Le discours rapporté sert à rapporter des paroles ou des pensées dans une double énonciation : un énonciateur premier rapporte le discours d’un autre, voire son propre discours.
1 - Les formes du discours rapporté
Le discours rapporté s’insère dans un discours émis par un locuteur : Je me suis dit que vous pensiez toujours à moi. (H. de Balzac)
Il peut prendre plusieurs formes : on distingue le discours direct, le discours indirect, le discours indirect libre. On y ajoute parfois le discours narrativisé qui est un discours résumé, parfaitement fondu dans le récit. Après une conversation savante de deux grandes heures, où pas un mot ne fut dit au hasard, la finesse du paysan l’emporta sur la finesse de l’homme riche, qui n’en a pas besoin pour vivre. (Stendhal)
2 - Le discours direct
Le discours direct, le plus proche des propos censés avoir été tenus, est la forme de base, dont le discours indirect et le discours indirect libre sont des transpositions syntaxiques.
Cependant, le discours direct n’est pas une reproduction fidèle de l’oral. Il « mime » l’oral dont il ne copie pas les caractéristiques (pauses, interruptions...) : Jupiter disait : « Mon fils, je vous trouve léger de nous appeler pour voir ça. » (É. Zola)
Le discours direct est inséré dans un autre discours avec des marques de ponctuation explicites qui soulignent le décalage énonciatif : des guillemets et une phrase introductive qui indique l’énonciateur. Dans un récit, chaque réplique est introduite par un tiret :
− Filons, filons, disait Nana qui était habillée.
Justement, Zoé rentrait, criant :
− Madame, je renonce à ouvrir... Il y a une queue dans l’escalier. (É. Zola)
Le discours direct présente tous les traits linguistiques de l’énonciation de discours : toutes les personnes sont possibles, la 1re et la 2e dominent dans le dialogue ; les temps du verbe s’organisent par rapport au présent, on y trouve tous les types et formes de phrases de l’énonciation directe, notamment l’exclamatif et l’injonctif.
3 - Le discours indirect
Le discours indirect perd son indépendance syntaxique car il est placé dans une proposition subordonnée complément d’un verbe (signifiant « dire » ou « penser »).
Les verbes introducteurs, souvent modalisés, traduisent un point de vue : Elle supposait sans se le dire qu’entre mari et femme il n’y avait pas de plus douces relations. (Stendhal)
La mise en subordination du discours indirect entraine des transpositions de temps et de personnes et des changements de types et formes de phrases. Quand le verbe de la proposition principale est au passé, on doit transposer dans le passé les temps du discours rapporté :
Quand l’interrogation directe est à l’impératif, elle est transposée à l’infinitif après un verbe exprimant l’ordre : Il leur ordonna : « Taisez-vous ! » → Il leur ordonna de se taire.
4 - Le discours indirect libre
Le discours (dit aussi style) indirect libre est un procédé littéraire, qui permet de rapporter les paroles ou les pensées sans rupture énonciative marquée.
Comme le discours direct, il présente des phrases indépendantes, non subordonnées. Il est souvent non démarqué du contexte où il est inséré, sans guillemets ni phrase introductive.
Comme le discours indirect, il comporte des transpositions de temps et de personnes.
Se livrer, sauver cet homme frappé d’une si lugubre erreur, reprendre son nom, redevenir par devoir le forçat Jean Valjean, c’était là vraiment achever sa résurrection, et fermer à jamais l’enfer d’où il sortait ! [...] Il fallait faire cela ! (V. Hugo)
Le discours indirect libre peut passer inaperçu. Il faut donc être très attentif à ses indices (transpositions de temps et de personnes, termes indiquant des paroles ou des pensées).
Je m'entraine
Distinguez les différentes formes du discours rapporté dans ces extraits.
1. Dans l’attroupement, des voix chuchotaient des questions et des réponses :
− Qu’est-ce que c’est que ça ?
− C’est la guillotine qui passe.
− Où va-t-elle ?
− Je ne sais pas. On dit qu’elle va à un château du côté de Parigné.
2. Gauvain méditait. [...]. Le marquis de Lantenac avait eu le choix entre la vie d’autrui et la sienne ; dans cette option superbe, il avait choisi sa mort. Et on allait la lui accorder. On allait le tuer. Quel salaire de l’héroïsme ! (V. Hugo, Quatrevingt-treize)