe et d’adjectif : La nuit tombant, il rentre à la maison. → le participe est le verbe de la subordonnée participiale ; Je cherche un tram se dirigeant vers Hautepierre. → le participe est épithète du nom tram.

L’adjectif verbal est un vrai adjectif, variable en genre et en nombre : une épreuve fatigante, des travaux fatigants.

Le gérondif a la même désinence -ant et il est toujours précédé de en dans l’usage moderne. C’est la forme adverbiale du verbe : Il est tombé en descendant une piste noire.

2 - Différencier le participe présent et l’adjectif verbal

Le participe présent a des propriétés verbales (compléments verbaux, négation par ne...pas, etc.), alors que l’adjectif verbal est un adjectif.

A. Leurs fonctions syntaxiques

Le participe présent peut avoir les fonctions d’un adjectif, épithète ou apposé : Des ouvriers réclamant des augmentations de salaire manifestent.

Il peut être le verbe d’une proposition subordonnée participiale : Le vent se levant, on peut hisser les voiles.

L’adjectif verbal a les fonctions d’un adjectif. J’ai rencontré des artistes charmantes (épithète). Elle a visité l’exposition Edvard Munch, saisissante (apposé). Ces paysages sont riants (attribut du sujet).

B. Leur forme

Le participe présent est invariable, alors que l’adjectif verbal s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte : une fin étonnant les lecteurs (participe) / une fin étonnante (adjectif verbal).

L’orthographe de certains adjectifs verbaux diffère de celle des participes présents correspondants : finales -ent / -ant (équivalent / équivalant ; précédent / précédant), -cant / -quant (convaincant / convainquant), -gant / -guant (fatigant / fatiguant).

C. Leur sens

Le participe présent présente l’action en cours de déroulement (un chasseur parcourant les bois), alors que l’adjectif verbal exprime un état (une rue passante).

3 - Le gérondif

Le gérondif, comme le participe présent, est invariable ; il se termine toujours par -ant et il peut recevoir les compléments du verbe. Il vient en apportant des gâteaux.

À la différence du participe présent, il est toujours précédé de en. Sur le plan syntaxique, le gérondif est la forme adverbiale du verbe. Équivalant à un adverbe, il peut être complément circonstanciel de manière, de moyen, de temps, de cause, de condition ou d’opposition : En partant, prends tes clés. (CC de temps).

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Je m'entraine

Distinguez participe présent, adjectif verbal et gérondif, en justifiant vos analyses.

1. Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s’approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche.

2. Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant.

3. Je découpais tranquillement mon pain, quand un bruit très léger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit être déguenillé, noir, ébouriffé, dont les yeux creux, farouches et comme suppliants, dévoraient le morceau de pain.

4. Et je l’entendis soupirer, d’une voix basse et rauque, le mot : gâteau ! Je ne pus m’empêcher de rire en entendant l’appellation dont il voulait bien honorer mon pain presque blanc, et j’en coupai pour lui une belle tranche que je lui offris.

5. Lentement il se rapprocha, ne quittant pas des yeux l’objet de sa convoitise ; puis, happant le morceau avec sa main, se recula vivement, comme s’il eût craint que mon offre ne fût pas sincère ou que je m’en repentisse déjà. (C. Baudelaire, Le Spleen de Paris, extraits)